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mardi 31 décembre 2024

10.40 - MON AVIS SUR LE FILM THE MOON DE KIM YONG HWA (2023)

 


Vu le film : The Moon de Kim Yong-hwa (2023) avec Sol Kyung-gu Do Kyung-soo Park Byung-eun Kim Hee-ae Jo Han-chul tradChoi Byung-mo

En 2030, le projet de l'exploration habitée sur la Lune a remarquablement progressé. L'astronaute Hwang Seon-woo (Do Kyung-soo), s'est piégé seul sur la Lune en plein espace au-delà de 384 000 km à la suite d'un accident, et Kim Jae-gook (Sol Kyung-gu), ancien chef de la base spatiale, tente de le sauver . La directrice générale de la NASA, Moon-yeong (Kim Hee-ae), cache un secret

The Moon, réalisé par Kim Yong-hwa, s'inscrit dans la récente vague du cinéma sud-coréen à vouloir s’attaquer à des genres habituellement dominés par Hollywood, en l’occurrence ici la conquête spatiale. Le film se distingue d’emblée par un choix narratif audacieux : au lieu de mettre en scène des héros stoïques et charismatiques comme on en trouve souvent dans les productions américaines, il s’intéresse à des personnages profondément imparfaits, presque "losers" dans leurs attitudes, et souvent dépassés par les événements. Ce choix apporte une humanité brute au récit, mais finit par être plombé par un scénario qui manque cruellement de consistance.

L’histoire suit un astronaute sud-coréen, seul survivant d’une mission lunaire désastreuse, tentant de retourner sur Terre malgré des obstacles toujours plus absurdes. La base émotionnelle du film repose sur ses interactions limitées avec les ingénieurs restés au sol, eux-mêmes en proie à leurs propres luttes personnelles et professionnelles. Ce postulat pourrait être riche, mais il est rapidement dilué dans une série d’événements convenus et des dialogues peu inspirés. Là où des films comme Gravity ou Interstellar utilisent la solitude spatiale et les défis scientifiques pour explorer des thèmes universels, The Moon semble hésiter, se contentant d’un empilement de clichés.

Les effets spéciaux et la photographie sauvent néanmoins l’ensemble de l’oubli total. Visuellement, le film est une réussite : les paysages lunaires, froids et désolés, sont magnifiquement rendus, et les scènes spatiales offrent une immersion impressionnante. Le soin apporté aux détails techniques de l’environnement spatial témoigne d’une ambition certaine, mais cela ne suffit pas à masquer les faiblesses narratives.

Le principal problème réside dans le scénario, qui, malgré ses bonnes intentions, s’éparpille dans des sous-intrigues inutiles et des moments mélodramatiques exagérés. Les personnages, bien que faillibles et humains, manquent de profondeur : leurs faiblesses semblent ajoutées pour générer de la tension artificielle, plutôt que pour servir une véritable évolution psychologique. Au final, leurs échecs et leurs erreurs deviennent lassants, car ils ne mènent à aucune réflexion ou résolution significative.

Ce manque de substance est particulièrement frustrant, car The Moon avait le potentiel de se démarquer des blockbusters hollywoodiens en proposant une approche plus intimiste et sincère de la conquête spatiale. Mais cette ambition est noyée dans un récit qui ne sait pas où aller, oscillant entre drame humain, thriller spatial et spectacle visuel sans jamais maîtriser aucun de ces registres.

Pour les amateurs de science-fiction exigeants, The Moon risque de décevoir, malgré son esthétique irréprochable. Il reste néanmoins une curiosité pour ceux qui veulent découvrir une vision différente de l’exploration spatiale, même si elle est loin d’atteindre les étoiles qu’elle vise.

NOTE : 10.40

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Kim Yong-hwa
  • Scénario : Kim Yong-hwa et Park Hee-gang
  • Musique : Lee Jae-hak
  • Direction artistique : Hong Joo-hee
  • Costumes : Jo Sang-gyeong
  • Photographie : Kim Yeong-ho
  • Son : Choi Tea-young
  • Montage : Jeong Ji-eun
  • Production : Choi Jee-seon et Kim Yong-hwa
  • Sociétés de production : Blaad Studio et CJ ENM Studios
  • Société de distribution : CJ ENM

DISTRIBUTION

12.20 - MON AVIS SUR LE FILM LES ENQUETES DU DEPARTEMENT V : PROMESSE DE OLE CHRISTIAN MADSEN (2024)


Vu le film Les Enquêtes du département V : Promesse de Ole Christian Madsen (2024) avec Ulrich ThomsenSofie TorpAfshin Firouzi Joachim Fjelstrup Lisa Carlehed Seren Malling

Le détective Carl Mørck envoie Rose (sa jeune collègue du département Q) sur l'île danoise isolée de Bornholm pour répondre aux demandes répétées de son ancien collègue Christian Habersaat. Plus tard, Carl, nouvellement fiancé, arrive sur l'île où lui, Rose et Assad se retrouvent mêlés à une vieille affaire d'une jeune fille retrouvée morte, pendue à un arbre.

Les Enquêtes du département V : Promesse plonge une fois de plus dans l’univers sombre et torturé de la série adaptée des romans de Jussi Adler-Olsen. Dans ce cinquième volet, qui n’a pas eu droit à une sortie en salles en France, le cinéma danois déploie tout son art du thriller psychologique, un genre dans lequel il excelle depuis des années. Ce film, dirigé par le réalisateur danois Martin Zandvliet, se distingue par une ambiance oppressante, un décor austère, et des personnages abîmés par la vie, rendant l’expérience à la fois fascinante et troublante.

Dès les premières minutes, le spectateur est happé par une atmosphère glauque et une esthétique sombre, où les lumières froides et les paysages désolés du Danemark jouent presque un rôle à part entière. Ici, chaque élément visuel semble peser comme un fardeau sur les protagonistes, renforçant le sentiment de claustrophobie mentale. La mise en scène, précise et sans concession, dissèque lentement les blessures psychologiques des enquêteurs tout autant que celles des suspects. Carl Mørck et Assad, les deux piliers du Département V, ne sont pas des héros conventionnels. Le premier, englué dans une dépression chronique, et le second, hanté par un passé difficile, sont des anti-héros profondément humains. Le film ne cherche pas à les sublimer, mais à les montrer dans leur plus brutale authenticité.

L’intrigue de Promesse suit une enquête complexe sur une disparition vieille de plusieurs décennies, ressurgie à la faveur d’une macabre découverte. Mais ce qui pourrait ressembler à une enquête policière classique prend rapidement une tournure bien plus dérangeante. Le récit s’aventure dans des zones moralement ambiguës, explorant les thèmes de la folie, du désespoir, et des secrets enfouis qui finissent toujours par remonter à la surface. Les personnages secondaires ne sont pas en reste : qu’ils soient victimes, témoins, ou suspects, chacun semble pris dans une spirale de dégradation mentale. Le spectateur est invité à plonger dans ces abysses émotionnels, sans filet de sécurité.

Ce cinquième opus accentue l’aspect psychologique de la série, s’éloignant légèrement des mécaniques purement policières pour s’intéresser davantage à l’impact émotionnel des crimes sur toutes les personnes impliquées. Si certains pourraient trouver le rythme un peu lent, il sert ici à tisser une tension insidieuse, presque suffocante, où chaque scène semble sur le point d’exploser. Les amateurs de thrillers scandinaves reconnaîtront cette patte singulière : une lente descente dans l’inconfort, où même les moments de calme semblent chargés d’une menace latente.

Pour les amateurs de sensations « bizarres », Promesse est une expérience unique. Il ne cherche pas à plaire au plus grand nombre, mais à offrir un reflet cru de l’âme humaine dans toute sa complexité et ses défaillances. C’est un film qui laisse une impression durable, peut-être pas agréable, mais indéniablement marquante. Le cinéma danois prouve encore une fois qu’il sait explorer des territoires où peu osent s’aventurer, et Promesse en est l’exemple parfait.

NOTE : 12.20

FICHE TECHNIQUE 

  • Réalisation : Ole Christian Madsen
  • Scénario : Jakob Weis, d'après le roman Promesse (Den grænseløse) de Jussi Adler-Olsen
  • Musique : Jonas Struck et Lasse Ziegler
  • Photographie : Jørgen Johansson
  • Montage : Nicolaj Monberg et Frederik Strunk
  • Production : Malene Blenkov et Mikael C. Rieks
  • Sociétés de production : Nordisk Film et Hyæne Film ; coproduit par Nadcon Film et ZDF ; en association avec Münchhausen Productions ; avec le soutien du Det Danske Filminstitut, Investment and Development Agency of Latvia, Eesti Filmi Sihtasutus, Riga Film Fund, TV 2 Danmark et TV 2 Norge
  • Sociétés de distribution : Nordisk Film (Danemark), Canal+ / Wild Bunch (France)

DISTRIBUTION

lundi 30 décembre 2024

16.10 - MON AVIS SUR LE FILM VIVRE MOURIR RENAITRE DE GAEL MOREL (2024)

 


Vu le film Vivre Mourir et Renaitre de Gael Morel (2024) avec Victor Belmondo Lou Campos Théo Christine Amanda Lear Stéphane Rideau Elli Medeiros Sophie Guillemin Hélios Johnson

Emma aime Sammy qui aime Cyril qui l'aime aussi. Ce qui aurait pu être un marivaudage amoureux à la fin du siècle dernier va être dynamité par l'arrivée du SIDA. Alors qu'ils s'attendaient au pire, la destinée de chaque personnage va prendre un virage inattendu.

Avec Vivre Mourir Renaître, Gaël Morel livre une œuvre bouleversante, empreinte d’urgence et d’intimité. Ce film, qu’il mûrit depuis trois décennies, s’affirme comme son projet le plus personnel et sans doute son meilleur. Il nous plonge dans une époque où l’amour et la vie étaient souvent hantés par l’ombre de la maladie, celle du sida, qui a marqué à jamais une génération.

L’histoire s’articule autour de trois personnages : Emma (l’hétéro), Sammy (le bisexuel), et Cyril (le gay). Trois vies qui s’entrelacent dans une dynamique d’amour, de désir, de colère, mais surtout d’espoir. Leur relation complexe reflète l’intensité et l’urgence de vivre qui habitait cette époque. Emma et Sammy vivent un amour incandescent, mais Sammy se perd aussi dans les bras de Cyril, créant une tension permanente entre eux. Loin de se limiter à un simple triangle amoureux, le film explore les nuances des relations humaines et les contradictions des sentiments.

Morel nous plonge au cœur des années 1980-1990, à une époque où les avancées médicales balbutiantes comme l’AZT apportaient un mince espoir aux malades, mais où la peur et la stigmatisation régnaient encore. Le réalisateur restitue avec précision l’atmosphère pesante de ces années : les prises de sang régulières, les rendez-vous à l’hôpital, mais aussi cette volonté farouche de continuer à aimer et à vivre, malgré tout.

Le casting est l’un des points forts du film. Lou Campos, Théo Christine et Victor Belmondo livrent des performances magistrales, insufflant une humanité vibrante à leurs personnages. Théo Christine , dans le rôle de Sammy, est particulièrement impressionnant, incarnant avec justesse la complexité d’un homme déchiré entre ses désirs et ses responsabilités. Lou Campos apporte une force discrète mais puissante à Emma, tandis que Victor Belmondo confère à Cyril une profondeur touchante.

À leurs côtés, Stéphane Rideau, fidèle ami de Gaël Morel, campe un rôle secondaire mais mémorable, apportant une continuité entre les univers précédents du réalisateur et cette œuvre. Amanda Lear et Elli Medeiros, icônes pop, apportent un souffle léger et symbolique, rappelant l’importance de l’art et de la culture dans cette période de lutte et de résilience.

La réalisation de Morel est sobre, presque pudique, mais elle frappe par sa capacité à capter les émotions à l’état brut. Chaque plan est empreint de tendresse et d’humanité. La bande originale, subtile et émouvante, souligne les moments clés sans jamais les surcharger.

Mais au-delà de l’évocation tragique de la maladie et de la mort, Vivre Mourir Renaître est un film sur la reconstruction. Après le choc de la perte et l’épreuve de la douleur, les personnages doivent apprendre à renaître, à redéfinir leur existence. C’est cette capacité de résilience qui donne au film sa profondeur et son universalité.

En rendant hommage à cette période sombre mais fondatrice, Gaël Morel signe une œuvre à la fois nostalgique et pleine d’espoir. Vivre Mourir Renaître n’est pas seulement un film, c’est un témoignage vibrant, une lettre d’amour à ceux qui ont aimé, combattu, et survécu. Une œuvre lumineuse et essentielle.

NOTE : 16.10

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Gaël Morel
  • Scénario : Gaël Morel et Laurette Polmanss
  • Décors : Hélène Dubreuil
  • Costumes : Héléna Gonçalves
  • Photographie : David Chambille
  • Son : Jean Minondo et Corinne Rozenberg
  • Montage : Catherine Schwartz
  • Production : Michèle Halberstadt et Laurent Pétin
  • Sociétés de production : ARP Sélection, en coproduction avec Arte France Cinéma
  • Société de distribution : ARP Sélection

DISTRIBUTION

Victor Belmondo : Cyril
Lou Lampros : Emma
Théo Christine : Sammy
Elli Medeiros : Albane
Sophie Guillemin : Myriam
Stéphane Rideau : Daniel
Amanda Lear : Leolia
Hélyos Johnson : Nathan, 4 ans
Jonathan Hounwanou-Kakon : Nathan, 8 ans

dimanche 29 décembre 2024

14.20 - MON AVIS SUR LE FILM LE SEIGNEUR DES ANNEAUX LA GUERRE DES ROHIRRIM (2024)


 Vu le film d’Animation Le Seigneur des Anneaux La Guerre des Rohirrim (2024) de   Kenji Kamiyama (2024) Il s'agit d'une préquelle qui se déroule 260 ans avant les événements décrits dans le film de 2002 Le Seigneur des anneaux : Les Deux Tours et adapté du roman de J.R.R Tolkien

La guerre des Rohirrim se déroule 183 ans avant les événements du Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours  et raconte l'histoire de Helm Mainmarteau, un roi légendaire du Rohan, et de sa fille qui doivent se défendre contre une armée de Dunlendings, et qui donne son nom à la forteresse du Gouffre de Hel Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim est un projet audacieux qui s’aventure dans l’univers légendaire de Tolkien tout en proposant une lecture visuelle et narrative différente. Pourtant, si ce film animé parvient à captiver par son graphisme, il semble parfois s’éloigner de l’essence même de l’univers du célèbre auteur.

Dès les premières scènes, une impression domine : ce film évoque davantage l’univers de Thorgal que celui des terres de la Terre du Milieu. Le design des personnages, les décors austères et les ambiances nordiques rappellent l’esthétique des récits épiques de la bande dessinée franco-belge. Cela confère au film une identité visuelle unique, mais cet écart stylistique pourrait déconcerter les puristes de Tolkien. Les amateurs de fantasy plus générale, eux, pourraient y trouver une porte d’entrée rafraîchissante.

Sur le plan narratif, le film s'adresse clairement à deux publics : les fans inconditionnels de la saga Le Seigneur des Anneaux et ceux qui découvrent cet univers sans en maîtriser tous les codes. Ce double positionnement génère une certaine ambiguïté. Les connaisseurs apprécieront sans doute les références aux légendes des Rohirrim et les clins d'œil à l’histoire des ancêtres d’Éomer et Éowyn, mais les novices risquent de se sentir perdus dans cet enchevêtrement de noms et de mythes.

Cela dit, La Guerre des Rohirrim n’en reste pas moins divertissant pour le spectateur lambda. Si l’on fait abstraction des détails complexes de l’intrigue, le film propose un récit rythmé et immersif. Les batailles sont impressionnantes, le courage des personnages principaux est communicatif, et certaines scènes d’émotion parviennent à toucher juste. On pourrait toutefois regretter une simplification de certains enjeux, laissant une impression d’un scénario trop linéaire par moments.

Visuellement, le film est un régal. L'animation, bien qu'éloignée de l'imagerie des films de Peter Jackson, possède un charme brut et évocateur. Les paysages, alternant entre montagnes imposantes et vastes plaines balayées par le vent, sont à couper le souffle. Les choix de couleurs, jouant sur des palettes sombres et terreuses, accentuent l’atmosphère guerrière et mélancolique du récit. Cela dit, ce graphisme pourrait sembler un peu trop austère pour certains, manquant parfois de l’éclat enchanteur typique des adaptations de Tolkien.

Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim est un film qui divise. Les amateurs de Tolkien pourraient lui reprocher de s’éloigner de l’esprit des écrits originaux, tandis que les novices pourraient avoir du mal à saisir toutes les subtilités de l’univers. Mais pour ceux qui apprécient l’animation soignée et les récits épiques, ce long-métrage offre un moment ludique et visuellement captivant. Ni entièrement pour les fans ni tout à fait pour les initiés, il s'agit d'une œuvre hybride, à la croisée de l’hommage et de l’expérimentation. Un film imparfait, mais sincèrement ambitieux.

NOTE 14.20

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION (VOIX ORIGINALE)

6.90 - MON AVIS SUR LE FILM FELES DE CHRISTOPHE DUTHURON (2024)

 


Vu le film Fêlés de Christophe Duthuron (2024) avec Pierre Richard Charlotte de Turckheim Bernard LeCoq Fred Blin Les Chiche Capon Mathieu Chedid François Berléand Arthur Jugnot Emilie Caen Patrick Ligardes Méliane Marcaggi

L'Arc-en-ciel est un authentique lieu associatif à Marmande qui accueille des personnes ordinaires mais violentées par la vie. Quand on menace de les expulser, un élan de solidarité s'organise autour de Pierre, le fondateur, pour sauver cette maison.

Il est des films qui, malgré leurs bonnes intentions, échouent à captiver leur public. Malheureusement, Fêlés de Christophe Duthuron en fait partie. Inspiré d'une histoire vraie, ce long-métrage ambitionnait de rendre hommage à Pierre, un personnage dont la vie et le courage méritaient d’être portés à l’écran. Mais ce qui aurait pu devenir un vibrant documentaire tombe ici dans les travers d’une fiction maladroite et bancale.

Le premier problème de Fêlés réside dans sa durée. À force de s’étirer sur des scènes inutiles ou redondantes, le film dilue l’impact émotionnel qu’il cherche à susciter. Là où un documentaire concis aurait pu se concentrer sur les moments marquants de l’histoire de Pierre, cette fiction s’enlise dans des détails superflus qui finissent par épuiser le spectateur. Le rythme est pesant, et chaque minute supplémentaire semble un défi.

Le deuxième écueil, bien plus grave, est l’impression constante d’artifice. Duthuron semble obsédé par l’idée de "faire vrai", mais il en oublie l’essentiel : la sincérité. L’histoire, pourtant inspirée de faits réels, paraît étonnamment factice à l’écran. Les dialogues sonnent faux, les situations manquent de naturel, et les émotions peinent à franchir l’écran. Cette dissonance est particulièrement visible dans le jeu des acteurs. Si les comédiens professionnels, habituellement garants d’une certaine qualité, peinent ici à convaincre, c’est dire l’ampleur du problème. Les performances des amateurs, bien qu’évidemment sincères, manquent de nuance et ne font qu'accentuer la maladresse générale du projet.

Le traitement visuel ne sauve rien : la réalisation oscille entre le banal et le franchement daté. On sent que les moyens ont manqué pour offrir une esthétique qui aurait pu transcender les faiblesses narratives. Les choix musicaux, eux aussi, ajoutent à l'impression d’un film qui force ses effets sans jamais toucher juste.

Et pourtant, Fêlés avait des atouts. Le sujet, profondément humain, aurait pu toucher une corde sensible. Pierre, par son histoire et ses combats, méritait un traitement plus respectueux et, surtout, plus inspiré. On imagine aisément qu’un documentaire aurait su capturer l’essence de sa vie avec bien plus de pudeur et de vérité.

Fêlés est une œuvre désespérément creuse, un projet plombé par ses ambitions mal maîtrisées et un excès de pathos. En cherchant à magnifier la réalité, Christophe Duthuron a produit une fiction artificielle, trop longue et laborieuse pour toucher son public. Ce n’est pas seulement un rendez-vous manqué : c’est un film qui finit par trahir l’hommage qu’il voulait rendre.

NOTE : 6.90

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION


samedi 28 décembre 2024

17.30 - MON AVIS SUR LE FILM LA VIE EST BELLE DE FRANK CAPRA (1946)


 Vu  le film La Vie est Belle de Frank Capra (1946) avec James Stewart Donna Reed Lionel Barrymore Thomas Mitchell Henry Travers Beulah Bondi Frank Faylen Ward Bond Gloria Grahame

Dans la petite ville de Bedford Falls (État de New York), la veille de Noël 1945, George Bailey est au bord du désespoir et envisage de se suicider. Les prières de sa famille et de ses amis atteignent le paradis, où l'ange gardien de deuxième classe Clarence Odbody est chargé de sauver George afin de gagner ses ailes.

Obligatoire le jour de Noel de regarder le film de Capra , film par excellence de ce jour avec une scène ou James Stewart dans un Charleston   

 

Clarence voit des flashbacks de la vie de George. Il observe George sauver son frère Harry de la noyade, ce qui le rend sourd de l'oreille gauche. Plus tard, George empêche accidentellement le pharmacien, M. Gower, de commettre une erreur fatale dans la préparation d'un médicament. Ce jour-là, lorsqu'il cherche à demander conseil à son père, il voit celui-ci se faire rudoyer par Henry Potter, un magnat de la ville de Bedford Falls qui trouve ridicule la magnanimité du père de George envers ces débiteurs qui ne peuvent pas rembourser leur prêt.

La Vie est Belle" (It's a Wonderful Life, 1946) est sans doute le film de Noël par excellence, mais son aura dépasse largement cette période festive. Frank Capra signe ici une fable sociale profonde, portée par l’interprétation bouleversante de James Stewart dans le rôle de George Bailey, un homme ordinaire dont la vie, marquée par des sacrifices et des rêves abandonnés, reflète une universalité qui touche toutes les époques.

Le film s’ouvre sur une narration lumineuse qui plonge rapidement dans une chronique réaliste : George Bailey est un homme de principes, attaché à sa communauté et à son idéal de solidarité. Cependant, son existence est ébranlée par une erreur fatidique de son employé oncle Billy, qui met en péril non seulement l’entreprise familiale, mais également son propre avenir. En proie au désespoir, George envisage de mettre fin à ses jours, une décision tragique évitée grâce à l’intervention de Clarence, un ange gardien aussi maladroit qu’attachant, incarnant la bienveillance désintéressée.

La force narrative du film repose sur son double regard. D’un côté, Capra dépeint avec subtilité l’asphyxie d’un homme rongé par l’ingratitude de ses efforts et par un système oppressant. D’un autre, il offre une vision d’espoir à travers la magie d’un scénario où la vie elle-même devient un miracle à reconsidérer. La séquence où Clarence montre à George ce qu’aurait été le monde sans lui est un coup de maître. Les rues de Bedford Falls, privées de l’altruisme de George, se transforment en un paysage sinistre, et les êtres qu’il aimait deviennent des ombres d’eux-mêmes. Ce « voyage dans l'anti-vie » met en lumière l'impact profond qu'un individu peut avoir sur ceux qui l’entourent, même sans s’en rendre compte.

La scène finale, où George, ramené à la réalité, retrouve sa famille et ses amis venus le secourir, incarne un triomphe de l’esprit communautaire et des valeurs humaines face à l'adversité. La simplicité émotive de cette séquence, amplifiée par les chants de Noël et les rires des enfants, résume l’essence du cinéma de Capra : croire en l’espoir même dans les ténèbres.

La Vie est Belle est un drame social habillé des atours d’un conte de Noël, mais il reste avant tout une réflexion universelle sur la résilience humaine. Si certains peuvent reprocher à Capra son optimisme assumé, il est difficile de nier l’efficacité émotionnelle et l’honnêteté de son récit. Chaque visionnage de ce film rappelle que, malgré les épreuves, chaque vie a une valeur unique. Ce message, intemporel et poignant, fait de La Vie est Belle un classique indémodable qui continue d’émouvoir des générations entières.

NOTE : 17.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Acteurs non crédités