Vu le film Ennio de Giuseppe Tornatore (2021) avec Ennio Morricone Clint Eastwood Bruce Springsteen Bernardo Bertolucci Joan Baez Giuseppe Tornatore John Williams Hanz Zimmer Oliver Stone Terrence Mallick Dario Argento Roland Joffé Quincy Jones
Depuis 1961 Ennio Morricone a
composé près de 500 musiques de film. Ce film retrace sa formation initiale
— auprès de son père trompettiste — puis académique et ses activités
de pianiste, chef d'orchestre, arrangeur musical et compositeur de musique de
film. Le film est accompagné de nombreux extraits de films et de ses musiques,
d'entretiens avec des réalisateurs et des musiciens comme Bruce Springsteen ou Joan Baez.
Quand Giuseppe Tornatore, réalisateur virtuose (Cinéma Paradiso),
décide de rendre hommage à Ennio Morricone, le plus grand compositeur de
musique de film selon beaucoup (et sans doute à raison), cela donne Ennio
(2022), un documentaire d’une intensité rare. Plus qu’un simple film, c’est une
véritable déclaration d’amour à un génie qui a marqué à jamais l’histoire du
cinéma avec près de 500 bandes originales. Chaque note, chaque image, chaque
témoignage dans ce film est une porte ouverte sur l’âme et le génie de
Morricone, et le résultat est tout simplement bouleversant.
Dès les premières
minutes, le spectateur est emporté dans un tourbillon de sons et de souvenirs.
Tornatore ne se contente pas de lister les succès de Morricone : il plonge dans
son processus créatif, révélant comment ce maestro, d’abord trompettiste forcé
par un père strict, est devenu l’un des architectes sonores les plus reconnus
au monde. On découvre, souvent avec fascination, les origines de ses
compositions, qu’il s’agisse des sifflements iconiques de Le Bon, la Brute
et le Truand, des cordes envoûtantes de Mission, ou encore des
mélodies nostalgiques d’Once Upon a Time in America, sans doute son
chef-d’œuvre le plus intime et poignant.
Le film alterne
savamment entre des archives rares, des séquences de films magnifiquement
restaurées, et des témoignages vibrants de ceux qui ont travaillé avec
Morricone ou admiré son œuvre. De Quentin Tarantino à Hans Zimmer, de Clint
Eastwood à Bernardo Bertolucci, chaque invité apporte une perspective unique
sur l’impact universel du compositeur. Mais ce sont surtout les interventions
de Morricone lui-même, humble et méthodique, qui captivent. Sa capacité à
transformer une simple idée en une symphonie inoubliable laisse sans voix.
Tornatore insuffle à Ennio
une narration fluide et rythmée, respectant la structure d’une composition
musicale : une ouverture captivante, des montées en tension, des crescendos
d’émotion, et une conclusion mémorable. On suit l’évolution du compositeur, des
contraintes imposées par son père aux défis créatifs imposés par des
réalisateurs exigeants comme Sergio Leone, son vieil ami et complice. Leur
collaboration mythique, en particulier sur Il était une fois en Amérique,
est racontée avec une émotion palpable, rendant hommage à une alchimie unique
qui a marqué l’histoire du cinéma.
Mais Ennio ne
se limite pas à célébrer ses chefs-d'œuvre : le film explore également les
doutes et les frustrations d’un homme souvent tiraillé entre la reconnaissance
tardive de son génie et son aspiration constante à repousser les limites de son
art. Même avec deux Oscars, dont un d’honneur et un autre pour Les Huit
Salopards de Tarantino, Morricone n’a jamais cessé de se remettre en
question, cherchant à innover jusqu’à la fin.
Ce qui rend Ennio
inoubliable, c’est l’émotion brute qu’il suscite. Chaque mélodie, chaque
extrait nous transporte dans un état presque transcendantal. La musique de
Morricone, indémodable et immédiatement reconnaissable, résonne comme un
langage universel, capable de transmettre des émotions que les mots ne
suffisent pas à exprimer. Le film nous rappelle à quel point ces œuvres sont
inscrites dans nos mémoires collectives, qu’il s’agisse des westerns spaghetti,
des drames poignants ou des épopées historiques.
Son seul regret de ne
pas avoir travaillé avec Stanley Kubrick , il aurait dû faire Orange Mécanique
mais Leone refusa.
, Ennio est bien plus qu’un
documentaire : c’est une expérience sensorielle et émotionnelle inoubliable.
Tornatore réussit à capturer l’essence d’un homme et d’une œuvre qui ont
transcendé le temps, offrant aux spectateurs un voyage intime et exaltant au
cœur du génie de Morricone. Pour les amateurs de cinéma, de musique, ou tout
simplement de beauté, c’est un rêve éveillé. Indélébile, comme la musique
d’Ennio.
NOTE : 17.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation et scénario : Giuseppe Tornatore
- Photographie : Giancarlo Leggeri et Fabio Zamarion
- Montage : Massimo Quaglia
- Production : Gabriele Costa, Peter De Maegd, San Fu Maltha et Gianni Russo
- Coproduction : Tom Hameeuw
- Sociétés de production : Piano B Produzioni ; Potemkino, Fu Works, Terras, Gaga, Blossoms Island Pictures, Fonds Eurimages du Conseil de l'Europe et Bridging the Dragon (coproductions)
- Sociétés de distribution : Lucky Red (Italie) ; Le Pacte (France)
- Pays de production : Italie / Allemagne / Belgique / Chine / Japon / Pays-Bas
- Ennio Morricone : lui-même
- Giuseppe Tornatore : lui-même
- Quentin Tarantino : lui-même
- Clint Eastwood : lui-même
- John Williams : lui-même
- Hans Zimmer : lui-même
- Oliver Stone : lui-même
- Terrence Malick : lui-même
- Dario Argento : lui-même
- Wong Kar-wai : lui-même
- Barry Levinson : lui-même
- Bernardo Bertolucci : lui-même
- Quincy Jones : lui-même
- Bruce Springsteen : lui-même
- James Hetfield : lui-même
- Roland Joffé : lui-même
- Marco Bellocchio : lui-même
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