L'actrice Géraldine Danon se souvient de cette phrase qu'il répétait : « Je suis un grand désespéré, mais avec un formidable espoir de vie. » Jacques Penot est mort à 57 ans. Son cœur qui lui avait déjà joué des mauvais tours a fini par lâcher, le mercredi 25 janvier.
C'est au flair de Robert Hossein que Jacques Penot devait sa carrière. A l'époque, le jeune Breton est photographe à Voile et voiliers, un magazine pour les passionnés de la mer. Le metteur en scène décide d'en faire son héros dans Les hauts de hurlevent. Nous sommes en 1979. Jacques a tout juste 20 ans et la beauté du diable. Très vite la presse et le métier s'emballent. Il devient l'acteur sur lequel on mise. En 1984, il est nommé pour le César du Meilleur espoir masculin grâce à son rôle dans Au nom de tous les miens, de Robert Enrico, avec Michael York et Brigitte Fossey. Il y joue Martin Gray jeune.
Jacques Penot va donner la réplique à tous les plus grands au cinéma, d'Annie Girardot à Claude Brasseur, en passant par Philippe Léotard ou Bruno Cremer. La télé s'intéresse très rapidement à lui. Il joue dans Navarro, Julie Lescaut, Les cordier, juge et flic, mais aussi Sandra princesse rebelle (balafré, en costume blanc sur la photo). Mais cette célébrité, loin de le rendre heureux, révèle des fêlures. Sous les projecteurs, son sourire se lézarde. « C'était un acteur de la trempe des Dewaere, nous confirme Géraldine Danon, il était fragile. »
Jacques Penot ne veut plus faire partie du système. Tout ce jeu de rôles, cette « société du spectacle » mise à l'index par Guy Debord, il n'en veut pas. Il décide de mettre les voiles dans les années 2000. Il épouse Isabelle Bich, la fille du baron Bich (créateur du célèbre stylo Bic) que lui présente un jour Géraldine Danon, et prend le large. Voyage. Peint. La toile devient un exutoire à son mal-être et sa peinture est intranquille,"Un peu comme celle de Bacon", précise l'actrice. Elle nous glisse que c'est également grâce à Jacques qu'elle rencontre Titouan Lamazou qui sera le père de son fils Loup.
Ces dernières années, l'acteur avait perdu des proches. La mort a commencé par emporter Isabelle Bich, puis Florence Arthaud, avec laquelle il était très complice… Jacques Penot était un homme sans armure. Les orages de la vie, il les prenait de plein fouet.
FILMOGRAPHIE
- 1982 : Guy de Maupassant de Michel Drach, avec Claude Brasseur
- 1982 : On s'en fout, nous on s'aime de Michel Gérard
- 1982 : Le Crime d'amour de Guy Gilles, avec Macha Méril et Richard Berry
- 1983 : Au nom de tous les miens de Robert Enrico, avec Michael York et Brigitte Fossey : Martin Gray jeune.
- 1984 : Rosette prend sa douche, court métrage de Rosette avec Arielle Dombasle
- 1984 : Le Matelot 512 de René Allio, avec Dominique Sanda et Bruno Cremer
- 1985 : Charly, court métrage de Florence Strauss, avec Kristin Scott Thomas
- 1985 : Derborence de Francis Reusser, avec Isabel Otero
- 1985 : Adieu blaireau de Bob Decout, avec Philippe Léotard et Annie Girardot
- 1985 : Diesel de Robert Kramer, avec Gérard Klein
- 1985 : Strictement personnel de Pierre Jolivet, avec Pierre Arditi
- 1985 : Bâton Rouge de Rachid Bouchareb, avec Pierre-Loup Rajot
- 1986 : Sarraounia de Med Hondo, avec Féodor Atkine
- 1987 : Sale Destin de Sylvain Madigan, avec Victor Lanoux
- 1987 : Le Cri du hibou de Claude Chabrol, avec Christophe Malavoy et Mathilda May
- 1987 : Les Nouveaux Tricheurs de Michael Schock, avec Fiona Gélin
- 1988 : La Main dans le chapeau de Frédéric Demont, avec László Szabó
- 1988 : Les Portes tournantes de Francis Mankiewicz, avec Miou-Miou
- 1989 : Jour après jour d'Alain Attal, avec Jeanne Moreau et Gérard Blain
- 1989 : Après la pluie de Camille de Casabianca, avec Étienne Chicot
- 1991 : Milena de Véra Belmont, avec Valérie Kaprisky, Stacy Keach et Gudrun Landgrebe
- 1991 : Catorce estaciones d'Antonio Giménez Rico, avec Géraldine Danon
- 1992 : Ma sœur, mon amour de Suzy Cohen, avec Ann-Gisel Glass, Cris Campion et Anémone
- 1992 : El largo invierno de Jaime Camino, avec Vittorio Gassman, Jean Rochefort et Elizabeth Hurley
- 1992 : Bezness de Nouri Bouzid, avec Abdellatif Kechiche
- 1993 : Pas d'amour sans amour ! d'Evelyne Dress, avec Patrick Chesnais, Jean-Luc Bideau et Gérard Darmon
- 1994 : Néfertiti, la fille du soleil de Guy Gilles, avec Ben Gazzara
- 1996 : Pas perdus, court métrage d'Olivier Coussemacq
- 1998 : Le Comptoir de Sophie Tatischeff, avec Mireille Perrier
- 1999 : Fait d'hiver de Robert Enrico, avec Charles Berling et Jean-François Stévenin
- 1999 : Lettre à mon frère Guy Gilles, cinéaste trop tôt disparu, documentaire de Luc Bernard
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