Vu le film Les Zozos de Pascal Thomas (1973) avec Frédéric Duru Edmond Raillard Virginie Thévenet Daniel Ceccaldi Annie Collé Jean Marc Cholet Serge Rousseau Jacques Debary
Frédéric et François sont deux
jeunes lycéens en internat. Petits amis de deux jeunes françaises pas assez
entreprenantes à leur goût, qu'ils surnomment "les pisseuses", et
entourés à l'internat d'une bande de jeunes mâles prétentieux prêts à raconter
n'importe quelle anecdote afin de passer pour des séducteurs, ils se mettent en
tête de rallier la Suède en auto-stop afin de découvrir des femmes plus faciles
que les Françaises, et de pouvoir raconter aux camarades d'internat leurs
nombreuses conquêtes. Mais en véritables zozos à peine sortis de leur nid, ils
aborderont avec timidité et hésitation leur nouvel habit de dragueurs
Pascal Thomas, dans Les Zozos
(1973), capte avec une fraîcheur désarmante l'insouciance et les tourments de
l'adolescence des années 70. Dans la lignée de À nous les petites Anglaises
(1976), le film s'inscrit dans cette veine des comédies initiatiques où la
quête amoureuse des jeunes héros sert de moteur principal. Cette fois-ci, ce ne
sont pas les brumes anglaises qui appellent à l'aventure, mais la Suède,
paradis fantasmé des élans adolescents. Thomas, toujours délicat, privilégie un
regard tendre et amusé sur cette jeunesse obsédée par l'idée des filles, mais
surtout prisonnière de ses rêves maladroits et de ses illusions.
Les pensionnaires de cet internat,
incarnés par des comédiens débutants et prometteurs, nous font voyager dans un
monde révolu, celui où l'on écrivait encore des lettres enflammées et où les
voyages étaient une aventure plus grande qu'eux-mêmes. À travers leurs
péripéties – entre les heures d'étude volées à la rêverie et les discussions
interminables sur leurs fantasmes – Thomas dépeint une époque où l'éveil à
l'amour et au désir était encore marqué par une certaine naïveté. Contrairement
à des œuvres comme American Pie, souvent perçues comme plus
caricaturales et vulgaires, Les Zozos reste un portrait subtil, évitant
la lourdeur et le graveleux pour se concentrer sur l'humanité de ses
personnages.
La mise en scène, sans prétention,
trouve sa force dans une narration fluide et un humour léger, parfois teinté
d'une douce mélancolie. On rit des maladresses de ces jeunes gens, on sourit de
leurs tentatives désespérées pour séduire, mais on est aussi ému par la
sincérité de leurs émotions, qui résonnent avec une universalité intemporelle.
Les dialogues, vifs et naturels, rendent les personnages attachants malgré leur
obsession monomaniaque pour le sexe opposé.
On pourrait toutefois regretter
que les jeunes comédiens, dont certains laissaient entrevoir un talent certain,
n'aient pas poursuivi leur carrière après cette première incursion. Virginie
Thévenet, qui a continué en tant que réalisatrice, reste une exception notable.
Derrière son sourire juvénile se dessinait déjà une sensibilité singulière, qui
trouvera à s'exprimer dans des films comme La Nuit porte-jarretelles
(1985).
Enfin, au-delà de ses personnages,
Les Zozos immortalise les seventies avec un charme nostalgique. La
bande-son, les décors et les costumes restituent une époque où les rêves
d’ailleurs et d’émancipation passaient par les voyages et les échanges
culturels. Ce séjour fantasmé en Suède, avec ses blondes éthérées et sa
promesse de liberté, devient le miroir des aspirations de toute une génération.
Les Zozos est un film qui, s’il n’atteint
pas les sommets d’une œuvre culte, demeure une charmante capsule temporelle.
Loin des excès de certaines comédies adolescentes plus modernes, il séduit par
sa légèreté, sa sincérité et son humour bienveillant. Idéal pour un moment de
détente, ce petit bijou des années 70 mérite d’être redécouvert, non pour sa
révolution cinématographique, mais pour l’authenticité et la fraîcheur qu’il
véhicule encore aujourd’hui
NOTE : 12.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Pascal Thomas, assisté de Laurent Ferrier
- Scénario : Pascal Thomas (scénario, adaptation) et Roland Duval (scénario et adaptation)
- Photographie : Colin Mounier
- Son : Pierre Lenoir
- Musique : Vladimir Cosma
- Production : Albina Productions - Les Films du Chef Lieu
- Frédéric Duru : Frédéric
- Edmond Raillard : François
- Virginie Thévenet : Martine
- Annie Colé : Elisabeth
- Jean-Marc Cholet : Paringaux
- Jean-Claude Antezack : Vénus
- Patrick Colé : Raymond
- Thierry Robinet : Thomas
- Patrice Tremblin : La Musique
- Caroline Cartier : Nelly
- Daniel Ceccaldi : L'oncle Jacques
- Jacques Debary: Le surveillant général
- Serge Rousseau : Le Professeur
- Birgitta Klerk : La Fille du Pasteur
- Marie-Louise Donner : Marie-Louise
- Tove Nilsson : Tove
- Pierre Lenoir (ingénieur du son) : le Suédois jaloux
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