Jean Pierre Melville avait prévu initialement une distribution totalement différente : Lino Ventura, Paul Meurisse et Jean Paul Belmondo.
C'est l'avant-dernier film de BOurvil, alors déjà victime de la maladie de Kahler, et également le seul film où il est crédité au générique avec son prénom : André Bourvil.
Melville a tourné une seconde prise de la fin du film. C'est une blague faite par BOurvil avant le tournage du dernier plan du film : on voit le commissaire Mattei, qui dit à son adjoint dans cette affaire, qui le suivrait "Vous savez, comment j'ai fait pour arriver à la solution de cette affaire ? Eh bien c'est tout simplement en appliquant ...." a cet instant, il entonne La Tactique du Gendarme; Ce document sonore de 53 secondes, fut présentés par Melville lui-même après la mort de l'acteur.
Jean-Marc Boris qui interprète le fils Santi ne fera finalement pas carrière dans le cinéma : juste quelques apparitions souvent non créditées.
La Plymouth Fury III noire utilisée par Delon, ainsi qu'une Pontiac Firebird Blanche de 1969 que l'on aperçoit garée de nuit dans une rue de Paris (Lorsque les cambrioleurs vont dévaliser la bijouterie), sont les autos personnelles de Jean Pierre Melville. Il les placera également dans le film, Un Flic en 1972.
Le film s'ouvre sur une citation apocryphe de Ramakrishna "Cakya Muni le solitaire dit Sidarta Gautama le sage dit le Bouddah se saisit d'un nouveau craie de rouge, traça un cercle et dit " Quand les hommes, mêmes s'ils s'ignorent doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents ; au jour dit, inexorablement , ils seront réunis dans le cercle rouge.
Quand Corey fraîchement libéré de prison, revient dans le club de billard où il avait ses habitudes, il se saisit d'une queue de billard et trace un cercle autour du procédé à la craie rouge.
Traditionnellement la craie de billard est plutôt bleue. L'usage du rouge n'est pas une pratique courante.
La séquence du casse dure 25 minutes sans aucun dialogue. A noter également que les 7 première minutes ne comportent pas non plus de dialogue.
SYNOPSIS
Après 5 ans d'emprisonnement dans un établissement pénitentiaire de Marseille, Corey (Delon) est sur le point d'être libéré. La veille de sa sortie, le gardien-chef de la prison lui propose une affaire. Sitôt libre, Corey rend visite à son ancien comparse, nommé Rico, caid enrichi, devenu avant de sa petite amie. Corey contraint le malfrat à lui remettre une somme d'argent liquide importante. Amer, ce dernier dépêche deux sbires aux trousses de Corey. Dans une salle de Billard. Corey saisit une queue et, à l'aide d'une craie rouge, trace sur son procédé un cercle qui remplit ensuite, avant de disperser les boules. Les hommes de Rico, le rejoignent , l'entretien se termine dans le sang. Mais Corey repart indemne. Il achète une Plymouth Fury III remarquée dans une vitrine d'un revendeur automobile, et entreprend de regagner son domicile du 16ème arrondissement.
Pendant ce temps un malfrat du nom de Vogel (Gian Maria Volonté) est escorté par le Commissaire Matteu (Bourvil) de Marseille à Paris par le train de nuit. Malgré la vigilance du policier, Vogel s'évade en sautant par la fenêtre du train. Il parvient à échapper aux coups de feu du commissaire ainsi qu'aux battues des gendarmes et de leurs chiens. Au terme d'une harassante fuite à pied, il s'arrête devant un restaurant de bord de route "Relairoute" et se glisse dans le coffre déverrouillé d'une voiture qui se trouve être celle de Corey. Les deux hommes s'estiment aussitôt; Deux nouveaux sbires de Rico les prennent en chasse, malheur en prendra; Vogel et Corey décident de s'associer sur la fameuse affaire, la casse d'une bijouterie place Vendôme. Le cambriolage ne réussit que grâce à la complicité et surtout l'habilité de Jansen (Montand) ancien policier alcoolique, devenu sobre et tireur d'exception.
Il reste à confier les bijoux volés à un receleur qui accepte de courir le risque , et c'est là que cela va se compliquer pour Corey, Vogel et Jansen.
Cadeau : Une fin alternative avec un Bourvil hors norme
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Jean Pierre Melville
Scénario : Jean Pierre Melville
Producteurs : Robert Dorfmann et Jacques Dorfmann
Musique : Eric Demarsan
Photographie : Henri Decae
Caméra : Charles Henry MOntel
Montage : Marie-Sopjie Dubus et Jean Pierre Melville
Son : Jean Reny
Costumes ; Colette Baudot
Décors : Théobald Meurisse
Premier assistant réalisateur : Bernard Girardot, Bernard Stora et Pierre Tatischeff
Durée : 140 minutes
Date de sortie : 20 Octobre 1970
DISTRIBUTION
ALAIN DELON / COREY
ANDRE BOURVIL / MATTEI
GIAN MARIA VOLONTE / VOGEL
YVES MONTAND / JANSEN
FRANCOIS PERIER / SANTI
PAUL CRAUCHET / LE RECELEUR
PAUL AMIOT / INSPECTEUR DE POLICE
PIERRE COLLET / GARDIEN DE PRISON
ANDRE EYKAN / RICO
JEAN PIERRE POSIER / L ASSISTANT DE MATTEI
YVES ARCANEL / LE JUGE
RENE BERTHIER / LE DIRECTEUR DE LA PJ
JEAN MARC BORIS / LE FILS SANTI
JEAN CHAMPION / LE GARDE BARRIERE
YVAN CHIFFRE
ANNA DOUKING
ROBERT FAVART
ROGER FRADET
EDOUARD FRANCOMME
JEAN FRANVAL
JACQUES GALLAND
JEAN PIERRE JANIC
PIERRE LECOMTE
JACQUES LEONARD
JACQUES LEROY
JEAN PIGNOL
ROBERT RONDO
MARCEL BERNIER
ANECDOTES
u printemps 1950, Jean-Pierre Melville est découragé, il a décidé d’arrêter le cinéma. Mais alors qu’il est au caféDupont-Ternes avec son épouse, il voit se diriger vers lui le cinéaste Jacques Becker et l’acteur Daniel Gélin qui viennent de voir LES ENFANTS TERRIBLES au Cinéac-Ternes, situé en face. Leurs compliments sincères sur le film lui réchauffent le cœur et il revient sur sa décision…
Au mois d'août, il se promène une nuit à trois heures du matin place Vendôme avec un ami. «Je me suis dit «comment, dans un film, pourrais-je m’arranger pour cambrioler la bijouterie Boucheron ?» Alors, j’ai fait le tour par la rue de la Paix, j’ai pris la rue Daniel Casanova, et j’ai appuyé sur tous les boutons de portes cochères et à peu près à la septième ou huitième, une porte s’est ouverte. J’ai traversé une cour, puis une deuxième cour, j’ai vu un escalier, j’ai escaladé cet escalier, je suis arrivé en haut, j’ai vu une lucarne qui donnait sur le ciel avec une échelle pendue contre le mur, j’ai mis l’échelle contre l’entrée du petit grenier où il y avait la lucarne, je suis monté, j’ai soulevé la lucarne, je suis monté sur le toit, je me suis retrouvé sur le toit de la bijouterie Boucheron. (…) Après avoir fait cette exploration nocturne avec un camarade, je suis rentré et j’ai écrit intégralement le cambriolage de la bijouterie du CERCLE ROUGE.» Mais en décembre 1950, Melville découvre QUAND LA VILLE DORT de John Huston, où il est question du casse d'une bijouterie. «J’ai naturellement décidé de ranger dans mon placard le script que j’avais commencé d’écrire et de ne pas y toucher pendant de longues années de façon que (le film de Huston) soit oublié. Et puis, deux ans après est sorti DU RIFIFI CHEZ LES HOMMES qui était aussi un cambriolage de bijouterie, ce qui fait que cela a remis LE CERCLE ROUGE à 1970.»
Entre temps, Melville se sera mis sérieusement au polar avec LE DOULOS, LE DEUXIEME SOUFFLE et LE SAMOURAÏ. Il fait une «pause» avec L'ARMEE DES OMBRES, un récit sur la Résistance, puis revient à son projet de 1950. Il pense alors réunir Alain Delon et Jean-Paul Belmondo dans les rôles de Corey, le truand sorti de prison, et Vogel, le gangster en cavale, qui organiseront le casse. Mais BORSALINO, produit par Delon, lui coupe l'herbe sous le pied. S'il garde son interprète duSAMOURAÏ, il propose l'autre rôle à André Pousse, une «nature» venue au cinéma par hasard et qu'il a découverte dans FLEUR D'OSEILLE de Georges Lautner. Mais l’affaire ne se fait pas non plus avec lui. «Gian Maria Volontehérita de mon rôle pour des raisons de coproduction, explique l’acteur. Melville eut la délicatesse de me prévenir au téléphone, et Delon, de m’en confirmer les raisons.» Pousse aura un rôle secondaire dans UN FLIC en 1971. Le personnage de Jansen, l’ancien flic alcoolique, est destiné à l'origine à Paul Meurisse mais est finalement attribué à Yves Montand. Quant au commissaire Mattei, Melville décide de ne plus le confier à Lino Ventura, avec lequel il s'est brouillé sur le tournage de L'ARMEE DES OMBRES, et l'offre à Bourvil.
La co-vedette de LA GRANDE VADROUILLE accepte ce contre-emplois mais reconnaît avoir du mal à entrer dans le personnage. «Je n'ai pas l'âme d'un commissaire. C'est un métier que je n'aurais pas aimé faire.» Melville lui projette alors dans sa salle privée DE SANG-FROID de Richard Brooks. «A un moment donné, vous verrez un policier joué par John Forsythe . Je vous toucherai le bras. C'est comme lui que je veux que vous soyez !» Une fois averti pendant le film, Bourvil murmure : «Mais il est beau, lui ! Ce qui n'est pas mon cas. Et, en plus, il est bien habillé !» Melville lui répond aussitôt : «Faites-moi confiance, vous serez aussi beau et aussi élégant que lui.»
Le tournage débute en janvier 1970 à Marseille et se poursuit en Bourgogne, à Paris (Melville reconstitue son périple sur les toits de la place Vendôme), au château de Monthyon (qui appartient à Jean-Claude Brialy) et aux studios de Boulogne (les propres studios de Melville, rue Jenner, ayant brûlé en 1967). L'assistant-réalisateurBernard Stora se souvient à quel point Jean-Pierre Melvilledétestait tourner. «C’était pour lui une corvée épouvantable. Ça ne l’intéressait pas, car tout était très clair dans sa tête. Le tournage n’était que de l’exécution.» Mais le dernier jour, Bourvil lui réserve une plaisante surprise en se mettant à chanter en plein travelling un de ses succès, «La Tactique du gendarme»... L'acteur est alors très malade, affaibli par un cancer du sang. Il tournera ensuite LE MUR DE L'ATLANTIQUE, qui sera son dernier film.
La musique est confiée à Michel Legrand mais elle ne convient pas au cinéaste, qui fait appel à Eric Demarsan, le compositeur de L'ARMEE DES OMBRES. «Il ne restait plus que trois semaines pour la musique, se souvient ce dernier. Pendant des nuits entières, il m'a projeté LE COUP DE L'ESCALIER, un de ses films préférés, pour me faire comprendre ce qu'il voulait.» A tel point que le thème principal est extrêmement proche de celui du film de Robert Wise, composé par le jazzman John Lewis. Autre emprunt : les bruits mécaniques qui symbolisent la mise en marche ou l'arrêt du système d'alarme du bijoutier viennent de ce même film. Melville les avait d'ailleurs déjà utilisés pour L'ARMEE DES OMBRES.
LE CERCLE ROUGE sort le 20 octobre 1970, un mois après la mort de Bourvil...
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