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mardi 11 mars 2025

14.10 - MON AVIS SUR LE FILM LA VACHE ET LE PRISONNIER (1959)


Vu le film La Vache et le Prisonnier de Henri Verneuil (1959) avec Fernandel Bernard Musson René Havard Maurice Nasil Ellen Schwiers Albert Rémy Pierre  Louis Ingeborg Schöner Benno Hoffmann

 

En 1943, Charles Bailly (Fernandel), un Français prisonnier de guerre en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, décide de s'évader de la ferme où il est employé. Sa ruse, grossière et folle en apparence, consiste à traverser le pays, la vache Marguerite tenue au licol et un seau de lait dans l'autre main.

Ayant presque réussi, il se sépare de l'animal, non sans lui avoir promis de ne plus jamais « manger de veau ». Il se dissimule sous un train pour franchir la frontière germano-française.

Alors qu'il se retrouve à la gare de Lunéville, il prend la fuite devant deux policiers français, et saute dans un train qui, à son insu, est en partance pour l'Allemagne. Ce n'est que deux ans plus tard que cet héroïque anti-héros reviendra de captivité « comme tout le monde ».

La Vache et le Prisonnier (1959), réalisé par Henri Verneuil, est un film qui traverse les générations, offrant à la fois un grand récit d’aventure et une réflexion plus profonde sur la guerre et la liberté. Ce chef-d'œuvre du cinéma français, à la fois comédie et drame, a marqué plusieurs générations, que ce soit dans les salles obscures ou lors des nombreuses diffusions télévisées.

Pour un enfant, c'est avant tout un road movie bucolique et étonnant : un homme et sa vache, Marguerite, parcourant des paysages allemands dans une fuite presque miraculeuse. Le personnage de Charles Bailly, interprété par un Fernandel au sommet de son art, semble bénéficier d’une chance insolente, échappant aux dangers grâce à son audace et à un certain comique de situation. On rit de ses stratagèmes, on admire son culot, et on s’attache à ce duo improbable, où la vache devient presque un personnage à part entière.

Mais avec un regard adulte, le film prend une tout autre dimension. Il rappelle une réalité plus sombre : celle des prisonniers français envoyés en camp de travail en Allemagne pendant l’Occupation. La légèreté du ton n’efface pas la dureté du contexte. Le courage de Charles Bailly ne tient pas seulement à son évasion, mais aussi à son humanité, à la manière dont il noue des liens au fil de son périple, y compris avec des Allemands, certains se révélant bien plus compatissants que l’image manichéenne que l’on pouvait attendre. Cela donne au film une profondeur inattendue et une réflexion nuancée sur la nature humaine en temps de guerre.

Henri Jeanson, maître du dialogue, apporte des répliques pleines de verve et d’émotion, sublimées par la mise en scène fluide et sans esbroufe de Verneuil. La simplicité du récit n’est qu’apparente : derrière l’odyssée burlesque se cache une vraie fresque humaine, où l’amitié, la solitude, l’espoir et l’infortune se mêlent. La scène finale, loin d’être triomphale, rappelle que même les plus beaux voyages peuvent s’achever sur une note douce-amère.

Avec près de 9 millions d’entrées et un succès indémodable à la télévision, La Vache et le Prisonnier s’est imposé comme un classique du cinéma français. Fernandel y livre une de ses performances les plus touchantes, promenant son spleen avec une douceur infinie. Sa relation avec Marguerite é meuh autant qu’elle amuse, et c’est sans doute cette tendresse qui, plus de 60 ans après, continue de faire battre le cœur des spectateurs.

NOTE : 14.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION
 

8.20 - MON AVIS SUR LE FILM STRANGE INVADERS LES ENVAHISSEURS SONT PARMIS NOUS DE MICHAEL LAUGHLIN (1983)

 


Vu le film Strange Invaders Les Envahisseurs sont parmi nous de Michael Laughlin (1983) avec Nancy Allen Paul Le Mat Louise Fletcher Lulu Sylbert Michael Lerner Diana Scarwid Wallace Shawn Fiona Lewis Charles Lane

En 1958, la ville américaine de Centerville dans l'Illinois est le théâtre d'étranges évènements. Des soucoupes volantes survolent la bourgade et les habitants disparaissent mystérieusement.

En 1983, le professeur Charles Bigelow, entomologiste à l'Université Columbia de New York, reçoit la visite de son ex-femme Margaret originaire de Centerville. Elle lui laisse la garde de sa fille pour assister à l'enterrement de sa mère dans sa ville natale. Après plusieurs jours, n'ayant aucune nouvelle de Margaret, Charles se rend à Centerville où il découvre une population étrange qui détruit sa voiture à l'aide d'un rayon laser. Charles réalise rapidement que la ville est devenue le lieu de villégiature de créatures extraterrestres ...

Pourquoi dans le futur car l’action du début du film en 1958 va se prolonger dans le futur en 1983 (question de point de vue) et depuis des E.T à notre époque faut avoir bu !

Strange Invaders (Les Envahisseurs sont parmi nous), réalisé par Michael Laughlin en 1983, est un film de science-fiction qui oscille entre l'hommage nostalgique aux classiques des années 50 et le pur nanar. Il s'inscrit dans cette mouvance typique des années 80 où les créatures extraterrestres, les conspirationnismes gouvernementaux et les effets spéciaux en latex faisaient le bonheur des amateurs de SF bis.

Le scénario suit un professeur d'université, Charles Bigelow (Paul Le Mat), qui enquête sur la disparition de son ex-femme et découvre que sa ville natale est envahie par des extraterrestres infiltrés depuis les années 1950. Cette intrigue évoque bien sûr Le Village des Damnés (que John Carpenter adaptera plus tard en 1995), ainsi que L’Invasion des Profanateurs de Sépultures, mais sans jamais atteindre leur puissance paranoïaque ni leur tension dramatique.

Le casting est pourtant alléchant : Nancy Allen (Robocop), Diana Scarwid (Maman très chère), Michael Lerner et même l’icône du cinéma bis Louise Fletcher (Vol au-dessus d’un nid de coucou). Mais malgré ces noms, le jeu des acteurs est souvent plat, plombé par des dialogues fades et un rythme inégal. L’ambiance rétro, voulue comme un hommage aux films de SF des années 50, peine à convaincre, oscillant entre la parodie et le second degré mal assumé.

Là où Strange Invaders fait sourire (ou grincer des dents), c'est dans ses effets spéciaux datés. Les transformations extraterrestres en pleine lumière trahissent les maquillages rudimentaires et les créatures en caoutchouc. Certaines scènes flirtent dangereusement avec le kitsch involontaire, notamment ces fameux rayons lasers qui carbonisent les victimes en laissant leurs vêtements flotter dans le vent, un effet qui semble tout droit sorti d’une production Cannon Films.

Si l’on peut lui reconnaître une certaine sincérité et un charme désuet, Strange Invaders reste un film bancal, coincé entre sa volonté d’être un hommage et son exécution maladroite. Les amateurs de SF rétro y trouveront quelques éclairs de nostalgie, mais pour les autres, il s’apparente davantage à un plaisir coupable, digne d’une diffusion tardive sur une chaîne câblée des années 80.

NOTE : 8.20

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Paul Le Mat (VF : Jean Roche)  : Professeur Charles Bigelow
Nancy Allen : Betty Walker, la journaliste du tabloïd « National Informer »
Diana Scarwid : Margaret, l'ex-femme de Charles
Michael Lerner (VF : Marcel Guido)  : Willie Collins, l'homme interné qui a envoyé la photo au National Informer
Louise Fletcher : Mme Benjamin, du Centre National d'Étude des OVNI
Wallace Shawn : Earl, le concierge de l'immeuble de Betty
Fiona Lewis : La serveuse / La dame Avon
Kenneth Tobey : Arthur Newman, le gérant du motel de Centerville
June Lockhart : Mme Bigelow
Charles Lane : Professeur Hollister
Jack Kehler ; Le pompiste
Bobby Pickett
Joel Cohen : Tim
Dey Young : jeune fille dans la scène d'introduction

lundi 10 mars 2025

14.70 - MON AVIS SUR LE FILM OSCAR DE EDOUARD MOLINARO (1967)


 Vu le film Oscar de Edouard Molinaro (1967) avec Louis de Funès Claude Gensac Claude Rich Mario David Roger Van Hool Paul Preboist Agathe Natanson Sylvia Saurel Germaine Delbat Dominique Page Philippe Vallauris

Christian Martin, modeste comptable dans une grande société présidée par le promoteur immobilier Bertrand Barnier, surprend un matin son patron au saut du lit, afin de lui demander une substantielle augmentation. Martin est en effet sur le point de demander la main d’une jeune fille, et n’ose se présenter devant le père de cette dernière avec un simple salaire d’employé.

Après quelques tergiversations, Barnier cède et accorde à Martin son augmentation. C'est alors que celui-ci lui annonce que la jeune fille qu'il compte épouser est justement la fille de Barnier.

Oscar (1967) d’Édouard Molinaro est une explosion de comédie burlesque, un terrain de jeu idéal pour Louis de Funès, qui y livre l’une de ses performances les plus mémorables. Adapté de la pièce de Claude Magnier, qu’il a interprétée sur scène avec son fils, ce film repose sur un enchaînement frénétique de quiproquos, de mensonges éhontés et d’outrances théâtrales.

L’intrigue, aussi simple que délirante, met en scène Bertrand Barnier, riche homme d’affaires, réveillé à l’aube par son comptable Christian Martin (Claude Rich), qui exige une augmentation avant d’avouer qu’il a volé de l’argent et qu’il compte épouser la fille de Barnier. S’ensuivent une avalanche de rebondissements impliquant de fausses identités, des valises échangées et une série de crises de nerfs d’anthologie.

Le rythme est infernal : la mise en scène de Molinaro épouse la folie du vaudeville, renforcée par le montage nerveux et la partition bondissante de Georges Delerue. Chaque scène est un prétexte à une montée en tension progressive, jusqu’à l’explosion de rage caractéristique de De Funès. Celui-ci joue avec son corps, son visage, ses mimiques et son incroyable énergie. Le gag du nez qu’il étire à plusieurs reprises sur Claude Rich est un modèle de comédie visuelle, tout comme ses gesticulations frénétiques et ses regards paniqués.

Autour de lui, la distribution est impeccable. Claude Rich est parfait en manipulateur flegmatique, Mario David impose sa présence physique en masse tranquille, tandis que Paul Preboist, lunaire, et Claude Gensac, fidèle complice de De Funès, complètent ce ballet de fous.

La mécanique d’Oscar est huilée avec une précision redoutable. Chaque porte qui claque, chaque échange de valise, chaque mensonge accumulé contribue à une spirale infernale qui ne cesse de s’emballer. Le film est un concentré de la quintessence du comique de De Funès : mauvaise foi, tyrannie domestique, autorité débordée et mauvaise humeur hilarante.

Oscar, c’est du théâtre filmé dans ce qu’il a de plus éclatant, où le jeu d’acteur prime sur la mise en scène. Mais lorsque l’acteur principal est un génie comme De Funès, cela devient un chef-d’œuvre du comique.

NOTE : 14.70


DISTRIBUTION

12.10 - MON AVIS SUR LE FILM PREPAREZ VOS MOUCHOIRS DE BERTRAND BLIER (1978)

 


Vu le film Préparez-vos Mouchoirs de Bertrand Blier (1978) avec Patrick Dewaere Gérard Depardieu Carole Laure Riton Liebman Michel Serrault Jean Rougerie Jean Perin Liliane Rovère Alain David

Raoul a tout essayé pour effacer l'éternel air triste affiché par son épouse, Solange. En vain. Il se dit alors que seul l'amour peut lui redonner le sourire et décide de faire cadeau de la jeune femme à un inconnu, rencontré dans un restaurant. Une fois remis de sa surprise, Stéphane, professeur d'éducation physique dans un petit collège du Nord, finit par accepter ce singulier « présent ». Mais il doit bientôt se rendre à l'évidence : malgré Mozart, son « pote » dont il est inconditionnel de la version du clarinettiste « Gervase de Brumer » du concerto pour clarinette (pure invention du réalisateur, très probable contraction des deux vrais clarinettistes britanniques Gervase de Peyer et Jack Brymer) et les livres de poche, Solange ne se déride pas plus en sa compagnie qu'avec son mari.

Préparez vos Mouchoirs (1978) de Bertrand Blier est une œuvre aussi audacieuse que dérangeante, un film qui pourrait difficilement exister aujourd’hui avec la même liberté de ton. Dans cette comédie douce-amère, Blier explore, comme il le fera souvent, les affres du désir masculin, les illusions de l’amour et le décalage entre fantasmes et réalité.

L’histoire débute comme une quête absurde : Raoul (Gérard Depardieu), inquiet de voir sa femme Solange (Carole Laure) déprimée, décide de lui offrir un autre homme, Stéphane (Patrick Dewaere), espérant que cela ravivera sa flamme. Mais le triangle amoureux prend un tournant inattendu avec l’apparition d’un quatrième élément : Christian, un adolescent incarné par Riton Liebman, qui, à la surprise générale, sera le seul à toucher le cœur de Solange.

Le film est typique de Blier : dialogues incisifs, situations absurdes, virilité en crise et personnages ballottés par leurs propres contradictions. Depardieu et Dewaere forment un duo irrésistible, mélange de virilité bourrue et de sensibilité maladroite, tandis que Carole Laure incarne un fantasme insaisissable, une femme silencieuse et mélancolique que les hommes tentent vainement de comprendre.

Mais celui qui marque les esprits, c’est bien Riton Liebman. Son personnage, à la fois candide et sincère, se retrouve au centre d’un jeu d’adultes auquel il participe avec une innocence qui finit par l’emporter sur les gesticulations des deux hommes. Son histoire d’amour avec Solange, bien que troublante sous le prisme actuel, est traitée avec une poésie et une légèreté qui caractérisaient cette époque de cinéma, où tout semblait permis.

Les scènes marquantes ne manquent pas, et parmi elles, l’iconique bataille de Petits Suisses entre enfants, moment de pur burlesque qui tranche avec la tonalité souvent désenchantée du film. Blier filme avec tendresse et humour cet étrange ballet sentimental, où les rôles amoureux se redistribuent au gré des hasards et des émotions.

Avec sa BO signée Delerue, son atmosphère à la fois lyrique et irrévérencieuse, Préparez vos Mouchoirs est une pépite du cinéma des années 70, une époque où l’audace primait sur la bienséance. Il remporta l’Oscar du meilleur film étranger en 1979, preuve de son impact, mais demeure aujourd’hui un objet cinématographique délicat, à la fois fascinant et dérangeant.

NOTE : 12.10

FICHE TECHNIQUE


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16.10 - MON AVIS SUR LE FILM LUDWIG OU LE CREPUSCULE DES DIEUX DE LUCHINO VISCONTI (1972)

 


Vu le film Ludwig ou Le Crépuscule des Dieux de Luchino Visconti (1972) avec Helmut Berger Romy Schneider Trevor Howard Silvana Mangano Gert Froebe Helmut Griem Umbero Orsini   Izabella Teleżyńska Marc Porel John Moulder Brown 

Vu la version longue de 4 heures sans censure

Le film relate la vie de Louis II de Bavière, depuis son couronnement à l'âge de 18 ans jusqu'à son internement et sa mort à 40 ans. On y découvre la complicité presque amoureuse qui le lie à sa cousine Élisabeth de Wittelsbach, dite « Sissi » (la jeune impératrice d'Autriche-Hongrie), qui parvient presque à lui faire épouser sa sœur Sophie malgré le peu d'attirance qu'il a pour celle-ci, sa passion pour la musique de Richard Wagner, dont il devient le très généreux mécène au point de lui faire construire un opéra, les circonstances qui l'amènent à céder à ses penchants : son goût du rêve, du post-romantisme, des garçons (son palefrenier devenant son chambellan et homme de confiance très intime), des châteaux de contes de fées, pour l'édification desquels il dépense des fortunes et où il fuit les dures réalités de son temps (à savoir l'irrésistible unification allemande autour de la Prusse de Bismarck qui vassalise les autres royaumes ou principautés germaniques, Bavière comprise) en s'imaginant, entouré d'une garde rapprochée de serviteurs, qu'il est encore vrai roi en son royaume. Au terme de ces années d'excès, le gouvernement effectif de Munich l'extirpe de son rêve et l'interne au château de Berg… où il meurt peu après son arrivée en tentant, dans des circonstances mal élucidées, de s'évader.

Ludwig – Le Crépuscule des Dieux est une fresque majestueuse retraçant la grandeur et la chute de Louis II de Bavière. Devenu roi à 19 ans, il s’enfonce progressivement dans une folie qui finira par le consumer. Visconti orchestre ce drame avec un faste inouï, magnifiant les excès d’un souverain dont les rêves ont défié la raison et l’histoire.

Les décors et les costumes sont d’une richesse à couper le souffle. On pense notamment à la célèbre galerie des glaces, reflet du faste démesuré dans lequel Louis II évolue. Ses châteaux, véritables contes de fées de pierre et de dorures, deviennent le symbole de ses ambitions extravagantes et de son isolement croissant. Son train de vie exubérant, alimenté par des dépenses exponentielles, creuse le gouffre qui le sépare du monde réel.

Le film met en lumière les amours multiples du roi, entre passion platonique pour sa cousine, l’impératrice Élisabeth d’Autriche (Sissi), incarnée par une Romy Schneider envoûtante, et ses relations homosexuelles qu’il n’hésite plus à afficher malgré le poids des conventions. Visconti, lui-même aristocrate et homosexuel, traite ces aspects sans fard, avec une sensibilité rare.

Tout est grandiose, à commencer par l’interprétation d’Helmut Berger. Son Ludwig, halluciné, fragile et déchiré entre ses idéaux et la réalité, fascine par sa profondeur. C’est l’un de ses rôles les plus intenses, taillé sur mesure par Visconti, qui lui offre ici l’occasion de déployer toute l’étendue de son talent.

Mais au-delà du personnage historique, Ludwig semble aussi résonner avec la relation intime entre Visconti et Berger. Luchino Visconti, déjà vieillissant et malade, vouait à son acteur une admiration passionnée, quasi obsessionnelle, qui se traduit à l’écran par une mise en scène d’une ferveur troublante. Comme Louis II, le réalisateur projette ses propres contradictions dans ce roi sublime et tourmenté, à la fois admiré et isolé. On peut y voir une forme de folie amoureuse, où le regard du cinéaste se mêle à celui du spectateur, captivé par la beauté et la décadence de Berger. Ce n’est pas seulement un film historique, mais aussi une déclaration, un requiem baroque et amoureux qui unit, le temps d’un chef-d’œuvre, le cinéaste et sa muse.

Le destin tragique de Louis II, coincé entre rêve et déclin, ne cesse de nous captiver. Son règne oscille entre splendeur et décadence, entre l’amour des arts et l’abandon du pouvoir, jusqu’à son effacement dans un mystère digne d’un opéra wagnérien. Avec Ludwig, Visconti signe une œuvre magistrale, à la fois élégie funèbre et portrait d’un roi en quête d’absolu – et peut-être, d’un amour impossible.

NOTE : 16.10

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15.90 - MON AVIS SUR LE FILM METROPOLIS DE FRITZ LANG (1927)

 


Vu le Film Metropolis  de Fritz Lang (1927) avec Alfred Abel, Brigitte Helm, Gustav Frölich Rudolf Klein , Rogge Theodor Loos Fritz Rasp Erwin Biswanger Heinrich George

En 2026, Metropolis est une mégapole dans une société dystopique divisée en une ville haute, où vivent les familles intellectuelles dirigeantes, dans l'oisiveté, le luxe et le divertissement, et une ville basse, où les travailleurs font fonctionner la ville et sont opprimés par la classe dirigeante. Un savant fou, l’hybride Rotwang (Rudolf Klein-Rogge), met au point un androïde à l’apparence féminine, lequel sera chargé d'exhorter les ouvriers à se rebeller contre le maître de la cité, Joh Fredersen (Alfred Abel), ce qui permettra à celui-ci de les mater.

 

Metropolis est un film grandiose et démesuré, une fresque dystopique qui évoque 1984 d’Orwell, bien qu’elle soit adaptée du roman de Thea von Harbou. Il est tentant d’y voir une préfiguration des tourments qui secoueront l’Allemagne quelques années plus tard, notamment à travers la figure du maître de cette cité dantesque, régnant d’une main de fer sur une population réduite à l’état de pions, écrasée par le conflit entre le capital et la lutte des classes. En ce sens, le film peut être perçu comme une première étape annonciatrice des totalitarismes du XXe siècle.

Tout dans Metropolis est marqué par la grandeur et l’excès : les portes monumentales, les escaliers vertigineux, les immenses murs qui enferment la ville comme une citadelle dont il est impossible de s’échapper. Mais ce gigantisme fascine, notamment grâce au travail titanesque des décorateurs, dont la maîtrise évoque l’âge d’or d’Hollywood à l’époque du muet.

L’une des scènes les plus marquantes est celle où la ville est submergée par les eaux. À l’écran, le spectacle est saisissant, mais dans la réalité du tournage, il prit une tournure bien plus éprouvante : des centaines d’enfants furent maintenus plusieurs jours dans une piscine glacée pour renforcer l’effet dramatique. Cette vision d’une catastrophe inéluctable rappelle l’éruption du Vésuve sur Pompéi, où seuls quelques-uns parviennent à s’échapper – une tragédie pure et brutale. On retrouve ici une dimension quasi mythologique, à la fois grandiose et effrayante.

Le film puise également dans l’imaginaire de Frankenstein, notamment à travers la création du robot Maria, double artificiel qui évoque la célèbre créature de Mary Shelley. L’idée d’un savant jouant avec les limites du possible et de l’éthique est une thématique récurrente dans le cinéma de Lang, qui sera encore développée dans ses films suivants.

Seul regret : les intertitres en allemand (obwohl ich in der Schule Deutsch in neununddreißigsten Sprachen gelernt habe), qui peuvent gêner la compréhension pour un spectateur non germanophone. Malgré cela, on reste subjugué par cette œuvre visionnaire, reflet de l’ambition démesurée de Fritz Lang. Il est facile d’imaginer le docteur Mabuse dissimulé quelque part dans l’ombre de cette dictature urbaine.

Le tournage de Metropolis dura près d’un an, dans des conditions souvent extrêmes. Une légende veut que ce soit sur ce film que Fritz Lang ait perdu un œil – bien que ce soit en réalité une exagération, Lang ayant toujours conservé ses deux yeux. Quoi qu’il en soit, son regard cinématographique, lui, n’a jamais faibli.

NOTE : 15 90

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Le générique cite également les personnages suivants sans attribuer de noms aux interprètes :