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vendredi 25 juillet 2025

15.30 - MON AVIS SUR LE FILM LE GRAND BLEU DE LUC BESSON (1988)

 


Vu le Film Le Grand Bleu de Luc Besson (1988) avec Jean Marc Barr Jean Reno Marc Duret Rossana Arquette Griffin Dune Paul Shenar Sergio Castellito Jean Bouise Andréas Voustinas Valentina Vargas Bruce Guerre Berthelot et Grégory Forstner 

Depuis l'enfance, une rivalité oppose deux fans de plongée, le Français Jacques Mayol et l'Italien Enzo Molinari. À l'âge adulte, ils continuent à s'affronter, descendant toujours plus profond, en apnée. Un jour, Jacques rencontre Johanna, qui travaille avec un professeur venu étudier les réactions d'un corps immergé sous la glace, et c'est le coup de foudre. 

J’avais 30 ans quand il est sorti. De plus en plus amoureux du cinéma, et de ce genre de cinéma qui me faisait rêver, à l’instar d’Indiana Jones ou des grandes fresques d’évasion visuelle. Je me souviens encore précisément de la séance : c’était au Grand Rex, ce cinéma exceptionnel à lui seul, un week-end juste après la projection cannoise. Et en sortant, j’étais littéralement immergé dans les images que je venais de prendre en pleine tronche. 

L’histoire ? Deux apnéistes légendaires, Jacques Mayol (Jean-Marc Barr) et Enzo Molinari (Jean Reno), amis d’enfance et rivaux jusque dans les abysses. De compétition en compétition, ils plongent toujours plus loin, plus profond, chacun tentant d’impressionner l’autre — jusqu’au bout de l’effort. Quelle fin, bon sang ! J’en avais les larmes aux yeux, pendant et après. Et cette salle comble — plus de 2 000 spectateurs — en transe, debout à la fin, comme galvanisée. 

Un triomphe populaire rare : plus de 9 millions d’entrées. Et pourtant, tout aurait pu être différent. 

À Cannes, le film a été accueilli fraîchement, présenté un peu comme un E.T. à la française — ce qui, rétrospectivement, n’est pas si absurde : Le Grand Bleu est aussi une fable, un mythe, une quête d’absolu. Mais la critique l’a démonté. Pas étonnant venant de certains cercles, mais tout de même… ce film, on n’y touche pas. Heureusement, Les Cahiers du Cinéma, plus inspirés cette fois, en avaient dit du bien. 

Luc Besson, à l’époque, traversait des problèmes personnels. Les critiques n’ont pas dû arranger les choses. C’est injuste : le film est d’une beauté sidérante. Les séquences sous-marines, la grâce des dauphins, cette façon de filmer les profondeurs comme un ailleurs mystique — il y a là un souffle presque métaphysique. 

Et puis, il y a la musique d’Éric Serra. Que dis-je ? La musique dans le film. Pas une bande-son plaquée : une matière vivante, liquide, qui pulse au même rythme que les battements du cœur des personnages. Un César bien mérité, et un album qui a cartonné. Serra est ici au sommet de son art, en osmose avec Besson. 

Il faut dire que le réalisateur connaissait l’univers de l’apnée. Jeune, il baignait littéralement dedans, jusqu’à un accident de plongée qui le priva de cette passion. Cela donne encore plus de relief émotionnel au film — et surtout à la fin. 

Mais le parcours du film ne fut pas aussi limpide qu’un lagon. La version américaine a été purement et simplement massacrée : fin modifiée pour la rendre plus “happy”, musique de Serra supprimée au profit de celle de Bill Conti. Un bon musicien, certes, mais le résultat est un sacrilège. Un film transformé en produit formaté pour plaire à ceux qui ne supportent pas que l’art dépasse les cases. Peut-être que cette version fade aurait davantage plu aux critiques cannois… 

Autre point sombre : Jacques Mayol lui-même n’a jamais accepté le portrait que Besson a fait de lui. Il en est resté blessé — jusqu’à son suicide en 2001. Et Jean-Marc Barr, dans un autre registre, a longtemps refusé d’assumer le film, gêné d’être devenu une icône sexuelle malgré lui. 

Mais vous savez quoi ? Je m’en fous. 

Le Grand Bleu nous a fait rêver. Il reste pour ma génération un totem, un repère hors sol, hors temps. 

Et comment oublier Rosanna Arquette, délicate et un peu perdue entre deux hommes aux physiques si différents mais liés par une même obsession ? Son rôle est essentiel, presque lunaire. Et le copain interprété par Marc Duret — excellent aussi, avec cette touche d’humanité terrienne qui contrebalance les autres, attirés par le vide. 

Alors, à ceux de la génération réseaux sociaux : allez chercher le vieux DVD de votre père, ou mieux, la VHS planquée dans un carton au grenier. Replongez dans ce film, au sens propre comme au figuré. Laissez-vous happer par cette aventure aquatique, spirituelle et sensorielle. Et quand vous en sortirez, la tête dans les étoiles, vous comprendrez pourquoi une salle de 2 000 personnes, un soir de 1988, s’est levée pour applaudir un rêve éveillé. 

Avant de revenir, hélas, à la pollution des rues. 

NOTE : 15.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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