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mercredi 25 décembre 2024

15.00 - MON AVIS SUR LE FILM TO BE OR NOT TO BE DE ALAN JOHNSON (1983)

 


Vu le film To Be Or Not to Be de Alan Johnson (1983) avec Mel Brooks (Anne Bancroft)   Christopher Lloyd Charles Durning Ronny Graham Tim Matheson Jack Riley George Wyner Estelle Reiner José Ferrer

1939. L'Europe est à la veille de la guerre. À Varsovie, le comédien Frederick Bronski vole de succès en succès. Chaque soir, lors de son interprétation du rôle de Hamlet, un homme, toujours le même, se lève et quitte la salle en manifestant bruyamment sa désapprobation.

Remake du chef-d'œuvre d’Ernst Lubitsch de 1942, To Be or Not to Be (1983) est un film où l’ombre de Mel Brooks plane sur chaque scène, même s’il ne se trouve pas derrière la caméra, mais à la production et dans le rôle principal. Alan Johnson, le réalisateur, semble ici canaliser l'énergie débridée et l’humour acide de Brooks pour réinterpréter cette comédie dramatique qui se moque du régime nazi tout en dénonçant ses atrocités. Si l’original de Lubitsch brillait par son élégance subtile et son ironie mordante, ce remake y ajoute une touche de folie typique de Mel Brooks, un des maîtres incontestés de l’humour des années 70 à 90.

Le film prend place dans la Varsovie occupée, où une troupe de théâtre dirigée par le couple Frederick et Anna Bronski (joués par Mel Brooks et Anne Bancroft) se retrouve mêlée à une mission d'espionnage visant à contrecarrer les plans nazis. Le scénario reste fidèle à la trame de l'original, mais y injecte une dose de satire explosive et de gags visuels qui portent la marque inimitable de Brooks. L’humour, ici, ne connaît aucune limite : qu’il s’agisse d’un numéro musical décalé comme « Sweet Georgia Brown » en version allemande ou des absurdités des dialogues nazis, le rire devient une arme contre la barbarie.

L’interprétation de Mel Brooks est, comme toujours, un modèle de démesure contrôlée. Il joue le comédien vaniteux et maladroit avec une justesse comique qui frôle parfois l’autoparodie, tout en insufflant une humanité inattendue à son personnage. Anne Bancroft, sa partenaire à l’écran et dans la vie, est tout simplement formidable. Son charme, son intelligence et son timing impeccable élèvent chaque scène où elle apparaît, apportant une dimension plus nuancée et sophistiquée à cette farce explosive. Le duo forme une alchimie parfaite, leur complicité réelle transparaissant dans les dialogues et les situations.

Mais la grande surprise du film reste Charles Durning, qui incarne le colonel nazi Erhardt avec un génie comique qui lui vaut une nomination bien méritée aux Oscars. Sa prestation, oscillant entre l’absurde et la menace réelle, est un exemple brillant de l’équilibre fragile entre rire et gravité qui définit le ton du film. Il incarne un nazi aussi grotesque que terrifiant, un personnage qui fait écho à la tradition burlesque de ridiculiser les dictateurs.

Au-delà des performances, To Be or Not to Be joue habilement sur des thèmes universels et intemporels : le pouvoir de l’art et du théâtre comme acte de résistance, la force du collectif face à la tyrannie, et la manière dont l’humour peut être une arme redoutable contre l’oppression. Tout comme le film original de Lubitsch, ce remake navigue entre la légèreté de la comédie et la gravité d’un sujet tragique, sans jamais basculer dans le mauvais goût.

Certes, certains puristes pourraient regretter l’absence de la subtilité légendaire de Lubitsch, remplacée ici par la bouffonnerie et les excès typiques de Mel Brooks. Mais c’est précisément cette exubérance, ce refus des conventions, qui rend ce remake si particulier. Là où Lubitsch visait le sourire en coin, Brooks et Johnson visent le rire franc et bruyant, tout en conservant l’essence satirique et critique de l’original.

  To Be or Not to Be version 1983 est une réussite audacieuse, drôle à en pleurer, mais aussi intelligente et subversive. Mel Brooks prouve une fois de plus que l’humour peut désarmer même les sujets les plus sombres. Et avec Anne Bancroft et Charles Durning à ses côtés, ce film se hisse au rang des meilleures comédies du cinéma des années 80. Un hommage vibrant à Lubitsch, mais aussi une œuvre qui se tient fièrement sur ses propres bases.

NOTE : 15.00

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