Vu le film Mortelle Raclette de François Descraques (2024) sur Canal Plus avec Bertrand Usclat Bérangère McNeese Antoine Gouy Faustine Koziel Dorcas Cappin Irina Muluile Esteban Vial Jessé Raymond Leon David Fred Testot
L'héritier d'une boîte de films X
décide de faire évoluer le genre en engageant une coordinatrice d'intimité
également formée aux tournages éco-responsables. Cependant, le tournage a lieu
dans un chalet savoyard isolé, et la troupe se retrouve coupée du monde par une
tempête de neige et une panne de Wi-Fi. Pendant ce temps, à quelques
centaines de mètres, un glacier rejette vivant un chasseur alpin disparu en
1888, qui va découvrir que l'équipe du film squatte son ancien chalet.
Le cinéma comique français semble
parfois piégé dans un cercle vicieux : il cherche à capitaliser sur des noms
issus de l'univers des Youtubeurs ou des humoristes de stand-up, en espérant
que leur popularité en ligne transposera automatiquement la même énergie sur
grand écran. Mortelle Raclette, dernier-né de François Descraques,
illustre malheureusement cet écueil avec un certain aplomb... ou une certaine
maladresse, selon le point de vue.
Présenté comme une comédie
horrifique, le film tente de mêler l’humour absurde, propre à Descraques, à une
ambiance macabre vaguement inspirée de X de Ti West. Le problème ? Là où
Ti West insufflait au moins une intention esthétique et une atmosphère
poisseuse, Mortelle Raclette se contente d’une parodie sans direction
claire, mélangeant maladroitement les genres et multipliant les clins d'œil qui
finissent par agacer plus qu’ils ne séduisent.
Le pitch avait pourtant un
potentiel certain : une soirée raclette entre amis qui dégénère en huis clos
sanglant, où chacun doit affronter ses propres démons... et ses mauvaises
habitudes culinaires. Malheureusement, ce qui aurait pu être une savoureuse satire
sociale et horrifique s’effondre sous le poids d’un scénario bâclé, trop occupé
à faire des blagues faciles pour développer une intrigue cohérente ou des
personnages attachants.
Les moments comiques, bien
qu'efficaces à petite dose, se répètent jusqu'à l'overdose, donnant
l'impression de visionner une succession de sketches YouTube étirés sur 90
minutes. Là où Descraques excelle sur des formats courts, il semble manquer
cruellement de la rigueur nécessaire pour bâtir une histoire sur un long
métrage. Les gags liés à la raclette - mauvais fromage, appareils défectueux,
personnages qui s’étouffent sur des morceaux de charcuterie - finissent par
sentir le réchauffé, si l'on ose dire.
Et côté horreur ? Le film ne prend
jamais son propre postulat au sérieux, diluant toute tension avec des
punchlines mal placées. Le mélange des genres n’aboutit pas à un équilibre :
les moments censés effrayer tombent à plat, et les instants humoristiques
peinent à arracher autre chose qu’un sourire gêné.
Pourtant, tout n’est pas à jeter
dans cette fondue narrative. Quelques dialogues ciselés rappellent le talent
d’écriture de Descraques lorsqu’il est en forme, et certaines séquences jouent
habilement avec les codes du genre, notamment une scène de poursuite grotesque
dans une cave où le tueur se prend les pieds dans le fil de l’appareil à
raclette. Mais ces éclairs d’ingéniosité sont bien trop rares pour sauver un
ensemble qui reste trop souvent indigeste.
Mortelle
Raclette incarne le syndrome récurrent du cinéma comique français
contemporain : une belle idée de départ, un casting enthousiaste, mais une
exécution qui manque cruellement de profondeur et de soin. Si Ti West
réussissait au moins à imposer un style, aussi clivant soit-il, Descraques,
lui, semble simplement jouer la carte du service minimum.
Verdict ? Une raclette qui passe
mal, et on n’a pas forcément envie d’y retourner. Un bon cachet de Gurozan (ou
une comédie mieux ficelée) sera nécessaire pour digérer cette indigestion
cinématographique.
NOTE : 6.50
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