J'avais un peur de voir ce film je le reconnais , et pour
plusieurs raisons débiles, parce que Julien Abraham avait réalisé cette année
Made in China, je pensais un ersatz de Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu (Il
faudra que j’aille le voir finalement) mais j'avais oublié qu'il avait réalisé
aussi le joli film La Cité en Rose et pour m'enterrer un peu plus avec à la
tête du film un rappeur MHD qui est en ce moment dans de graves ennuis
judiciaire , 1- le garçon a un talent fou et sur scène et sur écran 2 - avant
de juger (et qui je suis d'ailleurs pour juger) on va attendre la fin de cette
affaire.
Il est vrai aussi que voir des adolescents en difficulté
dans des centres, on avait déjà vu avec les excellents la Tête Haute avec Rod
Paradot et La Prière avec Anthony Bajon, deux excellents acteurs et sympa de
surcroit révélés par ce type de film, donc cela me faisait un peu peur, et bien
toutes ces craintes se sont envolées dès les premières secondes du film (avec
un titre formidable "Mon Frère" quand on comprend le film jusqu’au
bout).
Teddy (MHD) est un garçon sans histoire, et ce qui va lui
arriver devrait nous interroger, il est suspecté d'avoir voulu protéger son frère Andy
(Yousouff Geye) d'un père trop violent, il se voit accusé du meurtre de son
père et est envoyé dans un centre Centre Educatif Fermé (CEF), dans l'attente
de son procès pour parricide. Il plonge alors dans un univers brutal dont il ne
connaît pas les règles. Il fait la connaissance d'Enzo (Darren Muselet), le
caïd du centre. Après une période d'affrontement dur avec d'autres Caïd dont Mo
(Najeto Injay), Unsal (Hakou Benosmane déjà vu dans Mauvaises Herbes de
Kheiron), Moïse (Didier Michon) Vélo (Bilal Benaissa) tout aussi violent,
vulgaire, impoli et désobéissant à tout ordre, montrant plus les poings que
encouragements.
Teddy et Enzo vont se rapprocher surtout quand Enzo est
devenu la tête de turc pour des raisons sexuelles, leur amitié va leur
permettre de déjouer le destin qui leur était promis.
Tout ce groupe est suivi et encadré par des éducateurs,
assistante sociale, psy Claude (Aïssa Maiga) Igor (Jalil Lespert) Mme Miroum
(Hiam Abbass) et Papou à qui on l'a fait pas vu sa taille (Almany Kanoute) tous
il est vrai dans l'ombre des jeunes comédiens, mais tous parfait ne tirant pas
la couverture à eux, et cela aussi amène un ton parfait.
Comme Enzo, Teddy sera initié à la psycoboxe afin de faire passez ses nerfs.
Les CEF dont on parle dans le film et qui ont mauvaise
réputation par le palmarès de leurs occupants a été créé en 2002 par la loi
Perben avec le placement de 8 à 12 mineurs (respecté ici) placé par un magistrat
compétent. Le placement dure 6 mois, renouvable une fois, le centre n'est pas
une prison mais un lieu de résidence (loin des centres de redressement du temps
passé) la seule règle, respecté les règles, mais les leurs individuels, mais
celles du centre et du vivre ensemble, et il est certain qu'avec des garçons ce
n'est pas facile, violence physique, verbal, coup, humiliation, viol que subira
le pauvre Enzo.
Le réalisateur a réussi, à donner un rythme soutenu à son
histoire sans allez dans le pathos ou le redondant, essayant de comprendre et décrypter
ces ados sous le sang et qui à tout moment peuvent exploser en plein vol.
La fin du film quand les deux jeunes s'enfuient du centre
semblent un peu moins réussi (quoique) dans la lignée de Roads, mais il va
faire apparaitre à travers le flash-back la réalité du titre du film.
Comme je l'ai dit les adultes réussissent à s'effacer efficacement
pour rendre plus vrai la performance de ces jeune acteurs tout saisissant de
vérité mais c'est les deux jeunes héros qui soulèvent des montagnes , en
premier MHD (Mohamed Sylla également producteur du film) star du Afro-Rap et
habitant de ce fameux quartier du 19ème à Paris, montre un talent surprenant
pour un premier film, articulant plus que bien (défaut du cinéma français
venant de la télé) et on verra pour lui ce que la suite donnera avec son
affaire. Mais la révélation du film est Darren Muselet dont c'est le premier
film et qui démontre une force et une présence incroyable à l'instar de Paradot
dans un rôle compliqué car ambigu.
On verra si ce dernier, dont je suis sûr qu'il sera une
des révélations de l'année, à plus de talent qu'un rôle de brute car on va le
voir dans deux films déjà dans Une Jeunesse Sauvage de Frédéric Carpentier et
surtout Hors Normes de Toledano et Nakache qu'on va beaucoup entendre parler
sur l'autisme.
Pour conclure, Julien Abraham à un fait un nouveau joli
film, plein de puissance, sans morale a deux balles et qui montre qu'il a un
sacré avenir. Une pépite et un Coup de Cœur.
NOTE 15.30
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Julien Abraham
Scénario : Julien Abraham, Jimmy Laporal-Tresor Almay Kanoute, Nicolas Peufaillit, Helène Tolède-Couronne
Musique : Quentin Sirjacq
Production : Sadia Diawara, Nicolas Blanc, Thibaut Abraham, Adel Kaddar, Mohamed Sylla et Miguel Teixeira
Costumes : Elisa Ingrassia
Assistant Réalisateur : Victoire Gounod
Décors : Julia Lemaire
Montage Riwanon Le Beller et Scott Stevenson
Photographie ; Julien Meurice
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