Vu le film Fêlés de Christophe Duthuron (2024) avec Pierre Richard Charlotte de Turckheim Bernard LeCoq Fred Blin Les Chiche Capon Mathieu Chedid François Berléand Arthur Jugnot Emilie Caen Patrick Ligardes Méliane Marcaggi
L'Arc-en-ciel est un authentique lieu associatif
à Marmande qui
accueille des personnes ordinaires mais violentées par la vie. Quand on menace
de les expulser, un élan de solidarité s'organise autour de Pierre, le
fondateur, pour sauver cette maison.
Il est des films qui, malgré leurs bonnes intentions,
échouent à captiver leur public. Malheureusement, Fêlés de Christophe
Duthuron en fait partie. Inspiré d'une histoire vraie, ce long-métrage
ambitionnait de rendre hommage à Pierre, un personnage dont la vie et le
courage méritaient d’être portés à l’écran. Mais ce qui aurait pu devenir un
vibrant documentaire tombe ici dans les travers d’une fiction maladroite et
bancale.
Le premier problème de Fêlés réside dans sa
durée. À force de s’étirer sur des scènes inutiles ou redondantes, le film
dilue l’impact émotionnel qu’il cherche à susciter. Là où un documentaire
concis aurait pu se concentrer sur les moments marquants de l’histoire de
Pierre, cette fiction s’enlise dans des détails superflus qui finissent par
épuiser le spectateur. Le rythme est pesant, et chaque minute supplémentaire
semble un défi.
Le deuxième écueil, bien plus grave, est l’impression
constante d’artifice. Duthuron semble obsédé par l’idée de "faire
vrai", mais il en oublie l’essentiel : la sincérité. L’histoire, pourtant
inspirée de faits réels, paraît étonnamment factice à l’écran. Les dialogues
sonnent faux, les situations manquent de naturel, et les émotions peinent à
franchir l’écran. Cette dissonance est particulièrement visible dans le jeu des
acteurs. Si les comédiens professionnels, habituellement garants d’une certaine
qualité, peinent ici à convaincre, c’est dire l’ampleur du problème. Les
performances des amateurs, bien qu’évidemment sincères, manquent de nuance et
ne font qu'accentuer la maladresse générale du projet.
Le traitement visuel ne sauve rien : la réalisation
oscille entre le banal et le franchement daté. On sent que les moyens ont
manqué pour offrir une esthétique qui aurait pu transcender les faiblesses
narratives. Les choix musicaux, eux aussi, ajoutent à l'impression d’un film
qui force ses effets sans jamais toucher juste.
Et pourtant, Fêlés avait des atouts. Le sujet,
profondément humain, aurait pu toucher une corde sensible. Pierre, par son
histoire et ses combats, méritait un traitement plus respectueux et, surtout,
plus inspiré. On imagine aisément qu’un documentaire aurait su capturer l’essence
de sa vie avec bien plus de pudeur et de vérité.
Fêlés est une œuvre
désespérément creuse, un projet plombé par ses ambitions mal maîtrisées et un
excès de pathos. En cherchant à magnifier la réalité, Christophe Duthuron a
produit une fiction artificielle, trop longue et laborieuse pour toucher son
public. Ce n’est pas seulement un rendez-vous manqué : c’est un film qui finit
par trahir l’hommage qu’il voulait rendre.
NOTE : 6.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Christophe Duthuron
- Scénario : Christophe Duthuron, Alfred Lot et Christophe Carrière
- Décors : Margaux Memain
- Costumes : Agnès Noden
- Photographie : Pierric Gantelmi d'Ille
- Son : Antoine Deflandre
- Montage : Jeanne Kef
- Production : Isaac Sharry
- Société de production : Vito Films
- Société de distribution : Pan Distribution
- Budget : 2,3 millions d'euros
- Charlotte de Turckheim : Madame Larrieu
- Bernard Le Coq : Daniel
- Pierre Richard : Pierre
- Méliane Marcaggi : Célaine
- François Berléand : le directeur de l'usine
- Émilie Caen : Louise
- Ricardo Lo Giudice : Ricardo
- Fred Blin : Fred
- Patrick de Valette : Patrick
- Matthieu Pillard : Matthieu
- Matthieu Chedid : lui-même
- Mona Caroff : Mona
- Christian Mazzuchini : François Tosquelles
- Arthur Jugnot : un organisateur de Garorock
- Patrick Ligardes : le banquier
- Flavie Péan : émissaire dep. 1 nord
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