Vu le film M3gan 2.0 de Gérard Johnstone (2025) avec Ivanna Sakhno Jeanna Davis Violet McGraw Amie Donald (Megan) Alison Williams Brian Jordan Alvarez Jemaine Clement Jes Van Epps
Deux ans ont passé depuis la destruction de M3GAN, le prototype à la pointe de l'intelligence artificielle devenu incontrôlable lors d'un carnage sanglant. Sa créatrice Gemma milite pour l'encadrement des I.A. par le gouvernement.
Le cirque continue, sans filet
Le premier M3GAN avait déjà semé le trouble entre l’horreur et le karaoké gênant. M3GAN 2.0 enfonce le clou — ou plutôt visse le couvercle sur un cercueil de chrome. À ceux qui ont aimé le premier, ce second volet semble taillé sur mesure : plus de Megan, plus de gadgets, plus de cringe. Pour les autres, dont je suis, ce film n’offre qu’un étrange spectacle, aussi absurde que laborieux.
Le film reprend peu après les événements du premier M3GAN. Après sa destruction supposée, la société Funki fait tout pour enterrer l’affaire, mais un prototype de secours aurait été sauvegardé sur un serveur cloud par un employé zélé. Megan revient donc, reprogrammée, rééduquée, "2.0isée" comme un logiciel qu’on met à jour sans rien corriger des bugs initiaux. Elle est censée cette fois-ci servir à un programme d’apprentissage émotionnel pour enfants déficients ou surdoués. Résultat ? Elle danse encore de la K-pop, cite du Freud et se prend pour une psychanalyste-vigilante, toujours en robe de petite fille.
Mais attention : ce volet tente de se prendre au sérieux, en multipliant les dialogues pseudo-techniques, les monologues sur l’intelligence artificielle et les débats internes sur l’éthique. Malheureusement, la sauce ne prend pas : le scénario multiplie les exposés scientifiques façon "PowerPoint sous acide", entrecoupés de séquences visuellement amusantes mais tonitruantes. Une alternance de discussions de start-up en burn-out et de clips TikTok mal assumés.
Megan est censée être plus intelligente, plus sensible, plus protectrice. En réalité, elle est surtout plus incontrôlable — et plus invraisemblable. L’un des problèmes fondamentaux du film est qu’il ne sait plus si Megan est une menace sérieuse ou une attraction foraine. Elle chante Total Eclipse of the Heart, elle se déhanche comme une influenceuse épileptique, elle conduit une voiture en faisant des références à K2000 (seul vrai moment de complicité intergénérationnelle ).. et elle tue aussi, mais sans que cela nous impacte réellement. On ne tremble jamais. Pas même un frisson.
M3GAN 2.0 est peut-être la définition moderne du nanar à gros budget : soigné visuellement, mais totalement dissonant dans son intention. Ce n’est pas tant l’humour assumé qui gêne (il y en a, maladroitement introduit), mais les instants involontairement hilarants. On rit d’un malaise général, de dialogues en bois, de scènes musicales absconses, de personnages qui déblatèrent des théories IA comme s’ils récitaient des fiches Wikipédia mal apprises. Megan qui chante une berceuse d’amour au beau milieu d’un conflit parental... c’est embarrassant, et fascinant.
Il faut être honnête : le film connaît sa cible. Une génération qui a grandi avec les mèmes, la danse K-pop et les IA de poche. Pour elle, M3GAN 2.0 est un petit bonbon à croquer entre deux scrolls TikTok : flashy, rapide, bourré de références (certaines très drôles, comme un clin d’œil à Black Mirror, d’autres plus lourdes). On y trouve même des mini-Megan, des jouets parlants et un "mode furie" totalement absurde qui rappelle un épisode de Power Rangers sous acide.
Mais pour le spectateur adulte qui cherche une narration cohérente, une tension, un soupçon de dramaturgie crédible, c’est le désert émotionnel. On reste passif face à un patchwork bruyant.
M3GAN 2.0 n’est pas un film raté au sens strict — il est ce qu’il veut être : un objet pop mal dégrossi, mi-film mi-buzz. Il est destiné à une fanbase, à une nouvelle génération qui s’en fiche de la cohérence mais adore l’excès. Moi, je n’en fais pas partie. Je regarde ça comme on regarde une pub trop longue entre deux vidéos. J’en rigole malgré moi, mais je n’y retourne pas.
Un divertissement qui confond frisson et vibration TikTok.
NOTE : 6.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Gerard Johnstone (en)
- Scénario : Gerard Johnstone (en), d'après les personnages et une histoire co-écrite avec Akela Cooper (en)
- Musique : Chris Bacon
- Décors : Brendan Heffernan et Adam Wheatley
- Costumes : Jeriana San Juan
- Photographie : Toby Oliver
- Production : Jason Blum, James Wan et Allison Williams
- Production déléguée : Michael Clear, Greg Gilreath, Adam Hendricks, Gerard Johnstone (en), Mark David Katchur, Judson Scott et Ryan Turek
- Sociétés de production : Atomic Monster et Blumhouse Productions
- Société de distribution : Universal Pictures
- Budget : 15-25 millions de $
- Allison Williams (VFB : Julia Kaye) : Gemma Forrester
- Violet McGraw (VFB : Marie Braam) : Cady James
- Amie Donald (en) : M3GAN[note 2]
- Jenna Davis (en) (VFB : Sofia Abouatmane ; VQ : Élia St-Pierre) : la voix de M3GAN
- Ivanna Sakhno (VQ : Geneviève Bédard) : AMELIA[note 3]
- Brian Jordan Alvarez (VQ : Nicolas Poulin) : Cole
- Jen Van Epps : Tess
- Aristotle Athari (en) (VQ : Adrien Bletton) : Christian Bradley
- Timm Sharp (en) : l'agent Tim Sattler
- Jemaine Clement (VQ : Patrick Chouinard) : Alton Appleton
- Amy Usherwood : Lydia
- Fryda Wolff (en) : Moxie (voix)

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