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lundi 6 janvier 2025

14.10 - MON AVIS SUR LE FILM L'AMOUR AU PRESENT DE JOHN CROWLEY


 Vu le film L’Amour au Présence de John Crowley (2025) avec Florence Pugh Andrew Garfield Aoise Hinds Adam Janes Grace Delaney Lee Braithwaite Douglas Hodge Marama Corlett

 

Almut et Tobias voient leur vie à jamais bouleversée lorsqu'une rencontre accidentelle les réunit. Une romance profondément émouvante sur les instants qui nous changent, et ceux qui nous construisent.

Avec "L'Amour au Présent", John Crowley, le réalisateur de l'enchanteur "Brooklyn" dépasse les attentes et livre un film étonnamment original. Dès les premières minutes, il est clair que nous ne sommes pas face à une banale histoire d'amour : la chronologie est déstructurée, les événements nous sont présentés dans un ordre fragmenté, et chaque scène semble inviter le spectateur à reconstituer le puzzle émotionnel des deux protagonistes. Cette approche narrative audacieuse donne à l'ensemble une intensité rare et immersive.

Florence Pugh, dans le rôle d'Almut, livre une performance bouleversante. Son personnage, aux prises avec de graves problèmes de santé, incarne une vulnérabilité qui contraste avec sa détermination à vivre pleinement. Pugh navigue avec élégance entre douleur et espoir, offrant des moments de grâce inoubliables. Face à elle, Andrew Garfield campe Tobias, un homme dont la résilience devient peu à peu le fil conducteur du récit. Garfield, avec son jeu tout en subtilité, parvient à transmettre une palette d'émotions délicates, oscillant entre humour et profonde tristesse.

Le film, pourtant ancré dans un quotidien ordinaire, parvient à transcender la banalité des situations grâce à une mise en scène inspirée et une bande originale poignante. La photographie, avec ses tons chauds et lumineux, confère à chaque instant une poésie visuelle qui fait écho à l'émotion des personnages.

"L'Amour au Présent" n’hésite pas à mêler des instants de légèreté à des séquences d’une grande intensité dramatique. On rit, on pleure, souvent dans la même scène, tant la vie, dans toute sa complexité, y est captée avec véracité. La réalisation s'autorise également des moments de contemplation silencieuse, laissant ainsi le spectateur respirer et réfléchir, tout en éprouvant une profonde empathie pour les personnages.

L'une des scènes marquantes du film reste sans conteste la scène d'amour entre Almut et Tobias. Filmée avec une grande délicatesse, elle est à la fois sensuelle et bouleversante, exprimant tout ce que les mots ne peuvent dire. Cette scène, sublime et intense, condense à elle seule l'essence du film : la beauté de l'amour, même au cœur de l'épreuve.

Les dialogues, d'une grande finesse, participent à cette alchimie émotionnelle. Ils ne sombrent jamais dans le pathos et conservent une justesse qui rend les personnages encore plus attachants. La complicité entre Pugh et Garfield crève l'écran, leur duo apportant une force magnétique à l’ensemble.

"L'Amour au Présent" est bien plus qu'un simple film romantique. C'est une expérience sensorielle et émotionnelle qui touche au cœur et reste en mémoire longtemps après le visionnage. La résilience de Tobias face aux épreuves, la fragilité d'Almut sublimée par sa force intérieure, et la manière dont le réalisateur traite le thème de l'amour et de la perte font de ce film une œuvre magistrale.

Si un bon film est celui qui sait faire rire et pleurer avec sincérité, alors "L'Amour au Présent" est indubitablement un grand film.

NOTE : 14.10

FICHE TECHNIQUE

  • Scénario : Nick Payne
  • Musique : Bryce Dessner
  • Directeur de la photographie : Stuart Bentley
  • Montage : Justine Wright
  • Costumes : Liza Bracey
  • Distribution : A24 (États-Unis), Studiocanal (France)

DISTRIBUTION

12.00 - MON AVIS SUR LE FILM LE DIABLE ET LES 10 COMMANDEMENTS DE JULIEN DUVIVIER (1962)

 


Vu le film Le Diable et les 10 Commandements de Julien Duvivier (1962) avec Alain Delon Micheline Presle Louis de Funès Lino Ventura Fernandel Michel Simon Danielle Darrieux Françoise Arnoul Lucien Baroux Jean Claude Brialy Claude Nolier Mel Ferrer

Dans un couvent de religieuses, le vieux Jérôme Chambard s'occupe de petits travaux ; il jure sans cesse et la mère supérieure le renvoie. Comme le vieil homme est l'ami de l'évêque, celui-ci lui offre un catéchisme pour qu'il apprenne les dix commandements. Mais le diable lui montre comment ne pas les respecter, et même, les détourner.

Réalisé en 1962 par Julien Duvivier, Le Diable et les 10 Commandements s’inscrit dans la tradition des films à sketches, une forme cinématographique que le réalisateur affectionne particulièrement. Ce film, audacieux et facétieux, propose une série de tableaux burlesques et satiriques où chaque segment illustre un commandement, non pas toujours pour le respecter, mais souvent pour en montrer la subversion ou le détournement dans un univers profondément humain, pétri de contradictions et de faiblesses.

Le premier attrait du film est évidemment son casting d’exception. Quel autre réalisateur aurait pu réunir une telle brochette de talents ? Alain Delon, dans un rôle à contre-emploi, séduit par sa fraîcheur juvénile ; Louis de Funès, encore au début de sa gloire, fait preuve d’un humour retenu, plus subtil que dans ses futurs rôles comiques ; Fernandel, fidèle à lui-même, incarne un personnage à l’esprit vif et moqueur. Quant à Michel Simon et Lino Ventura, ils apportent une gravité et une force à des segments qui en avaient bien besoin, tandis que Danielle Darrieux et Micheline Presle ajoutent leur élégance et leur aura.

Cependant, comme c’est souvent le cas avec les films à sketches, l’ensemble souffre d’une inévitable inégalité. Certains épisodes sont remarquablement réussis et marquants, notamment celui où Michel Simon se moque de l’institution religieuse avec une audace jubilatoire, ou encore celui avec Ventura, qui aborde les thèmes de la convoitise et de la trahison avec une noirceur froide et implacable. D’autres segments, en revanche, paraissent plus faibles, presque anecdotiques, malgré la présence de grandes vedettes. Cette disparité donne parfois au film un rythme un peu heurté, alternant le très bon et le plus convenu.

L’originalité du film tient aussi à son ton. Duvivier ne cherche pas à livrer une leçon de morale rigide ; au contraire, il s’amuse à démontrer que les 10 commandements, censés dicter une conduite irréprochable, sont constamment contournés par les humains, souvent avec malice, parfois avec désespoir. La voix off diabolique, fil rouge des sketches, apporte une note ironique et légère qui désamorce toute tentation de sérieux pesant.

En conclusion, Le Diable et les 10 Commandements est une œuvre inégale mais délicieuse, où le plaisir de voir de grands acteurs, souvent dans des rôles inattendus, compense largement les faiblesses de certains segments. On ressort de ce film avec le sentiment d’avoir assisté à un spectacle intelligent, moqueur et élégant, où la légèreté du ton n’empêche pas une réflexion sur la condition humaine et ses contradictions. Un divertissement rare, porté par l’audace de Duvivier et le charisme de ses interprètes.

NOTE : 12.00

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Claude Rich (voix off, non crédité) est le Serpent/le Diable qui commente les sketches.

1er épisode : Tu ne jureras point

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2e épisode : Luxurieux point ne seras et L'œuvre de chair ne désireras qu'en mariage seulement

3e épisode : Tu ne tueras point

4e épisode : Tu ne convoiteras point

5e épisode : Un seul Dieu tu adoreras

6e épisode : Tes père et mère honoreras et Tu ne mentiras point

[modifier | modifier le code]

7e épisode : Tu ne déroberas point

8e épisode : Les dimanches tu garderas

7.30 - MON AVIS SUR LE FILM LA PRISONNIERE DE BORDEAUX DE PATRICIA MASUY (2024)

 


Vu le film La Prisonnière de Bordeaux de Patricia Masuy (2024) avec Isabelle Huppert Hafsia Herzi William Edimo Magne-Håvard Brekke Lionel Dray Noor Elsari Jean Guerre Souye 

Deux femmes, de milieux sociaux opposés, se rencontrent au parloir d'une prison. Alma (Isabelle Huppert) est une bourgeoise dont le mari neurologue est incarcéré. Mina (Hafsia Herzi), blanchisseuse, dont le mari est également incarcéré, vit dans une lointaine banlieue. Leur rencontre va déboucher sur une amitié révélatrice.

On pouvait attendre beaucoup de La Prisonnière de Bordeaux. Avec un titre pareil, on espérait un film puissant sur la justice, sur les liens humains brisés ou préservés à travers les parloirs, et surtout sur la résilience des femmes face à l’enfermement. D’autant plus que le casting féminin promettait de belles émotions, avec des actrices que l’on aime suivre pour leur intensité et leur capacité à donner vie à des personnages complexes. Hélas, le résultat final déçoit profondément : le film se perd dans une avalanche d’intentions maladroitement amenées, au point de noyer son propos initial dans un discours politique lourd et mal digéré.

Dès les premières minutes, on sent que le scénariste cherche à en dire beaucoup, trop même. Le thème de la justice, qui aurait pu être au cœur de l’intrigue, devient rapidement un prétexte à une succession de dialogues verbeux, où la portée politique prend le pas sur l’émotion et la dramaturgie. Ce n’est pas que les idées défendues soient inintéressantes, mais elles manquent de finesse dans leur traitement, et finissent par lasser plutôt que de captiver. La métaphore des parloirs, qui aurait pu offrir un cadre propice à des échanges humains d’une grande richesse, se retrouve ainsi diluée dans un discours qui cherche à tout prix à « faire passer un message ».

Sur le plan du rythme, le film souffre d’une lenteur excessive. Les scènes s’étirent sans qu’il se passe grand-chose, et l’ennui gagne vite le spectateur. Le scénario manque cruellement de tension dramatique : ni les enjeux des personnages, ni leur évolution ne parviennent à susciter un réel intérêt. On observe, on attend que quelque chose se passe, mais rien ne vient réellement bousculer cet univers morne et sans relief.

Le plus frustrant, c’est de voir des actrices talentueuses réduites à des rôles figés, presque mécaniques, où elles ne peuvent jamais pleinement déployer leur potentiel. On sent qu’elles font de leur mieux avec ce qu’on leur donne, mais sans une direction claire et sans un scénario à la hauteur, leur jeu semble en vain.

La Prisonnière de Bordeaux est une œuvre qui passe à côté de son sujet. On espérait un film poignant et humaniste, on se retrouve avec une tentative maladroite de pamphlet politique, trop lourde pour émouvoir et trop terne pour divertir. Si quelques moments de grâce subsistent grâce au talent des actrices, ils ne suffisent pas à sauver ce long-métrage qui s’enlise dans ses propres ambitions mal maîtrisées. Une vraie occasion manquée.

NOTE : 7.30

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15.10 - MON AVIS SUR LE FILM LES TROIS MOUSQUETAIRES DE GEORGE SIDNEY (1948)


 Vu  le film Les Trois Mousquetaires de George Sidney (1948) avec Gene Kelly Lana Turner June Alyson Angela Lansbury Van Heflin Vincent Price Keenan Winn Gig Young Robert Cote Frank Morgan Reginald Owen

D'Artagnan arrive à Paris pour devenir mousquetaire du roi. Il se prend de querelle avec trois mousquetaires, Athos, Porthos et Aramis, mais finit par devenir leur ami et rejoint la célèbre compagnie. La reine Anne a offert au duc de Buckingham, son amant, douze ferrets de diamants que lui avait donnés le roi. Richelieu charge Milady de Winter de s'emparer de deux ferrets afin de compromettre la reine qui sera dès lors incapable de porter au bal la parure complète.

Lorsque George Sidney s’attaque à Les Trois Mousquetaires, chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas, il ne cherche pas à en faire une adaptation fidèle à l’esprit sombre et romanesque de l’œuvre originale, mais plutôt un divertissement flamboyant et accessible, taillé sur mesure pour le public américain de l’époque. Le résultat ? Une version haute en couleur, joyeuse et pleine de panache, portée par un casting étincelant et une mise en scène dynamique qui privilégie l’action et le spectacle.

Le choix de Gene Kelly pour incarner D’Artagnan est à la fois audacieux et déroutant. Connu pour son charisme athlétique et son talent de danseur, Kelly apporte au personnage une vivacité et une légèreté qui donnent une nouvelle saveur à ce jeune Gascon intrépide. Il virevolte avec énergie dans les duels et les scènes d’action, conférant au film un rythme effréné, presque chorégraphique. Si Kelly ne danse ni ne chante, son habitude des comédies musicales influence manifestement son interprétation : ses gestes précis, son sourire espiègle et sa démarche élégante rappellent constamment qu’il est un artiste du mouvement. Cette singularité a dû surprendre les spectateurs de l’époque, habitués à le voir sous les projecteurs des comédies musicales.

Mais au-delà de Gene Kelly, ce sont deux figures féminines qui marquent durablement les esprits : Lana Turner et Angela Lansbury. Lana Turner incarne une Milady de Winter magnétique et perfide, jouant avec élégance et sensualité cette femme fatale emblématique de l’univers de Dumas. Son regard glacé et son port altier confèrent à son personnage une aura menaçante qui contraste avec l’aspect plus frivole de l’ensemble du film. À ses côtés, Angela Lansbury prête sa grâce et sa douceur à la Reine Anne d’Autriche, un rôle moins développé mais essentiel, qui ajoute une touche d’élégance et de noblesse au récit.

Les costumes et les décors constituent un autre point fort de cette adaptation. Réalisés avec un soin méticuleux, ils plongent les spectateurs dans une vision idéalisée et colorée de la France du XVIIe siècle. La palette vive, les étoffes somptueuses et les épées scintillantes participent à l’ambiance visuelle chatoyante du film. Chaque plan semble avoir été conçu comme un tableau, renforçant l’aspect spectaculaire de l’œuvre.

Cependant, cette adaptation prend des libertés notables avec le roman de Dumas, au point de lisser certains aspects plus sombres et de transformer le ton global en une aventure légère, presque burlesque par moments. Là où Dumas brossait un tableau complexe d’intrigues politiques et de passions humaines, Sidney préfère l’escrime, les cavalcades et les scènes d’action virevoltantes. Ce choix peut frustrer les puristes, mais il donne au film une personnalité propre : un spectacle hollywoodien assumé, plus proche du conte de cape et d’épée que du drame historique.

Les Trois Mousquetaires de George Sidney est une adaptation ludique et généreuse, qui privilégie le divertissement à la fidélité littéraire. Si l’on peut regretter la disparition de certaines subtilités du roman, on ne peut qu’admirer l’énergie et la vitalité qui animent chaque scène. Grâce à la performance virevoltante de Gene Kelly, aux costumes somptueux et à la présence magnétique de Lana Turner et Angela Lansbury, le film reste un classique du cinéma d’aventure hollywoodien, un divertissement de « bon aloi » qui continue de séduire, même des décennies après sa sortie.

NOTE : 15.10

FICHE TECHNIQUE


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