L'ARMEE DU SALUT de Abdellah Taîa (Un sujet rare au cinéma)

L'ARMEE DU SALUT de Abdellah Taïa est un film dramatique Franco-Suisso-Marocaon inspiré du roman du même nom du réalisateur du film.

"Abdellaj est un adolescent marocain introverti qui vit dans un quartier populaire de Casablanca avec sa famille nombreuse et se laisse séduire en cachette par des hommes plus âgées. Il est moqué par ses cinq soeurs et obligé de remplir des tâches ménagères par sa mère autoritaire et superstitieuse. Les relations au sein de la famille ne sont que des rapports de force. L'adolescent admire de manière trouble son frère aîné Slimane qui refuse de parler arabe et préfère parler le français, langue d'avenir selon lui. Un jour, Abdellah se glisse dans la chambre de son frère pour renifler l'odeur qu'il laisse dans ses draps. Le père de famille quant à lui est violent et inconsistant. Slimane emmène en été Abdellah et leur petit frère Mustapha dans une petite station balnéaire. Mais Slimane part draguer une serveuse de restaurant, abandonnant ses petits frères, et Abdellah se laisse séduire par un estivant de passage sans échanger de mot.



Dix ans plus tard, Abdellah est l'amant d'un universitaire genevois. Il lui obtient une bourse à l'université et Abdellah arrivé à Genève un automne. Il rompt avec son amant genevois et se retrouve hébergé à l'Armée du Salut. Les dernières images montrent Abdallah écoutant son compagnon de  chambre originaire de Meknès lui chanter une chanson du pays. Il est plein de tristesse à cette évocation.



C'est pas seulement un film sur l'homosexualité dans des pays pas très ouvert sur le sujet, mais également un film sur la transgression. Car au Maroc, être Homosexuel c'est être obligé de se cacher, le film par son ambiance et ses propos donnent un lien direct avec Munch Loved, avec certainement les mêmes accueils bouillants dans ces pays.



Deux parties dans le film, la première ou le fils cache ses douleurs, et la deuxième un peu moins bonne, quand il vit à l'Armée du Salut, qui ne reflète pas totalement ce qu'on y vit. On a peu de dialogues dans le film et c'est donc le silence qui marque le film.

Le film parle aussi de l'homosexualité choisi, et l'immigration choisi, ce qui donne une autre image que celles veut donner certaines personnes, condamnant ces deux principes.



Certains pourront parler d'un film militant, ce qui les agacerait, mais ce type de film, dans ces pays sont tellement rares (et c'est pas près de s'arranger) qu'il faut encore en profiter.

Pas seulement pour la communauté , ce film sobre et efficace, avec des moments difficiles sur la relation père/mère avec le fils, est à voir pour comprendre ce qu'il faut encore faire, pour ce pays.

Note : 13.40



FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Abdellah Taïa
Scénario : Abdellah Taïa d'après son roman
Photographie : Agnès Godard
Montage : Françoise Tourmen
Durée : 84 minutes

 DISTRIBUTION

Saïd Mrini : Abdellah jeune.
Karim Ait M'Hand : Abdellah adulte.
Amine Ennaji : Slimane.
Frédéric Landenberg : Jean, universitaire genevois.
Hamza Slaoui : Mustapha.
Malika El Hamaoui : la mère.
Abdellahk Swilah : le père.
Youness Chara : le fumeur de joint.