Depuis sa création, le festival erotico-cinéphile parisien nous invite au contact de séries roses insouciantes ou raretés subversives à questionner notre propre perception de la sexualité. “Notre ambition est de permettre la rencontre autour de ces questions : du sexe, où et comment ? Qu’est-ce que le sexe exhibe de nous-mêmes, des mondes d’hier, d’aujourd’hui et de demain ? Comment s’aimer plus ?” précisent en ce sens les fondatrices Maud Bambou et Anastasia Rachman à travers leur communiqué officiel.
Après la mise à l’honneur du cinéaste polonais Walerian Borowczyk (La Bête) c’est donc la reine Brigitte Lahaie qui cette année a droit à son hommage. Seront à ce titre projetés Les prisonnières de l’île aux rats (le 23 juin à 22:00), Fascination de Jean Rollin (le 25 juin à 22:00) ou encoreLa maison des fantasmes de Burd Transbaree (le 26 juin à 21:30), autant d’occasions d’observer la manière dont l’actrice savait jouer de son corps, de ses formes généreuses comme du mystère qui en est le matriciel excitant libidinal.
L’égérie du libertinage seventies prendra la parole en compagnie de Cédric Grand Guillot, Guillaume Le Disez et Nicolas Lahaye (auteurs deBrigitte Lahaie, Les Films de cultes) et c’est l’un de ses cinéastes fétiches, l’emblématique Gérard Kikoine (dont l’autobiographie Kikobook est encore en vente), qui présidera le jury.
Pourvue de sa blondeur angélique, de sa fausse timidité et de son sourire coquin, Brigitte Lahaie est parvenue au sein du cinéma X de l’ère giscardienne à se démarquer de ses avatars d’outre-atlantique, les iconiques Marilyn Chambers (Derrière la porte verte,) et Linda Lovelace (Gorge Profonde),superstars de l’année 1972. C’est cinq ans plus tard que Brigitte Vanmeerhaegh (de son vrai nom) va rencontrer au fil de l’eau les metteurs en scène qui contribueront à édifier son image de perverse sadique, de rêveuse éveillée émotive et de nymphomaniaque fantasque.
Si Gérard Kikoïne (Parties Fines) et Jean-Marie Pallardy (Le Journal érotique d’une Thaïlandaise) magnifient ses courbes sensuelles, José Bénazéraf (Bordel SS), Jesus Franco (Les prédateurs de la nuit) et Jean Rollin (Les raisins de la mort, Fascination, La fiancée de Dracula) la feront pénétrer de manière plus transgressive au sein d’un cinéma délibérément “bis” et étrange, entre nazisploitation (sous-courant du cinéma d’exploitation) et fantastique lascif, à tendance vampirique.
Plus récemment, en 2004, Fabrice du Weltz lui attribuait dans Calvaire, au gré de courtes apparitions, les oripeaux légers d’une infirmière, femme amoureuse dénudée au gré d’instantanés grivois venus d’un autre temps. Nulle doute que la comédienne s’étendra sur la richesse de cette carrière polymorphe.
Le Festival du Film de Fesses mettra également en exergue la voix des femmes, avec le Fucking in Love de la jeune vidéaste Justine Pluvinage, promenade aux confins de la Grosse Pomme et de la confusion des sentiments, sans oublier l’intriguant documentaire Exotica, Erotica, Etcd’Evangelia Kranioti et le délicatement désuet The Love Witch d’Anna Biller.
Entre occultisme et onanisme, ces fictions semblent s’inscrire dans la lignée des fantasmagories estampillées Brigitte Lahaie, tout en faisant office d’actualisations contemporaines d’une sexualité vintage.
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