Oma Sharif, grande star égyptienne , très connu chez lui avant Lawrence D'Arabie, et une star familière, outre ses talents d'acteurs dans les années 70, et puis ayant été présent dans le cinéma français et à la Télévision, il était aussi ce type d'acteur que j'ai découvert avec Mayerling
Il était beau, il était brun, il sentait bon le sable chaud. Omar Sharif aura été l'incarnation de la star mondialisée avant l'heure, avec sa gloire, les paillettes, les excès, et sa déchéance, la maladie, le vice du jeu... Nomade sans frontières qui a vécu en France, aux Etats-Unis, en Italie, polyglotte et résidant dans les Palaces, l'acteur égyptien doit toute sa carrière internationale à David Lean. Mais c'est Youssef Chahine qui l'a fait naître. Deux grands noms du cinéma qui ont créé l'image qu'il projetait au fil des décennies.
Chahine et Hamama
Né Michel Chalhoub le 10 avril 1932 à Alexandrie, entre Sahara et Méditerranéen, dans une famille d'origine libanaise, il est mort d'une crise cardiaque dans une clinique du Caire ce vendredi 10 juillet, à l'âge de 83 ans. Il souffrait d'Alzheimer et s'affaiblissait gravement depuis quelques semaines. La maladie lui avait fait prendre sa retraite, après 70 films, en 2012.
Omar Sharif a commencé sa carrière cinématographique en 1954, il y a plus de 60 ans, avecCiel d'enfer, de Youssef Chahine, avec Faten Hamama, récemment disparue. Le film est en sélection à Cannes. Il se marie avec elle, véritable icône du cinéma égyptien. A cette occasion, ce catholique melkite s'était converti à l'islam. Il tourne avec elle son premier film occidental, La châtelaine du Liban de Richard Pottier, en 1956. Entre temps, il est à l'affiche de deux autres films de Chahine, Le Démon du désert et Les eaux noirs.
Mais c'est évidemment six ans plus tard qu'Omar Sharif va briller dans le monde entier, avec un second rôle mémorable dans Lawrence d'Arabie de David Lean. Il empoche un Golden Globe et une nomination à l'Oscar au passage. Une première pour un comédien africain. Omar Sharif a également reçu Lion d'or au festival du film de Venise pour l'ensemble de sa carrière en 2003 et un César français du meilleur acteur pourMonsieur Ibrahim et les fleurs du Coran de François Dupeyron.
"Si je parle anglais, c'est parce que ma mère, qui voulait que je sois le plus beau, trouvait que j'étais trop gros lorsque j'étais enfant. Alors, elle m'a envoyé en pensionnat à l'école anglaise, parce qu'on y mangeait mal" expliquait-il au journal Libération en 2001. Cette pratique de l'anglais lui permet d'être enrôlé par David Lean, qui cherchait absolument un bel acteur arabe anglophone. En incarnant le prince altier Ali Ibn El-Kharish dans Lawrence d'Arabie, il s'impose comme un véritable alter-égo à l'autre révélation du film, Peter O'Toole. Trois ans plus tard, le cinéaste britannique l'engage de nouveau pour le rôle principal du médecin aventureux de Docteur Jivago, autre immense succès populaire. Et cette fois-ci, c'est le Golden Globe du meilleur acteur qu'il emporte dans ses valises.
En signant à l'époque un contrat avec la Columbia, une première pour un acteur arabe, et en s'installant aux Etats-Unis, Omar Sharif devient vite une star de grandes fresques historiques incarnant Sohamus dans La chute de l'Empire romain d'Anthony Mann, Genghis Khan dans le film éponyme d'Henry Levin, l'emir Alla Hou dans La Fabuleuse aventure de Marco Polo de Denys de la Patellière et Noël Coward, Che Guevara dans Che! de Richard Fleisher, l'archiduc Rodolphe embrassant Catherine Deneuve dans Mayerling de Terence Young (avec qui il a tourné de nombreux films)...
Sa filmographie est impressionnante côté réalisateurs: Fred Zinnemann pour Et vint le jour de la vengeance, Francesco Rosi pour La belle et le cavalier, Sidney Lumet pour Le rendez-vous aux côtés d'Anouk Aimée, John Frankenheimerpour Les cavaliers, Henri Verneuil en flic grec pourri pour Le Casse opposé à Jean-Paul Belmondo, Blake Edward pour Top Secret et Quand la panthère rose s'en mêle, Andrzej Wajda pour Les Possédées avec Isabelle Huppert... Et on pourrait aussi citer Alejandro Jodorowsky, John McTiernan, Juan Antonio Bardem, Richard Lester, ... Pourtant, il ne se foulait pas. Il aurait pu avoir plus d'audace mais il confessait: "Ce que j’aime dans le métier d’acteur, c’est que je ne fous rien."
Streisand et la rupture égyptienne
En 1968, avec Funny Girl de William Wyler, il interprète un juif de la diaspora soutenant Israël, face à Barbra Streisand. Triomphe aux USA mais en pleine guerre des Six jours, le film provoque une énorme polémique dans son pays. Il est alors interdit de séjour en Egypte durant 9 ans. Il y est indifférent, ne supportant pas le régime autoritaire du pays.
Barbra Streisand s'est exprimé ce soir sur le décès de son première partenaire masculin au cinéma: "Il était beau, sophistiqué et charmant. Il était fier d'être Egyptien et pour certains le fait de l'avoir choisi était considéré comme controversé. (...) J'ai été chanceuse d'vaoir l'opportunité de travailler avec Omar, et je suis profondément triste d'apprendre sa mort."
Champion de bridge et ambassadeur du tiercé
Si cette carrière semble si chaotique, c'est aussi parce que ce seigneur d'un autre temps, aristocrate atemporel, avait le jeu dans le sang, au point, parfois, de perdre beaucoup. "Je préfère jouer au bridge que de faire un mauvais film" disait-il. Mais parfois il était bien obligé de faire un mauvais film pour jouer au bridge ou rembourser ses dettes (il ne faut pas oublier que la Columbia l'a exploité avec un contrat de cinq ans délibérément sous-évalué. Il a tourné Docteur Jivago pour des miettes de pain). Les Français se souviennent de la publicité pour Tiercé magazine. Cependant, ce champion de bridge (il a écrit de nombreux livres sur le sujet), habitué des casinos pour fuir sa solitude, était aussi propriétaire d'une importante écurie de chevaux de course.
Mais Omar Sharif était un affectueux. Fidèle aussi. S'il avait besoin de cash et tournait des films médiocres, accepter des petits rôles (Aux sources du Nil de Bob Rafelson, Hidalgo de Joe Johnston), il pouvait aussi s'impliquer complètement dans des personnages qui lui tenaient à coeur. Ainsi, avec Claudia Cardinale, il forme le couple du diptyque biographique d'Henri Verneuil, Mayrig et 588, rue Paradis. Et puis il peut aussi être la voix du lion dans le Monde de Narnia ou le narrateur dans 10000 de Roland Emmerich, ou, pire, jouer pour Arielle Dombasle (deux fois). On préfère son passage éclair et parodique dans Top Secret de Zucker-Abrahams-Zucker.
Mais son dernier grand rôle, celui qu'il aimait le plus était bien ce monsieur Ibrahim de François Dupeyron, vieil épicier arabe qui se lie d'amitié avec un jeune garçon juif.
Car il aura plaider constamment pour la tolérance entre les peuples, peu importe leur confession religieuse ou leur sexualité. Il a ainsi assumé publiquement l'homosexualité de son fils, Tarek, né de son mariage avec Faten Hamama, quitte à être incompris de ses compatriotes. Toujours engagé, contre les guerres de George Bush, il a soutenu ailleurs par le Printemps arabe (lire notre actualité du 30 janvier 2011).
Son autobiographie s'intitulait "L'éternel masculin". Physiquement, il y avait de ça. Il avait une aura incroyable, un charisme unique, une séduction diabolique, un humour sarcastique, parfois un tempérament ombrageux. L'homme était plus complexe. Selon lui, on lui a collé une image déformante, une vie qui n'était pas la sienne. Issu de l'élite, diplômé en sciences, curieux de tout, mais lassé de beaucoup de choses, y compris des paysages, il ne cherchait finalement qu'une chose: "Je veux qu'aujourd'hui soit comme hier. Est-ce trop demandé?" Mais aujourd'hui ne fut pas comme hier.
FILMOGRAPHIE
- 1954 : Le Démon du désert de Youssef Chahine
- 1954 : Ciel d'enfer de Youssef Chahine
- 1956 : Les Eaux noires de Youssef Chahine
- 1956 : La Châtelaine du Liban de Richard Pottier - Mokhrir
- 1958 : Goha de Jacques Baratier
- 1959 : Nous, les étudiants d'Atef Salem
- 1960 : Une Rumeur d'amour de Fatin Abdel Wahab
- 1960 : Mort parmi les vivants de Salah Abou Seif
- 1962 : Lawrence d'Arabie (Lawrence of Arabia) de David Lean - Shérif Ali Ibn el Kharish
- 1963 : La Chute de l'empire romain (The fall of the roman empire) d'Anthony Mann - Sohamus
- 1964 : Et vint le jour de la vengeance (Behold a pale horse) de Fred Zinnemann - Francisco
- 1965 : La Rolls-Royce jaune (The yellow Rolls-Royce) d'Anthony Asquith - Davich
- 1965 : Le Docteur Jivago (Doctor Zhivago) de David Lean - Yuri Jivago
- 1965 : Genghis Khan d'Henry Levin - Temüjin / Genghis Khan
- 1965 : La Fabuleuse Aventure de Marco Polo de Denys de La Patellière et Noël Coward - Emir Alla Hou
- 1965 : Les Mameluks d'Atef Salem
- 1966 : Opération Opium (The poppy is also a flower) de Terence Young
- 1967 : La Nuit des généraux d'Anatole Litvak - Major Grau
- 1967 : La Belle et le Cavalier (C'era una volta...) de Francesco Rosi
- 1968 : Mayerling de Terence Young - Rodolphe
- 1968 : Funny Girl de William Wyler - Nick Arnstein
- 1969 : L'Or de MacKenna (Mackenna’s gold) de J. Lee Thompson - Colorado
- 1969 : Che ! de Richard Fleischer - Che Guevara
- 1969 : Le Rendez-vous (The appointment) de Sidney Lumet - Federico Fendi
- 1970 : Trois hommes sur un cheval de Marcel Moussy - Un turfiste
- 1971 : La Vallée perdue de James Clavell - Vogel
- 1971 : Les Cavaliers de John Frankenheimer - Uraz
- 1971 : Le Casse d'Henri Verneuil - Abel Zacharia
- 1971 : Le Droit d'aimer d'Éric Le Hung - Pierre
- 1973 : L'Île mystérieuse de Juan Antonio Bardem et Henri Colpi : Némo
- 1974 : Top Secret de Blake Edwards - Feodor Sverdlov
- 1974 : Terreur sur le Britannic de Richard Lester - Capitaine Brunel
- 1975 : Funny Lady d'Herbert Ross - Nicky Arnstein
- 1975 : Le Désir et la corruption d'Ivan Passer
- 1976 : Quand la panthère rose s'emmêle (The pink panther strikes again) de Blake Edwards : l'espion égyptien
- 1979 : Ashanti de Richard Fleischer - Price Hassam
- 1979 : Pour les yeux de Jessica B. de Robert Michael Lewis
- 1980 : Liés par le sang de Terence Young - Ivo Palazzi
- 1980 : Pleasure Palace de Walter Grauman
- 1980 : Oh! Heavenly Dog de Joe Camp
- 1980 : Revanche à Baltimore de Robert Ellis Miller
- 1981 : Inchon de Terence Young
- 1981 : Opération Green Ice d'Ernest Day - Meno Argenti
- 1983 : Pavillons lointains de Peter Duffell
- 1984 : Top secret ! de David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker - Cedric
- 1987 : Grand Larceny de Jeannot Szwarc : Rashid Saud
- 1988 : Les Pyramides bleues d'Arielle Dombasle - Alex
- 1988 : Les Possédés d'Andrzej Wajda - Le professeur Stiépane Verkhovenski
- 1989 : Le Marionnettiste d'Hani Lachine
- 1990 : Aux sources du Nil (Mountains of the moon) de Bob Rafelson : le chef arabe au Caire
- 1990 : The Opium Connection de Terence Young
- 1990 : Le Voleur d'arc-en-ciel d'Alejandro Jodorowsky - Dima
- 1990 : Viaggio d'amore d'Ottavio Fabbri - Diego
- 1992 : Beyond Justice de Duccio Tessari
- 1992 : Mayrig d'Henri Verneuil - Hagop
- 1992 : 588, rue Paradis d'Henri Verneuil - Hagop
- 1997 : Heaven Before I Die d'Izidore K. Musallam
- 1998 : Les mystères d'Égypte de Bruce Neibaur
- 1999 : Le 13e Guerrier de John McTiernan - Melchisidek
- 2000 : Going Public d'Harald Holzenleiter
- 2001 : Censor de Dev Anand
- 2001 : The Parole Officer de John Duigan - Victor
- 2001 : The citadel de Joshua Sinclair - the king
- 2003 : Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran de François Dupeyron - Monsieur Ibrahim
- 2004 : Hidalgo de Joe Johnston - le cheikh Riyadh
- 2005 : Le Monde de Narnia : Le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique (The Chronicles of Narnia: The Lion, the Witch and the Wardrobe) d'Andrew Adamson - Voix française et italienne du lion Aslan
- 2005 : O Gengis d'Alan Simon ; Omar Sharif est la voix du narrateur pour la version internationale
- 2005 : Fuoco su di me de Lamberto Lambertini - Prince Nicola
- 2006 : Esther, reine de Perse de Michael Sajbel
- 2008 : Hassan et Morkos de Rami Imam
- 2008 : 10 000 de Roland Emmerich - Narrateur
- 2009 : The traveller d'Ahmed Maher
- 2009 : J'ai oublié de te dire... de Laurent Vinas-Raymond - Jaume
- 2009 : La Traversée du désir d'Arielle Dombasle - Témoignage
- 2012 : Rock the Casbah de Laïla Marrakchi - Moulay Hassan
TELEVISION
- 1973 : L'Île mystérieuse de Juan Antonio Bardem - Le Capitaine Nemo
- 1983 : La Martingale d'Alain Bloch : Alex Joski
- 1986 : Pierre le Grand de Marvin J. Chomsky
- 1986 : Anastasia (Anastasia: The Mystery of Anna) de Marvin J. Chomsky
- 1990 : Le Roi de Patagonie de Stéphane Kurc et Georges Campana : Le consul d'Aninot
- 1991 : Mémoire de minuit de Gary Nelson
- 1992 : Tous les rêves sont permis d'Anthony Pullen Shaw - Marquis Hyppolite
- 1993 : Laughter, games, seriousness and love
- 1994 : Red Eagle
- 1996 : Catherine la Grande de Marvin J. Chomsky
- 1996 : Les Voyages de Gulliver (Gulliver's Travels)
- 2004 : Les Mythes urbains de Dominic Bachy - le chauffeur de taxi
- 2005 : San Pietro
- 2006 : Les Dix Commandements
- 2006 : Prince Rodolphe : l'héritier de Sissi de Robert Dornhelm : Hans Canon
- 2008 : Le Dernier Templier
RECOMPENSES
- 1963 : Golden Globe de la meilleure révélation masculine.
- 1963 : Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle dans un drame d'aventure pour Lawrence d'Arabie (1962).
- 1966 : Golden Globe du meilleur acteur dans un drame pour Le Docteur Jivago (1965).
- 1969 : Bambi Award du meilleur acteur international dans un drame pour La Belle et le Cavalier (1967).
- 2003 : lauréat du trophée Actor's Mission Award lors du Art Film Festival deTrenčianske Teplice.
- 2003 : lauréat du prix pour l'ensemble de sa carrière lors du Festival international du film de Dubaï.
- 2003 : Lion d'or pour la carrière à la Mostra de Venise (Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran).
- 2004 : César du meilleur acteur dans un drame pour Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (2003).
- 2008 : lauréat du trophée Capri Legend Award lors du Festival du film de Capri-Hollywood.
- 2013 : lauréat du Prix Henri-Langlois de Vincennes.
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