On a toujours peur ,
quand un film reçoit tous les hommages et les honneurs du cinéma dans le monde,
comme la majorité des spectateurs, ayant peur d'être et cela m'arrive souvent
de me perdre dans ce torrent d'éloges , et bien il faut dire qu'ici je ressort
avec la même impression que mes voisins de fauteuils, sauf quelques aigris qui
pensent encore que le cinéma n'est pas aussi l'imagination d'un auteur et d'un
réalisateur, peu importe d'ailleurs qu'on le soupçonne de plagiat non pas dans
l'ensemble, mais dans quelques scènes du film.
Oui dans La Forme de l'Eau il y a probablement des hommages
à des films comme E.T (sauvé la créature des méchants), Splash (aimer un amour
impossible, mais prendre la décision pour sauver la belle) ou bien sur et
surtout La Belle et la Bête de Cocteau (plus que Disney d'ailleurs) ou on
imagine bien Jean Marais dans le corps de la créature amphibie. Mais le cinéma
est toujours à perpétuel hommage aux anciens et Del Toro si tendait que ce soit
le cas, n'est pas le premier.
Mais ici on est aussi dans l'aspect de films comme Edward aux
Mains d’Argent, les branchies remplaçant les ciseaux, mais l'amour est toujours
présent.
Notre héroïne Eliza (Sally Hawkins) travaille dans un
sous-sol bétonné d'un grand centre de recherches avec sa copine Zelda (la
toujours pétillante Octavia Spencer) sous les ordres d'un tortionnaire avec ses
employés comme avec le reste des êtres vivants Richard Strickland (Michael
Shannon, il sourit toujours pas) faisant le ménage et nettoyant sang et matière
gluante qui gît dans ce laboratoire, on a dans cette expression la bassesse de
la classe sociale telle que la voit les blancs de cette époque (quoi que
aujourd'hui). La pauvre ne voit jamais le soleil, pas de plan de ce type,
toujours dans un monde à part souterrain au service des autres et de la
science.
Et dans cet espace clos qu'elle va rencontrer un amphibien
ramené d'Amazonie par des savants pour l'étudie comme King Kong (oui encore des
références) joué par l'étonnant Doug Jones ou notera derrière ce corps remplis d’écailles,
une gestuel parfaite qui fait qu'on y croit.
Et dans la première heure du film, les deux vont apprendre à
se rapprocher, à se connaitre, il n'y a pas encore d'amour entre eux, non pour
Eliza elle a le souci de sauver cette créature qui va être traité comme un
moins que rien, à condition d'être accepté, l'allégorie avec les migrants
mexicains chère à Trump n'est pas innocente du tout.
Eliza aidé de Zelda et surtout de Giles un professeur un peu
huluberlu va décider de faire évader l'amphibien pour qu'il puisse retrouver au
moment de la marée haute, l'eau qui va le sauver, car dans sa cage de fer et d’eau,
menottés comme un esclave, il ne peut survivre plus longtemps, loin de chez soi
(comme E.T) ou loin des éléments nécessaires (comme Splash) point de survie et
il faut que quelqu'un d'assez raisonnable puisse prendre des décisions
différentes du pouvoir et des autorités.
Pendant qu'Eliza essaie de faire aboutir son projet,
Strickland joue double jeu dans sa société jouant avec les gros bras avec des
espions russes voulant certainement la créature pour les expériences.
Oui le film est un hommage au cinéma, a tous les cinémas, on
voit plusieurs fois dans le film des extraits de feuilleton de l'époque (Ted le
cheval qui parle) ou des comédies musicales (comme Shirley Temple) on verra à
la manière d'un La La Land , ou la valse de La Belle et la Bête un passage
dansé entre notre créature et Zelda, pas obligatoirement la meilleure idée du
film, également la présence imposante de ce cinéma qui fait rêver notre
amphibien.
Et puis le film va basculer dans la grande histoire d'amour
impossible entre deux êtres aussi perdus l'un que l’autre, Eliza va se
rapprocher de la créature et Del Toro va filmer cela avec grâce et poésie,
comme toutes histoires d'amour impossible et interdite pour les bonnes
consciences, il y a du Harold et Maude, du Cocteau bien sûr, les amours interraciales,
les amours LGBT, Del Toro filme cette allégorie de l'amour comme un conte fantasmagorique
le plus inattendu.
Outre ces grands thèmes ; Del Toro nous offre des décors
somptueux et des effets visuels plus que spéciaux simple mais tellement
efficace, nous faisant rêver dans ce conte fantastique, et que dire de la
musique d'Alexandre Desplat, tellement en osmose avec l'univers du réalisateur,
et qu'elle bande originale avec La Javanaise de Gainsbourg chantée par la
chanteuse de Jazz de Madeleine Peyroux.
Dans le film j'ai un faible pour le personnage de Giles joué
admirablement par Richard Jenkins.
Del Toro retrouve la forme et le fond du Labyrinthe de Pan,
mais moins corrosif que l'Echine du Diable. La fin nous plongera dans la fusion des corps et des sens.
Je pense que Del Toro aura l'Oscar du Meilleur Réalisateur,
même avec ces histoires de plagiat, mais pas celui du Meilleur Film, car pas
dans l'air du temps pour les votants.
NOTE : 17.30
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Guillermo Del Toro
Scénario : Guillermo Del Toro et Vanessa Taylor
Musique ; Alexandre Desplat
Production ; Guillermo Del Toro et J.Miles Dale
Photographie ; Dan Lausten
Cadreur : Gilles Corbeil et J.P Locherer
Costumes : Luis Sequeira
1er Assistant Réalisateur : Pierre Henry III
Directeur de Production : Dennis Chapman
Casting : Robin D.Cook
Décors : Paul D.Austerberry
Directeur Artistique ; Nigel Churcher
Montage : Sidney Wolinsky
Photographie ; Dan Laustsen
Montage Son ; Jeffrey A.Melvin et Nathan Robitaille
Effets Visuels ; Nelson Ferreira
Coiffure : Paula Fleet
Maquillage : Jordan Samuel
DISTRIBUTION
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