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dimanche 24 septembre 2017

LA CENSURE EXISTE ENCORE EN FRANCE ET ENCORE PLUS A SENLIS

Cachez cette affiche que je ne saurais voir… A Senlis (Oise), une pancarte du dernier film d’André Téchiné, « Nos années folles », a provoqué l’ire d’une association catholique, en charge de la gestion de l’école primaire Notre-Dame. Estimant qu’elle pouvait « heurter la sensibilité » des enfants de l’établissement attenant, elle en a exigé le retrait.
« Comme d’habitude, nous avons changé mardi soir l’affiche accrochée au coin de la rue pour y mettre le nouveau film de la semaine », raconte Marilke Fleury, responsable d’exploitation du cinéma Jeanne-d’Arc. Programmé dans la salle obscure de ce petit établissement de centre-ville, « Les années folles » raconte l’histoire d’un déserteur français durant la Première Guerre mondiale. Pour éviter d’être repris et renvoyé au front, il se fait passer pour une femme avec l’aide de son épouse. Sur l’affiche, donc, une femme et un homme travesti s’enlacent.

« Nous avons reçu des coups de téléphone jeudi de la part de parents d’élèves de l’école pour nous demander de retirer l’affiche, reprend Marielke Fleury. Nous avons évidemment refusé, nous ne voulions pas céder à cette censure. De plus, cette image n’a provoqué aucune polémique ailleurs, ni créé de débat. Nous n’avions aucune raison de le faire. »

Selon la responsable du cinéma, c’est le travestissement de l’acteur qui pose problème. Du côté de l’Organisme de gestion des écoles paroissiales de Senlis (Ogeps), à l’origine des plaintes, on dit avoir seulement joué « un rôle de médiateur ». « Nous avons simplement voulu relayer au président du cinéma les retours de parents. Ils estimaient que l’emplacement de cette affiche, devant laquelle de nombreux enfants en bas âge passent, n’était pas adapté », précise le président de l’association, Alain de Beauvais. Inadaptée pour quelle raison ? « Je ne sais pas… » élude-t-il.
La réaction du conseil d’administration du cinéma a été à la hauteur des espérances des parents d’élèves. Dominique David, son président, a demandé le retrait immédiat des affiches, « afin de conserver la bonne entente dans le voisinage », a-t-il argumenté auprès de Marielke Fleury. Contacté, celui-ci a refusé de s’exprimer.
Pas de quoi, pour autant, décontenancer cette dernière. Qui a continué à refuser de retirer l’affiche. Le président du cinéma aurait alors dépêché un membre du conseil d’administration afin qu’il s’en occupe lui-même. « Une personne est arrivée Ce vendredi et nous a demandé la clé de l’encadrement. Il n’est jamais revenu. Et il ne nous a rendu ni la clé, ni l’affiche. C’est terrible d’en arriver là et de céder à cette pression. » A la place, Marielke Fleury et sa sœur, caissière principale, ont donc accroché une phrase laconique : « Affiche censurée par l’Ogeps ».
Depuis, la riposte s’organise sur les réseaux sociaux. Les deux sœurs ont posté leurs mésaventures. « On sait qu’on va nous tomber dessus », souffle Marielke Fleury, consciente de jouer son poste. En attendant, elles peuvent compter sur le soutien de leurs habitués, nombreux à les défendre.



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