Lorsque son chalutier tombe en panne, Stan, vieux marin
bourru, peine à trouver sa place sur la terre ferme. Françoise, sa femme, et
ses deux fils gendarmes, ont l'habitude de son mauvais caractère et de ses
petites embrouilles, mais ses ennuis prennent une autre ampleur quand il rentre
à la maison avec Bahman, 10 ans, trouvé dans un carton volé.
Tombés du Camion s’inscrit dans une lignée de
films français abordant la thématique de la rencontre entre des individus issus
de milieux différents – ici, un enfant migrant en difficulté et un père de
famille illettré. Sur le papier, le sujet a un certain potentiel pour traiter
de la solidarité humaine ou des travers de notre société, mais ce long-métrage
échoue à se démarquer d’un amas de clichés éculés et d’approximations
scénaristiques qui finissent par étouffer toute émotion sincère.
Le film mise ostensiblement sur le mélo pour susciter
l'empathie, mais à force de forcer la main du spectateur avec des situations
larmoyantes et prévisibles, il ne parvient jamais à toucher juste. On sent un
désir maladroit de cocher toutes les cases du "cinéma social" : la
pauvreté, l’exclusion, la famille, l’espoir d’un avenir meilleur... Pourtant,
le traitement est si convenu qu’il en devient contre-productif, offrant un
récit sans relief ni nuance.
Le père de famille illettré, incarné par un acteur certes
investi mais enfermé dans un rôle stéréotypé, illustre un énième exemple d’un
héros populaire bon mais limité, caricature de l’homme simple qui finit par
devenir un modèle de vertu. Sa relation avec l’enfant, censée être le cœur du
film, manque de crédibilité et d’évolution naturelle. Tout semble mécanique,
presque forcé, comme si les personnages n’étaient que des marionnettes au
service d’un message déjà vu et trop appuyé.
Quant au rôle de la mère, interprété par Valérie
Bonneton, il est étonnamment relégué à l’arrière-plan. Une femme qui a pourtant
élevé deux enfants devenus gendarmes avec un mari illettré aurait mérité une
place centrale dans le récit, ne serait-ce que pour illustrer la complexité de
son parcours ou la force de son caractère. Mais non, elle reste un accessoire
narratif, effacée, une décision qui reflète une vision rétrograde et dépassée
du cinéma familial.
Le film se veut une ode à la résilience et à la bonté
humaine, mais il tombe dans les travers d’un "cinéma moyenâgeux", où
tout est manichéen, où les personnages féminins sont sacrifiés, et où l’humour
– pourtant essentiel pour alléger ce genre d’histoire – est totalement absent.
L’ensemble ne décolle jamais vraiment, faute de surprises ou de moments
marquants.
Enfin, il est intéressant de noter que le public, souvent
réceptif aux récits humanistes, ne semble plus se laisser séduire par ces
approches paresseuses. Il en faut plus aujourd’hui qu’une simple recette
sentimentale pour toucher le spectateur, et Tombés du Camion n’offre
rien de suffisamment novateur ou sincère pour marquer les esprits.
Tombés du Camion est un film fade, qui croule sous
le poids de ses intentions bien-pensantes et de sa narration datée. Ce qui
aurait pu être une belle histoire d’entraide se transforme en une leçon de
morale laborieuse et maladroite, trop distante des vérités humaines pour
provoquer autre chose que l’ennui ou l’agacement.
NOTE : 6.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Philippe Pollet-Villard
- Scénario : Philippe Pollet-Villard, Thibault Valetoux et Allan Mauduit
- Musique : Bjorn Eriksson
- Décors : Sébastien Gondek
- Costumes : Sonia Philouze
- Photographie : Philippe Piffeteau - AFC
- Son : Thomas Pietrucci, Marion Papinot, Claire Cahu et Julie Tribout
- Montage : Mado Tareli
- Production : Fabrice Goldstein, Antoine Rein et Antoine Gandaubert
- Sociétés de production : Karé Productions, Panache Productions, Anga Productions et La Cie Cinématographique
- Société de distribution : Zinc Film et Other Angle Pictures
- Patrick Timsit : Stan Warliss
- Valérie Bonneton : Françoise Warliss
- Saaden Sada Balius : Bahman
- Sébastien Chassagne : Fabien Warliss
- Jules Garreau : Luc Warliss
- Karim Barras : Robert, ex-collègue devenu escroc
- Boutique Fabrice: Alec camionneur Roumain
- Mélanie Doutey : Nicole, prostituée, amie de Robert
- Samir Guesmi : Richard, ami de Robert
- Serge Riaboukine : Boyer, ancien patron de Stan
- François Neycken : Bob Delinck
- Jean-Benoît Ugeux : Maxence, camionneur belge employé de Bob
- Alain Bellot : Dirk, camionneur belge employé de Bob
- Cerise Péroua : Denise
- Élisabeth Tissot-Guerraz : la commandante
- Éric Leblanc : Ginesté
- Michel Masiero : Desnoyes
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