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lundi 3 mars 2025

PALMARES OSCARS 2025


PALMARES OSCARS 2025

Meilleur film

  • The Substance – Pierre-Oliver Persin, Stéphanie Guillon et Marilyne Scarselli
  • The Only Girl in the Orchestra – Molly O'Brien et Lisa Remington
  • I'm Not a Robot – Victoria Warmerdam et Trent
  • In the Shadow of the Cypress – Shirin Sohani et Hossein Molayemi

dimanche 2 mars 2025

11.10 - MON AVIS SUR LE FILM BRIDGET JONES FOLLE DE LUI DE MICHAEL MORRIS (2025)


Vu le film Bridget Jones Folle de Lui de Michael Morris (2025) avec Renée Zellweger Hugh Grant Colin Firth Leo Woodall Chiwetel Ejiofor Isla Fisher Nico Parker Emma Thomson Sarah Solemani Jim Broadbent Gemma Jones

Bridget Jones a cinquante-deux ans et deux enfants. Après le décès de Mark Darcy, avec qui elle a vécu dix ans de bonheur, elle est à nouveau en quête de l'homme idéal. Mais ce n'est pas si facile de se remettre sur le marché du célibat. Les mésaventures de Bridget n'ont rien perdu de leur piquant.

Bridget Jones : Folle de lui marque le retour de la plus célèbre célibataire londonienne, désormais à une nouvelle étape de sa vie. Veuve de Mark Darcy depuis plusieurs années, elle élève seule leurs deux enfants, William et Jane, tout en essayant de concilier son travail de productrice télé et sa vie sentimentale toujours aussi rocambolesque. À cinquante ans, Bridget est à la croisée des chemins : entre son passé qu’elle peine à laisser derrière elle et l’envie de se réinventer, son cœur balance.

Sa rencontre avec le séduisant et bien trop jeune Roxter (Leo Woodall), un influenceur sportif aussi charmant qu’immature, la pousse dans une relation inattendue. Si la passion est bien là, Bridget doute : peut-elle sérieusement envisager une histoire durable avec un homme de vingt ans son cadet ? Ses amis, Shazza, Jude et Tom, toujours fidèles au poste, oscillent entre encouragements et moqueries, tandis que sa mère Pam ne se prive pas de donner son avis tranché sur la situation.

Cherchant des repères, Bridget se tourne vers son passé et notamment vers Daniel Cleaver (Hugh Grant), qui, après des années d'absence, réapparaît dans sa vie. Désormais assagi – du moins en apparence – et toujours aussi charmeur malgré ses tempes grisonnantes, Daniel s'impose peu à peu comme un confident inattendu, voire un prétendant sérieux. Mais peut-elle vraiment lui faire confiance après tant de désillusions ?

L’humour si particulier de la saga est toujours présent, notamment grâce aux séances médicales ubuesques chez la gynécologue (Emma Thompson, hilarante), qui offrent certaines des scènes les plus drôles du film. Entre quiproquos gênants, confidences inavouables et gaffes en série, Bridget reste fidèle à elle-même : imparfaite, maladroite mais profondément attachante.

Néanmoins, l’intrigue peine à se renouveler. Les ficelles narratives rappellent celles des précédents opus, et on sent que le concept s’essouffle. Bridget, toujours en proie aux mêmes doutes et aux mêmes dilemmes amoureux, peine à évoluer réellement. L’humour fonctionne encore, mais le film repose beaucoup sur la nostalgie du public.

, Bridget Jones : Folle de lui est une comédie romantique charmante, portée par la tendresse que l’on éprouve pour son héroïne. Moins surprenant que ses prédécesseurs, il offre tout de même un dernier tour de piste à Bridget, qui mériterait peut-être, enfin, de trouver la sérénité et de ranger sa culotte bouffante

 NOTE : 11.10

FICHE TECHNIQUE


Productrices déléguées : Helen Fielding, Amelia Granger et Sarah Jane Wright

DISTRIBUTION

12.20 - MON AVIS SUR LE FILM ANTOINE ET ANTOINETTE DE FRANCOIS TRUFFAUT (1962)


Vu le film Antoine et Colette de François Truffaut (1962) avec Jean Pierre Leaud Marie France Pisier Rosy Varte François Darbon Patrick Auffay Jean François Adam Henri Serre

Antoine Doinel a 17 ans et vit place de Clichy, au deuxième étage du 1 rue Forest. Il travaille chez Philips, dans une usine de fabrication de disques. Lors d'un concert aux Jeunesses musicales, il est attiré par une jeune fille. Antoine s'approche d'elle et obtient son numéro de téléphone. Elle s'appelle Colette. Ils se rencontrent plusieurs fois aux concerts et bavardent. Antoine lui rend visite chez ses parents, qui l'invitent à dîner et semblent contents du nouveau soupirant de leur fille. Pour être plus près d'elle, Antoine emménage dans un studio en face de la famille de Colette. Il lui envoie une déclaration d'amour, mais Colette ne partage pas ses sentiments. Très blessé, Antoine se terre dans son studio et ne sort plus. Colette passe chez lui pour l'inviter à dîner. Toute la famille croit que les jeunes gens iront au concert ensemble. Mais c'est alors qu'arrive Albert, un jeune homme plus mûr et plus sûr de lui, auprès de qui Antoine dépité paraît encore un adolescent ; il sort avec Colette (« On s‘tire ! » dit-elle). Les parents, déçus, s'installent pour regarder la télévision avec Antoine…

 

Antoine et Colette est une transition douce entre Les 400 coups et Baisers volés, une parenthèse où Doinel, devenu adolescent, découvre les premiers élans de l’amour et les désillusions qui l’accompagnent.

La première image du film, avec le Gaumont Palace (qui projette Le Comte de Monte Cristo)  donne le ton : Truffaut ancre son récit dans un Paris révolu, celui des grandes salles de cinéma, des quartiers populaires encore accessibles. Il y a dans cette ouverture une nostalgie implicite, une déclaration d’amour à un monde qui se transforme et qui, comme Antoine, cherche sa place.

On retrouve un Doinel toujours un peu rêveur, toujours fasciné par les femmes, tiraillé entre l’innocence de l’enfance et la complexité des sentiments. Son obsession pour les jupons est ici plus maladroite, moins dramatique que dans Les 400 coups. On le sent encore enfant dans son approche des relations : il idéalise Colette, croit naïvement à une romance possible, sans voir qu’elle le cantonne dans le rôle du bon ami.

Ce qui frappe aussi, c’est la mise en scène plus légère de Truffaut. Moins brut que Les 400 coups, moins construit que Baisers volés, Antoine et Colette est un instantané, une tranche de vie qui capte avec délicatesse l’apprentissage de la frustration sentimentale. Doinel n’est plus un enfant rebelle, mais un jeune homme qui se cogne contre la réalité des sentiments.

Un épisode touchant, qui garde ce charme à la fois naïf et mélancolique, où l’on sent déjà l’empreinte de ce qui fera l’essence de Doinel adulte : un personnage toujours un peu à côté de ses rêves, perpétuellement en quête d’un amour idéal.

NOTE : 12.20

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

12.20 - MON AVIS SUR LE FILM MEURTRES ? DE RICHARD POTTIER (1950)


Vu le film Meurtres ? de Richard Pottier (1950) (scénario et Dialogues Henri Jeanson ) avec Fernandel Raymond Souplex Jeanne Moreau Jacques Varennes Colette Mareuil Fernand Sardou Jacques Berlioz Jackie Sardou Mireille Perrey Line Noro

Blaise et Hervé Annequin, arrivistes et dédaigneux, mènent la vie dure à leur jeune frère, Noël. Grand viticulteur, ce dernier doit faire face au cancer de sa femme. Pour mettre fin à ses souffrances, il décide de l'euthanasier. Cependant, Blaise et Hervé, trop à cheval sur leur réputation, préfèrent le dénoncer et le faire interner. Seule la petite nièce de Noël va tout faire pour lui faire retrouver sa liberté.

Richard Pottier signe avec Meurtres ? un drame psychologique d’une intensité rare, offrant à Fernandel un rôle à contre-courant de ses habitudes comiques. Loin des figures joviales de Pagnol et des accents chantants de la Canebière, il incarne ici un homme rongé par le doute, la culpabilité et une société qui cherche à l’engloutir. Cette plongée dans la conscience humaine autour d’un sujet brûlant – l’euthanasie – résonne encore aujourd’hui avec une force troublante.

L’histoire est simple mais d’une puissance redoutable : un homme, aimant et dévoué, met fin aux souffrances de sa femme gravement malade. Mais ce geste d’amour devient une malédiction lorsque son propre entourage, soucieux de préserver son honneur et ses intérêts économiques, refuse de le voir se livrer à la justice. Plutôt qu’un criminel, il devient un gêneur, une ombre qu’il faut enfermer. L’institution psychiatrique devient alors un moyen de dissimuler l’inavouable : la haute bourgeoisie ne protège pas l’individu, elle protège son image et son pouvoir.

Fernandel, tout en retenue, livre une performance bouleversante. Son regard, chargé de douleur et d’incompréhension, trahit l’homme dépassé par la mécanique implacable de son propre monde. Henri Jeanson, avec la verve qu’on lui connaît, signe des dialogues ciselés qui appuient la critique sociale sans la surjouer. Il ne s’agit pas d’un pamphlet tapageur, mais d’un constat amer sur la puissance des conventions et de l’hypocrisie.

Autour de lui, des seconds rôles marquants. Raymond Souplex, avec sa gouaille, campe un personnage solide, tandis que Jeanne Moreau, encore jeune dans sa carrière, laisse déjà entrevoir la magnétisme qui fera d’elle une icône du cinéma français.

Quant à la question centrale du film : que ferions-nous à sa place ? La réponse n’est pas si simple. Dans un monde idéal, la justice reconnaîtrait son geste comme un acte d’humanité. Mais dans la réalité du film, il se heurte à un mur d’intérêts froids et calculés. Aurais-je eu le courage de me battre, de résister à cette famille prête à m’anéantir ? Ou aurais-je, comme lui, été broyé par une machine sociale impitoyable ?

Meurtres ? n’apporte pas de réponse tranchée. Il nous laisse face à notre propre conscience, et c’est là sa plus grande force.

NOTE : 12.20

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION


samedi 1 mars 2025

14.80 - MON AVIS SUR LE FILM UN HOMME DE TROP DE COSTA GAVRAS (1


 Vu le film Un Homme de Trop de Costa Gavras (1967) avec Bruno Cremer Claude Brasseur Michel Piccoli Charles Vanel Jean Claude Brialy Jacques Perrin Gérard Blain Michel Creton Julie Dassin François Périer Claude Brosset Pierre Clémenti Patrick Préjean Maurice Garrel

En 1943, au prix d'une opération risquée, un groupe de résistants d'un maquis des Cévennes réussit à libérer de leur prison douze condamnés à mort. Une fois en lieu sûr, il s'avère que, parmi les évadés, il y a un homme de trop. Tandis que les Allemands sont sur leurs traces, les chefs du maquis se demandent ce qu'il faut faire de cet inconnu.

Avant de devenir le maître incontesté du thriller politique avec des films comme Z et L’Aveu, Costa-Gavras signait en 1967 Un Homme de Trop, une œuvre moins connue mais déjà fascinante par sa manière de scruter les zones d'ombre de l'Histoire. Adapté du roman de Pierre Chabrol, le film plonge dans l'univers des maquisards pendant l'Occupation, explorant les dilemmes moraux et les conflits idéologiques qui traversaient la Résistance. C’est une découverte étonnante dans la filmographie de Gavras, où l’on retrouve déjà les germes de ses obsessions futures : la trahison, l'honneur, la vengeance et la complexité politique.

Le récit suit un groupe de résistants ayant libéré une douzaine de prisonniers des griffes des nazis. Parmi eux, un homme de trop, un inconnu dont on ignore l'identité et les intentions. Dès lors, le doute s’installe : est-il un compagnon de lutte ou un traître infiltré ? Costa-Gavras utilise ce mystère pour installer un suspense oppressant qui ne faiblit jamais, jusqu’à la révélation finale. Le titre prend alors tout son sens, suggérant à la fois une menace et une culpabilité collective.

Le film se déroule presque intégralement dans les maquis, au cœur des montagnes, un décor à la fois majestueux et oppressant. Gavras utilise cet environnement sauvage pour accentuer l’impression de piège qui se referme lentement autour des résistants. On ressent leur isolement, leur vulnérabilité face à un ennemi invisible. Chaque sentier, chaque buisson peut cacher un danger. Cette atmosphère claustrophobique transforme les maquis en une prison à ciel ouvert, renforçant l'idée que la liberté, pour laquelle ils se battent, est toujours hors de portée.

Ce cadre sert également à explorer la complexité morale de la Résistance. Loin de l'image héroïque et monolithique souvent véhiculée, Un Homme de Trop montre un groupe hétérogène, où se côtoient des hommes de convictions politiques différentes – communistes, anarchistes, gaullistes – unis par une cause commune mais profondément divisés sur les méthodes à employer. Gavras ne cherche pas à enjoliver la réalité : il montre les doutes, les trahisons potentielles, les exécutions nécessaires pour la sécurité du groupe. La question de la fin justifiant les moyens plane en permanence, rendant les choix des personnages d'autant plus déchirants.

Le suspense naît de cette méfiance omniprésente. On sent le groupe sur le fil du rasoir, à la merci d'une parole maladroite ou d'un geste suspect. Chaque personnage pourrait être le traître. Costa-Gavras filme leurs interactions avec une intensité remarquable, jouant sur les silences et les regards fuyants. Il utilise des gros plans qui capturent la peur et le doute, créant une tension palpable qui traverse tout le film.

Ce réalisme psychologique est porté par une distribution impressionnante. Bruno Cremer impérial en chef de maquisard, incarne l'autorité charismatique mais usée par le poids de ses responsabilités. Charles Vanel dégage une force tranquille teintée de mélancolie, tandis que Michel Piccoli apporte une ambivalence troublante à son personnage. Mais c’est Jacques Perrin qui marque les esprits en jeune idéaliste dont les illusions se brisent face à la dure réalité de la guerre. Ce casting impeccable donne vie à des personnages complexes, loin des stéréotypes de héros résistants.

Un Homme de Trop annonce déjà les thématiques chères à Gavras : la lutte politique, le poids de la trahison, l'ambiguïté morale des actes violents. Mais il est aussi remarquable par son traitement nuancé de l’héroïsme, refusant la glorification facile pour montrer la Résistance dans toute sa complexité. En cela, le film rappelle l'approche de Jean-Pierre Melville dans L'Armée des Ombres, bien qu'il s'en distingue par un style plus réaliste et un suspense presque paranoïaque.

Costa-Gavras ne juge jamais ses personnages, laissant au spectateur le soin de naviguer dans cette zone grise où les concepts d'honneur et de trahison se mêlent inexorablement. Ce choix rend le film d'autant plus puissant, car il nous confronte à notre propre perception de la justice et du sacrifice.

Un Homme de Trop est une œuvre rare, qui mérite d'être redécouverte tant pour sa maîtrise narrative que pour son exploration des dilemmes moraux de la Résistance. C’est aussi un jalon important dans la carrière de Costa-Gavras, un réalisateur qui n’aura de cesse de questionner le pouvoir et ses compromissions. Un film nécessaire, aussi complexe et fascinant que l'Histoire qu'il raconte.

NOTE : 14.80

FICHE TECHNIQUE