La première qualité du film et source de bonheur, est l'association d'André Téchiné le réalisateur de J'embrasse pas et surtout des Roseaux Sauvages (dont je vais revenir) et Céline Sciamma réalisatrice de La Naissance des Pieuvres et des Combattants, cela semblait évident ce rapprochement qu'on est pas surpris de les voir ensemble écrire un film aussi lumineux et rempli de bonheur à chaque image et chaque plan.
Les deux réalisateurs ont la même passion de ces amours adolescents et incandescents , si facile en apparence et si compliqué pour l'aboutissement, comme quoi une passion se fait aussi dans la douleur, avant de s'éprendre durement.
Comme dans chacun des films de nos deux auteurs, on retrouve cette sensibilité avec la nature, dans les Roseaux Sauvages , Téchiné nous montrait son Sud-Ouest aimé avec la grande chance d'avoir trouvé dans un casting sauvage le beau et talentueux Stéphane Rideau, et affirmé à travers ces montagnes son amitié naissante avec Gael Morel, et ici dans cette montagne belle comme en ouvrant la fenêtre tous les matins, qui change au gré des amours de la vallée.
Téchiné nous revient dans un film, ont il connait les ressorts, après cette perdu de mon point de vue, dans des films sur des faits divers, pour lequel il est pas fait, malgré sa patte indiscutable. Téchiné connaît parfaitement le sujet de ses amours adolescents , et pour ceux qui connaissent bien son chef-d'oeuvre Les Roseaux Sauvages, je trouve beaucoup de points qui vont vers la même source.
Dans ces films, il est souvent question de l'armée et de perte d'un être cher, un frère dans les roseaux, un père ici, ou un autre frère venant Manuel Blanc dans j'embrasse pas.
Aussi cette difficulté entre deux êtres qui devraient finir ensemble, entre un hétéro pur comme dans les Roseaux (Rideau) et un puceau (Corentin Fila) dans notre film qui n'a pas encore consommé, trop pris par le troupeau de son père, et dans les deux cas harcelés d'amour, par leurs futurs amants , Gael Morel dans les Roseaux et Kacey Mottet Klein, ici, comme pour le scénario une filiation évidente.
Dans ce film, Téchiné laisse le temps faire son oeuvre, laissant cette histoire d'amour évidente arriver à son terme, car comme dans Beautiful Thing, l'évidence n'est pas aussi simple pour Tom (Corentin Fila) alors que Damien est obsédé par ce garçon sans pourtant avoir franchit facilement le pas, malgré ces rencontres furtives sur Internet (on vit avec son temps comme beaucoup d'adolescents) ou des images pornographiques d'homme également sur Internet, Damien c'est qu'il est gay, mais il veut s'offrir totalement à quelqu'un qui va le brusquer, et il choisit Tom, un métis adopté par des cultivateurs montagnards dans le froid et la neige. J'ai adoré ce regard de Kacey toujours sur le corps de Tom, tout au long du film, comme un loup attendant et reniflant sa futur proie.
Au départ nous somme dans un lycée, ou des adolescents jouent au basket, deux d'entre eux se jaugent, se cherchent et se querellent (pourquoi on ne le sait pas, mais on suppose que l'histoire avait déjà commencé entre eux).
Leur habitude et de se battre tous les jours, , l'un des est particulièrement sauvage, il s'appelle Thomas, il vit à la ferme dans la montagne, il est l'enfant adopté et métisse d'un couple dont l'épouse connaît une grossesse tardive et miraculeuse vu son âge ou peut être .... Elle est suivie par le médecin du village qui n'est autre que la mère de Damien, l'autre adolescent.
Pour faciliter les journées de Tom pendant que sa mère est à l'hôpital, Marianne la mère de Damien décide de recueillir Thomas chez elle, jusqu'à la naissance de l'enfant. Sans le savoir (quoique) elle met les deux adolescents sous le même toit au risque d'affrontement continuel, car Damien en chef de meute provoque Tom pour arriver à ses fins (le mettre dans son lit), les corps se frôlent, s'affrontent car nos deux tourtereaux sont sportifs (Kacey a été gymnaste jeune, et Corentin on sent qu'il fait du sport de combat ou quelque chose de ce genre, les deux garçons sont très physiques et rapprochement leurs corps au maximum, comme une attirance mutuelle.
Damien c'est qu'il est homosexuel, il ne se pose même pas les questions, des posters dans sa chambre de Bowie ou du film C.R.A.Z.Y font admettre l'évidence, mais il ne le vit pas en désespoir, il assume, et quand il a décidé d'une proie, il va l'obtenir. Quand à Tom lui il est dans l'obscurité sur le sujet, il est attiré par Damien, mais dans sa culture personnelle on ne peut pas toucher son corps et surtout par un homme, quel qui soit.
Au milieu de ce combat de coq, ou de cerf pour avoir le dernier mot, Damien devra dire à sa mère qu'il aime Tom, passez en 10 secondes la stupeur de la mère sur son visage, elle change d'expression et admet l'évidence que son fils est différent, mais pas grave, un autre événement plus dramatique va la blesser plus profondément.
Sandrine Kimberlain sublime et lumineuse, d'ailleurs comme la photo du film, toujours plein de soleil et des décors reflétant la nature virale et humaine.
Les saisons se suivent, et si Damien semble obsédé par ce qui lui arrive dans son coeur et dans sa tête, Tom lui n'accepte pas cette situation, comme Rideau dans les Roseaux , ou Manuel Blanc dans j'embrasse pas, la négation avant la vérité.
Kacey Mottet Klein qui joue le rôle de Damien, je l'avais découvert dans le film "Home" un film Suisse assez déjanté (Kacey étant Suisse), puis plus discret dans les films Ma mère et L'enfant d'en haut, je trouve qu'ici il est devenu plus mur et à un jeu plus direct et qui ne tourne pas autour du pot, avec sa tête un peu spéciale (il avait joué Gainsbourg jeune dans le film de Sfar) il pourra et doit obtenir des rôles comme ici direct dans des films de genres par exemple. Je suis sur que ce garçon, que l'on peut voir dans Keeper en ce moment, à un belle avenir devant lui, car il s'exprime bien, à une gueule et joue juste surtout ici dans un rôle casse-gueule, mais joué avec Téchiné pur un adolescent devrait être le Gral.
Pour Corentin Fila, plus de mal au départ, car il n'avait qu'un rôle d'adolescent mal dans sa peau et violent, mais plus il se rapprochait de Damien, plus son jeu devenait juste.
On s'aperçoit finalement que les adolescents vont vivre différemment ce qui va et doit les rapprocher c'est à dire l'amour, et les deux ados vont arriver à leurs fins, dans une double expérience sexuel, habituel chez Téchiné , mais dans cette scène très Hot on sent la patte de Céline Sciamma, chacun prouvant à l'autre qui est le mâle, comme dans la nature. Mais même cette scène ne vas pas les adoucir, et Tom va encore avoir des problèmes d'adolescents se refusant à admettre.
Téchiné, nous offre des photographies de la vie d'adolescents comme des instantanés d'une rencontre impossible au départ et qui se finalisera dans une nouvelle saison, comme la naissance des amours dans la nature.
Mais quand on a 17 ans , on a toute la vie devant soi, et cet amour ne marche pas il y aura d'autres, Damien sur avec un autre homme, Tom avec quelqu'un qui le comprendra, mais la vie est belle et elle mérite de l'aimer.
Quand on 17 ans est un film sublime, lumineux, un des meilleurs films de Téchiné , dans la lignée évidente des Roseaux Sauvages, avec un zeste de ces autres films, heureux d'avoir retrouvé le grand réalisateur qu'il est.
Avec des acteurs formidable, le lumineux et l'obsédé Kacey Motte-Klein , de l'ombrageux Corentin Fila, de Sandrine Kimberlain qui peut passer de la comédie au rôle d'une mère compréhensive et belle comme une image d'Epinal et les deux pères (Alexis Loret et Jean Fornerod) parfait dans l'appoint.
Un grand moment de cinéma, le meilleur film français de cette année pour le moment.
Quand on a 17 ans est aussi un film qui montre la différence d'appréciation des adolescents devant leurs désirs de sexualité, homosexuelle dans ce cas, à la différence des Roseaux Sauvages ou les personnages étaient dans le non-dit et cachait leurs pulsions, ici on montre encore un jeune jouant à cache-cache avec son entourage (vache comprise lol) alors que Damien grâce ou à cause des réseaux sociaux vit ses pulsions entre intérim et réel, jusqu'au jour ou l'amour frappe à la porte. Ce sont des films à montré aux adolescents qui sont bourrés de complexe et de peur d'être ce qu'ils sont, et pour éviter que ces jeunes aillent dans des associations comme "le Refuge" qui comme Les Restos du Coeur, on sera comptent qu'il n'existe plus, cela voudra dire que cela va mieux et que des mères ou des pères comme Marianne, existe dans ce bas monde.
Est-ce qu'on est sérieux quand on a 17 ans, on pourrait citer Platon, Rimbaud et Barbara Samson pour en comprendre son sens. La note de 17.00 comme on a 17 ans (oh que c'es loin) était une évidence à partir du moment que le film était réussi.
Note : 17.00
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : André Téchiné
Scénario : André Téchine et Celine Sciamma
Producteur : Olivier Delbosc et Marc Missionier
Coiffeur : Jean-Jacques Puchu
Régisseur Général : Bruni Bernard
Son : Daniel Sobrino
Scripte : Claudine Taulère
1er Assistant Réalisateur : Michel Nasri
Directeur de Production : Bruno Bernard
Casting : Nicholas Ronchi
Décor : Olivier Radot
Montage : Albertine Lastera
Photographie : Julien Hirsch
DISTRIBUTION
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