John Bender
traverse le terrain de football américain en avançant vers la caméra tandis
que, en voix off, Brian Ralph Johnson récite, au son des premières mesures de Don't
You Forget About Me de Simple Minds, la lettre
que lui et ses camarades ont laissé au proviseur de leur lycée à l'issue de
leur journée de colle:
«Cher M. Vernon,
Nous acceptons le fait d'avoir eu à sacrifier un samedi entier en
retenue pour ce que vous croyez que nous avons fait de mal, mais nous croyons
que vous êtes idiot de nous demander d’écrire sur ce que nous pensons que nous
sommes. Vous nous voyez comme vous voulez nous voir, en termes simples et qui
vous conviennent. Mais ce que nous avons découvert, c’est que chacun de nous
est un surdoué, un athlète, une détraquée, une princesse et un délinquant.
Est-ce que ça répond à votre question?
Sincèrement.»
Si
vous n'avez pas reconnu le film, la signature vous donnerait la réponse: il
s'agit évidemment de The Breakfast Club, de John Hugues, sorti il y a pile trente ans, le 15
février 1985. L'occasion de s'intéresser au destin de ses cinq acteurs, dont
aucun n'a (contrairement à certains de leurs collègues du Brat Pack, comme
Rob Lowe ou Demi Moore, qui jouèrent avec trois d'entre eux la même année dans
un autre film générationnel, St. Elmo's Fire de
John Schumacher) totalement réussi à dépasser leur rôle-culte du milieu des
années 80
Molly Ringwald, «The Prom Queen»
Après
avoir joué en trois ans dans trois teen-movies majeurs des années 80 (Sixteen Candles, The Breakfast Club, Pretty in Pink)
puis l'année suivante dans un Godard longtemps invisible (King Lear),
Molly Ringwald a ensuite vu sa carrière ralentir, refusant notamment les
rôles principaux de Ghost et Pretty Woman, mais
continue aujourd'hui de faire des apparitions sur le petit écran. Elle a publié
en 2013 un album de chansons piano-jazz, Except Sometimes, et
assure depuis septembre dernier une chronique de personal
advice dans le Guardian.
Emilio
Estevez, «The Athlete»
Le
fils de Martin Sheen et frère de Charlie (et qui à connu à ce titre, l'honneur
de faire une apparition dans la série de papa, A la Maison Blanche, et celle du frangin, Two and a Half Men) se consacre aujourd'hui
essentiellement à sa carrière de réalisateur: depuis le milieu des années 90,
il a sorti quatre longs métrages.
Ally
Sheedy, «The Basket Case»
Comme
ses collègues, sa carrière sur grand écran a eu du mal à survivre aux années
80, avec essentiellement, depuis, des rôles dans des films réalisés directement
pour la télévision ou des séries. En 1998, année de son dernier succès
critique, High Art, celle qui s'était exilée à New York
critiquait de manière lapidaire Hollywood: «Los Angeles était dégoûtante».
Judd
Nelson, «The Criminal»
Judd
Nelson tourne cette année dans le cinquième épisode de la saga Transformers, près de trente ans après
avoir prêté sa voix à un personnage du film d'animation. Il a par ailleurs été victime d'une
(peu) drôle de mésaventure à l'automne dernier quand un hoax l'a donné pour
mort, le poussant à poser avec le journal du jour pour prouver qu'il était vivant.
Anthony
Michael Hall, «The Brain»
Le
plus jeune acteur du cast (il n'avait pas 17 ans au moment de la sortie du
film, près de neuf de moins que Judd Nelson) a été vu depuis dans Edward
aux mains d'argent de Burton (il interprète Jim, le petit copain de Winona Ryder), en
héros de la série The Dead Zone et plus récemment dans The Dark Knight de Christopher Nolan, où il joue le journaliste Mike Engel, et Foxcatcher de Bennett Miller, où il joue un des bras droit de John DuPont.
A ce rassemblement virtuel manquent deux
personnes: Paul Gleason (le principal Vernon) est mort en 2006, à 67 ans; John
Hugues l'a rejoint en 2009, à 59 ans. Quelques mois plus tard, quatre des cinq
acteurs du film (sans Emilio Estevez) s'étaient rassemblés aux Oscars pour lui
rendre hommage.
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