Alain Berberian est mort à l’âge de 63 ans, le mardi 22
août, a annoncé son agent dans la nuit de mercredi à jeudi. Hospitalisé
récemment, l’homme d’origine arménienne et que l’on disait discret, est mort de
maladie. Il avait réalisé une poignée de comédies populaires comme La Cité de
la Peur, Le Boulet, ou L’Enquête Corse.
Alain Berberian est né à Beyrouth en 1953, d’un père arménien
et d’une mère grecque – son frère Charles, de six ans son cadet, est devenu,
lui, auteur de bandes dessinées. Venu en France pour ses études, il entre à
Canal+ comme monteur à la fin des années 1980, où il fait la connaissance
d’Alain Chabat, de Chantal Lauby et de Dominique Farrugia. Devenu le
réalisateur attitré des Nuls pour trois séries d’émissions (ABCD Nuls,
Histoire(s) de la télévision, Les Nuls, L’émission), il se voit confier par le
trio comique la réalisation de leur long-métrage, La Cité de la Peur, en 1994.
Propulsé ainsi dans le grand bain du cinéma il y endossera plus ou moins
consciemment le rôle d’ambassadeur de ce qui était convenu d’appeler l’esprit
Canal.
Devenue instantanément culte auprès d’une génération
biberonnée à l’humour des Nuls, La Cité de la peur, satire délirante du milieu
du cinéma dans laquelle les crimes d’un tueur en série hystérisent l’obscénité
du festival de Cannes, restera son plus grand fait d’armes. Elle donne le « la
» d’une carrière de technicien honnête, essentiellement dévolue à
l’accompagnement de projets d’acteurs, de scénaristes, de producteurs. D’un
film à l’autre, on peut toutefois y déceler, sinon une unité, du moins
l’expression d’un désir de renouvellement de la comédie française qui porte en
germe la transformation à venir du genre sous l’influence conjointe de la
télévision française et du cinéma américain.
Le scepticisme exprimé par les producteurs de La Cité de la
peur à la lecture du projet dit assez bien la nouveauté que constituait alors
ce cocktail improbable d’humour outrancier, de scénario à sketches, d’effets
spéciaux bricolés, de caméos de stars, qui n’a cessé d’infuser depuis la
comédie française. Avec Paparazzi, son deuxième film, le réalisateur change
quelque peu de registre, mais confirme son envie de chercher des modèles de
l’autre côté de l’Atlantique. Comédie d’observation finement documentée, le
film réunit Vincent Lindon, dans le rôle d’un paparazzi de haut vol, et Patrick
Timsit dans celui d’un supporter du PSG propulsé malgré lui dans le monde du
show-biz.
Après une incursion peu concluante dans le thriller (Six
Pack, avec Richard Anconina, Frederic Dieffenthal, Chiara Mastroianni, 2000),
Alain Berberian revient à la comédie mais sur un mode plus franchouillard,
moins inspiré. Dans Le Boulet (co-réalisé avec Frédéric Forestier) il tente de
muscler le vieux motif du tandem désaccordé (Gérard Lanvin dans le rôle d’un
prisonnier en cavale et Benoît Poelvoorde dans celui du gardien de prison) à
coup d’effets spéciaux et de scènes d’action spectaculaires. Il réalisera
encore deux films : L’Enquête Corse, adaptation de la bande dessinée de
Pétillon initiée par Christian Clavier, qui reforme pour l’occasion son duo
avec Jean Reno. Et L’île aux trésors, variation sur le roman de Robert Louis
Stevenson avec Gérard Jugnot, Alice Taglioni et Jean-Paul Rouve.
FILMOGRAPHIE
- 1989 : ABCD Nuls (mini-série télévisée)
- 1990 : Histoire(s) de la télévision (mini-série télévisée)
- 1990 : Les Nuls, l'émission (émission TV humoristique)
- 1994 : La Cité de la peur
- 1998 : Paparazzi
- 2000 : Six-Pack
- 2002 : Le Boulet
- 2004 : L'Enquête corse
- 2007 : L'Île aux trésors
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