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mardi 15 décembre 2015

LA SEMAINE CINEMA DE CRITIQUE CHONCHON


Malgré la déferlante de trois inutiles blockbusters cette semaine, j'ai trouvé de quoi satisfaire mon appétit cinématographique hebdomadaire, avec le nez creux.
- "Béliers" de Grimur Hakonarson (Islande) est une superbe demi surprise (il a été honoré à Cannes par le Prix Un Certain Regard). Deux frères, Gummi et Kiddi qui ne se parlent plus depuis 40 ans, tous deux électeurs de moutons, vont devoir se rapprocher à cause d'une maladie ovine qui impose la destruction de leurs troupeaux. Paysages à couper le souffle, protagonistes modestes et bourrus, interprètes de très haut vol... avec le final le plus émouvant, mais pas mièvre pour un sou, depuis très longtemps.
- "Back Home" de Joachim Trier - qui n'a rien à voir avec Lars Von Trier - est une coproduction Norvège-France-Danemark. Très beau film sur le deuil, mais aussi sur les images, réalisé tout en délicatesse et en douceur, emporté par un Gabriel Byrne magistral dans le rôle de veuf et de père totalement désoeuvré. Il est brillamment secondé par Devin Druid (un jeune très prometteur), Jesse Eisenberg, et Isablle Huppert. Sur LA thématique de l'année (chez les meilleurs réalisateurs de cinéma), "Back Home" est une superbe variation.
- "Cafard" de Jan Bultheel (France, Pays-Bas, Belgique), vaguement inspiré d'un livre, lui même vaguement inspiré de l'histoire réelle d'un champion du monde de boxe qui veut au départ venger sa fille violée par des Allemands, avec pour cadre un bataillon belge pendant la guerre de 1914-1918 tout autour du monde, est un film d'animation comme on n'en voit trop peu. Très audacieux dans sa technique de captation des mouvements et des voix d'acteurs, avec des palettes graphiques magnifiques (dont certaines rappellent "Valse avec Bachir" de Ari Folman). Souvent la technique ne sert que la technique. Ici, force est de constater, même si le film n'a qu'à peine 1H30 pour narrer 4 ans de guerre, que cette technique admirable est au service de l'humanisme, de la fraternité, de l'amour... bref, des sentiments.
- "Comment c'est loin" de Orelsan et Christophe Offenstein (France). Ce n'est pas, a priori, le genre de film qui m'attire. Mais, autant le mépris de certains trous de balle que le fait que les media les plus sérieux ne l'assassinent pas (Irocks, Telerama, Transfuge, Le Monde, et même Libération) a retenu mon attention. Le film est un peu "fainéant", ou inabouti si vous préférez. Pour autant, sur fond de rap, dans un univers provincial (Le Calvados) et un milieu modeste (horreur suprême), deux adolescents trentenaires, talentueux mais fainéants depuis 5 ans, se dépatouillent au jour le jour, en se persuadant qu'ils ont du talent et qu'ils perceront dans le milieu du rap, sans trop y croire. C'est malin, souvent inventif, introspectif, pas prétentieux, drôle sans virer jamais à la potacherie vulgaire. Pour moins de 2 millions €, le cinéma peut être pertinent, social, humble, amusant, malin, et même parfois touchant, sans discours pontifiant.
- J'ai eu la chance de voir en avant première le très attendu (par moi) "Au delà des montagnes" (Chine, France, Japon) de Jia Zhang-Ke, le réalisateur chinois des sublimissimes (entre autres) "Platform" (2000), "Plaisirs Inconnus" (2002), "The World" (2004), et "A touch of sin" (2013), mais j'en reparlerai le moment venu.

Par Critique Chonchon

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