À partir du moment où elle est reconnue, l'absurdité est une passion, la plus déchirante de toutes (Albert Camus)
Et bien non, l’absurde,
l’irrationnel ne doit pas être mis au banc de la société, ouvrons les yeux,
aérons notre cerveau et évitons le formatage qui ont fait les mauvaises heures
de notre histoire, passons au-dessus de la censure, et voyageons quelques
instants dans l’esprit d’Alfred (Jack Servoz) en tous cas jusqu’à la salle d’attente
d’un aéroport parisien.
Aux Chiottes raconte l’histoire
d' Alfred, artiste peintre constipé, en transit dans un aéroport parisien. Il
est usé, il ne peint plus, au grand désarroi de son manager (Matthieu Moerlen)
qui se ronge les ongles du manque d’implication de son poulain, pour qu’il
peigne une nouvelle toile (l’appât du gain, plus que de l’œuvre en
soi-même) et également de sa jeune copine qu’il trimballe comme un trophée (l’Ours
et la Poupée). Ce trio ne va pas être invisible longtemps dans cet aéroport faisant le
bonheur ou la stupeur des autres voyageurs en transit.
Alfred va alors se
réfugier dans les toilettes, autant pour être tranquille que vouloir déféquer,
d’où l’avantage d »’avoir des toilettes dans les aéroports (sinon imaginez-vous),
ou coincer entre des rouleaux de papiers culs roses (pourquoi rose mystère, un
signe politique ?) Alfred va avoir une vision qui va lui permettre de
remettre la main à la pâte, mais quand on n’a pas de pinceaux on fait avec les
moyens du bord.
Non Alfred, ne va pas utiliser
son zizi comme Brent Ray Frazer, mais ses mains et son cerveau pour réaliser
une œuvre plein de jets, de spasmes, de fulgurance artistique à l’aide de peu d’éléments
en sa possession, comme des produits ménagers, du papier cul ou surtout du savon
du distributeur, et va essayer si on l’emmerde pas de construire son œuvre.
Je vous le garant,
vous ne regarderez plus un distributeur de savon comme auparavant, quand vous
en rencontrez un, du savon qui ne colle pas à la peau d’Alfred, mais glisse aux
pays des merveilles.
Matthieu Moerlen est
un prince de l’absurde assurément et c’est de petite chose il en fait un grand n’importe
quoi d’irrationnel, qu’on ne peut prédire à l’avance dans la tête de ce grand
cerveau malade.
Matthieu même avec son
talent de l’absurde comme il le montre sur la toile avec ces pastilles de la
Web Série « La vie absurde de deux connards » (que je vous conseille
vivement pour vous dilater la rate, un petite pastille le matin avant le boulot
va vous éclaircir la tête pour la journée) qu’il concocte avec son fidèle
destrier Joachim Delmotte (et destrier n’est pas une insulte, car Don Quichotte
sans Sancho Panca ne serait pas ce qu’il est à vouloir comme un con, chassez
les moulins à vents, oui l’absurde et la connerie ne date pas d’hier)., a ici l’intelligence
de laisser Jack Servoz lui servir un moment de folie qui correspond bien au
personnage, car on a l’impression de loin, que Matthieu laisse le champ libre au
personnage qu’il a créé soit, mais qui donne sa pleine mesure dans les mains de
Servoz.
Puis quand Alfred sort
de ces toilettes, ou finalement il n’a pas déféqué, Matthieu reprend la main,
avec une scène irréaliste dans le commissariat de l’aéroport, ou son manager
est interrogé par l’élite (ou plutôt les litres) de la Police Nationale (avec l’accent
du Sud), ou Alfred à côté pourrait passer pour un intellectuel, on repasse dans
la loufoquerie après ce moment de tendresse dans les toilettes, je croyais
jamais écrire qu’on avait de la tendresse en allant aux toilettes.
Toilettes non plutôt
aux chiottes, comme souvent aux unes de Charlie Hebdo, dont Matthieu est un
digne héritier.
Récemment j’ai vu un
film « Swiss Army Man » qui pourrait être tourné par Matthieu, ou l’absurde
est de la première image à la dernière, présente comme l’univers du cinéma de
notre petit Suisse préféré, enfin petit pas vraiment, en haut de ces 1m90 et
ses flocons de neige, Matthieu a plus le loisir de survoler la connerie humaine
et d’en faire son déjeuner quotidien.
Jack Servoz l’artiste
du film vous connaissez pas et bien je ne suis pas sûr, il y a des personnages
comme Servoz qui quand on les croise on ne les oublie pas, ce qui d’ailleurs
est arrivé aux deux compères ici, qui se sont rencontrés dans la rue par hasard
(si on croit au hasard).
Jack Servoz est un
peintre, danseur et poète français et breton qui sillonne les galeries d’arts
de Paris et de France depuis des années amenant sa poésie et sa colère dans ses
œuvres sur la toile, où il rencontrera dans sa carrière et ses virées nocturnes
des gens aussi importants qu’Aragon, Vittez, Maurice Béjart Noureïev, Bob
Wilson ou Franco Zefirreli, lui le grand fan de Bacon ou Basquiat.
Servoz fait partie de
ces personnes indispensables à la vison d’une autre culture que la soupe fade
que l’on nous sert souvent.
Servoz formidable et
sympathique artiste est aussi le papa d’un jeune mannequin célèbre Willy
Cartier que l’on peut voir sur les rings de Gauthier, Lagerfeld ou Chanel ou
dans les clips de Woodkid, Shy’m et Souchon.
Aux Chiottes, est très
bien filmé comme tous les films de Matthieu et c’est déjà un plus, pas de
caméra hésitante, tout sont est millimétré avec toujours une bande musicale à hauteur
de l’œuvre.
Assez incroyablement,
La production du film a eu l’autorisation de la direction des Aéroports de
Paris de filmer à l’intérieur des lieux, ce qui est un grand coup quand on connait l’Etat d’Urgence en place en France.
Bon il est vrai, on
voit pas d’avion dans le film, mais je pense que c’est un problème de droit d’image
de ces starlettes de carlingues, mais bon comme l’équipe n’avait pas les moyens
de construite un aéroport, la gentillesse de la direction a permis à Matthieu
de développer son délire.
Je ne sais pas contre
si la scène des toilettes a été tournés là-bas, scène incroyable car filmé dans
un endroit aussi exigu avec des glaces et reflets partout n’était pas une sinécure
et un exploit des équipes techniques, en tous cas si pendant quinze jours vous n’avez
pas pu utiliser les toilettes c’est à cause de Matthieu et Jack qui ont laissés
leurs traces indélébiles sur les murs.
A l’arrivée Matthieu
et son équipe sont à la hauteur de leur réputation et nous laisse embarquer
dans leurs délires, leurs absurdités (l’alcool n’est pas bon pour la santé) et
trace leur chemin vers un premier long métrage que je suis sûr ne va pas
tarde, quand les producteurs et télévisions seront moins aveugles et frileux et mettront
moins d’argent dans des comédies françaises qui ne font plus rire, lui Matthieu
me fait rire.
Bientôt j’espère le
court-métrage en entier en attendant la Bande-Annonce pour vous donner l’eau à
la bouche et vous nettoyer celle-ci avec le savon des toilettes.
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Matthieu Moerlen
Scénario : Matthieu Moerlen
1er Assistant Réalisateur : Joachim Delmotte
Assistant Réalisateur ; Olivier Mancardi
Assistant Réalisateur ; Olivier Mancardi
Production : Jieun Lee et Mr Jadis
Musique : Sophren, Ty Segall, Thee and Sees et Gillian Hills
DISTRIBUTION
Jack Servoz : Alfred
Matthieu Moerlen : Le Manager
Charlotte Fox
Julie Josselin
Isabelle Trehet
Fabian Ferrari
Lionel Laget
Fabien Binetti
Philippe Kersale
Walter Shnokerll
Luis Lagren
Florian Velasco
Thomas Olland
Marc Henri Dupont
Joaquim Delmotte
Brice Landverlin
Serge Vincent
Sébastien Defresne
Nastassia Girard
Florie Auclerc
Zita Childman
Lefteris Dotsios
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