La Nuit blanche a de l'avance et les adeptes de la «nanarophilie» sont en émoi. Le Grand Rex, à Paris, accueille samedi la deuxième Nuit Nanarland. Douze heures réjouissantes de grand-guignol et l'occasion de découvrir de précieuses pépites.
Les inconditionnels des «mauvais films sympathiques» ont de quoi se réjouir: samedi, la Nuit Nanarland revient pour une deuxième édition qui s'annonce explosive. Au programme: quatre nanars sortis de derrière les fagots, des bandes-annonces pétulantes, des extraits navrants et autres surprises du même acabit. Une soirée déjantée concoctée par l'équipe de Nanarland et animée par Jean-François Rauger, critique de cinéma et directeur de la programmation de la Cinémathèque française.
À l'origine, la soirée, baptisée «Nuit excentrique» se produisait à la Cinémathèque. Mais devant le succès, l'événement a changé de nom en 2016 et a pris ses quartiers dans la mythique salle des Grands Boulevards qui dispose d'une capacité d'accueil plus importante (2800 places).
«Le double maléfique du chef-d'œuvre»
Qu'est-ce qu'un nanar, cet objet filmique non identifié? «C'est un film qui rate tellement ses objectifs qu'il en devient comique à ses dépens», explique Régis Brochier, cofondateur du site nanarland.com. «Par essence, c'est un accident, car le nanar n'est jamais volontaire. Il est, en quelque sorte, le double maléfique du chef-d'œuvre en ce qu'il est tout aussi rare et précieux», raconte le cinéphile. Attention donc à ne pas confondre. Le nanar, aussi mauvais soit-il, est donc une œuvre manquée qui prête au rire tandis que le navet n'apporte rien d'autre qu'un ennui profond.
Il faut être honnête, tout le monde n'est cependant pas sensible aux charmes d‘un genre qui s'adresse d'abord aux connaisseurs. Programmer un nanar pour une soirée galante, c'est prendre un risque inconsidéré. Le second degré n'est pas la chose la mieux partagée au monde. «Le public de Nanarland a entre 20 et 40 ans et est plutôt cinéphile, souligne Régis Brochier. Une cinéphilie “déviante” certes, qui possède les références nécessaires pour comprendre ce qui peut être considéré comme drôle dans ces films.» Dans les nanars, les ressorts comiques viennent effectivement de plusieurs choses, du scénario ou des dialogues, d'acteurs particulièrement mauvais ou mal dirigés, d'effets spéciaux grandiloquents, de cascades improbables ou encore d'un «montage cut» du plus mauvais goût.
Cela dit, ces films font souvent preuve d'une ingéniosité captivante, «fascinante», même, selon Brochier qui juge que devant un nanar «on est constamment étonné de ce que l'on voit, ces films ne sont pas prévisibles du tout».
Le programme de cette deuxième édition est, cela va de soi, des plus éclectiques. La soirée commence avec Dangerous Men, curieux nanar américain, relativement méconnu, sur lequel son réalisateur John Rad (aka Jahangir Salehi Yeganehrad) a planché pendant vingt ans. Il sera suivi de Mega Force, qui, à l'inverse, est une des valeurs sûres du nanar mainstream. La superproduction sortie en 1982 est adorée notamment des créateurs de South Park. Ce Mad Max factice et de mauvais aloi, avait été doté d'un budget de 20 millions de dollars, ce qui en a fait l'un des tout premiers blockbusters modernes. Ce sera finalement un accident industriel des plus incroyables. Black Roses, monstrueux nanar à la sauce heavy metal, sera diffusé en 35mm: l'occasion d'un détour nostalgique vers la pellicule. Enfin, le nanar turc Tarkan contre les Vikings, avec son poulpe géant en papier mâché et ses costumes viking disco, saura satisfaire le plus exigeant des publics. «Les films turcs constituent une catégorie à part dans le monde du nanar», souligne le site nanarland.com. Vous voilà avertis.
Quiz, bandes-annonces épiques, extraits de choix, dans une ambiance que l'on imagine survoltée... La soirée promet réserve de nombreuses surprises. Ce qui n'est pas pour déplaire à Jean-François Rauger qui juge que «le véritable spectacle est dans la salle».
Samedi 23, à 20 heures, au Grand Rex (IIe arrondissement) - tarif unique de 20 euros.
Source / Le Figaro.com
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