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samedi 30 novembre 2024

8.50 - VU LE FILM DOWN LAW DE RIGHTOR DOYLE (2023)

 


Vu (sur Prime Vidéo) le film Down Low de Rightor Doyle (2023) avec Zachary Quinto Lukas Cage Simon Rex Sebastian Arroyo Judith Light Audra MacDonald Christopher Reed Brown Dominique Allen Lawson

Divorcé malgré lui, Gary embauche Cameron, un fougueux travailleur du sexe sans tabous pour lui donner un massage érotique. Lorsque Cameron réalise à quel point Gary manque d'expérience, il décide de lui donner un cours intensif sur le cynique mode de vie queer.

Down Low, réalisé par Rightor Doyle, est une comédie noire qui surprend et déjoue les attentes avec une audace folle. Ce qui commence comme un film apparemment vulgaire, flirtant avec le scandale et les clichés sur le sexe gay, se transforme rapidement en une expérience cinématographique déjantée et nuancée, qui parvient à conjuguer l’humour trash avec des moments de vulnérabilité et d’émotion sincère.

Au centre du récit, Gary (joué par Zachary Quinto) et Cameron (Lukas Cage) forment un duo improbable mais magnétique. Gary, un homme en fin de vie qui découvre tardivement son identité et ses désirs, est une figure tragique enveloppée dans une comédie rocambolesque. Quinto livre une performance à fleur de peau, oscillant entre détresse et libération. Cameron, quant à lui, est un jeune escort au cœur d’or mais à la morale flexible, incarné avec une énergie explosive par Rex. La complicité entre les deux personnages donne au film un ancrage émotionnel fort, même dans ses moments les plus absurdes.

Le film se distingue par son ton décomplexé. Les scènes de sexe explicites, les cadavres accidentels, et les nettoyages macabres à la Dexter sont autant d’éléments qui auraient pu sombrer dans le grotesque gratuit. Pourtant, Doyle parvient à leur insuffler un rythme frénétique et un humour corrosif, tout en maintenant un fil rouge émotionnel solide. Le spectateur rit souvent – parfois à contre-cœur – mais ne perd jamais de vue le drame latent de Gary, dont la maladie et les regrets servent de toile de fond poignante.

Ce qui rend Down Low particulièrement rafraîchissant, c’est son absence totale de compromis. Doyle ne cherche pas à édulcorer ou à lisser son propos pour plaire à un public plus large. Le film est fièrement queer, non seulement dans son casting et son intrigue, mais aussi dans sa manière de casser les conventions et d’embrasser la marginalité. La mise en scène virevoltante et la narration imprévisible reflètent cette liberté totale.

Down Low est bien plus qu’une simple comédie loufoque. C’est une œuvre à la fois hilarante et touchante, portée par des acteurs qui, au sens propre comme au figuré, se mettent à nu pour offrir une expérience unique. À la croisée du burlesque et du tragique, le film célèbre l’excentricité, la sexualité, et la complexité des relations humaines avec un aplomb rare. Que demander de plus ? Une comédie qui décoiffe, certes, mais qui fait aussi réfléchir et émeut en profondeur.

Comédie menée par deux acteurs de la communauté LGBTQI ce qui donne plus de sel au film

NOTE ; 8.50

DISTRIBUTION

12.10 - MON AVIS SUR LE FILM TIGRES ET HYENES DE JEREMIE GUEZ (2024)


 Vu (sur Prime Vidéo) le film Tigres et Hyenes de Jérémie Guez (2024) avec Sofiane Zermani (Fanzio) Waer Zerzoub Géraldine Nakache Olivier Martinez Vincent Perez Samir Guesmi Rabah Nait Oufella Cassandra Cano Omar Salim Évelyne El Garby Klaï Losene Keita Vincent Lecuyer

Trafiquant de drogue, Malik, apprend que son beau-père Serge Lamy, qui lui a jadis sauvé la vie, s'apprête à être jugé avec des complices pour une attaque à main armée. Lors du procès, Malik fait la connaissance de l'avocate de l'un des prévenus, Iris. Cette dernière propose au jeune homme un arrangement. Malik doit participer à un autre casse, très dangereux, en échange de la liberté de Serge. Se sentant redevable envers Serge, Malik finit par accepter et se joint à l'équipe du casse. Tous sont d'anciens criminels, aujourd’hui rangés et repentis : Avi, Ange et Azzedine.

Tigres et Hyènes, réalisé par Jérémie Guez, se révèle être une véritable surprise, un film qui, sans révolutionner le genre, parvient à captiver par son intensité brute et son efficacité redoutable. C’est un polar nerveux qui mélange habilement l’ancienne garde du crime et la nouvelle génération, tout en y injectant une touche féminine à la fois cynique et intrigante.

D’un côté, les vétérans du milieu, incarnés par Vincent Perez, Olivier Martinez apporte une dimension presque crépusculaire. Ces "tigres" de l’ancienne école, désabusés mais toujours dangereux, contrastent avec la fougue et l’énergie des "hyènes", une nouvelle génération de braqueurs incarnée par Samir Guesmi, Waer Zersoub, et un impressionnant Fianzo. Ce dernier, connu pour sa carrière dans le rap, étonne par une interprétation à la fois authentique et brute, qui donne au personnage une profondeur inattendue. La dynamique intergénérationnelle fonctionne à merveille, jouant sur les codes du respect et du conflit, tout en explorant les différences d’approches dans le crime organisé.

Le personnage de Géraldine Nakache, dans le rôle de l'avocate, ajoute une couche de cynisme calculateur qui enrichit l’intrigue. Contrairement aux stéréotypes de l'avocate noble et idéaliste, elle est ici motivée par l'argent et le pouvoir, un choix rafraîchissant qui ancre encore davantage le film dans une réalité sombre et désillusionnée.

L’action, filmée avec une précision chirurgicale, constitue le cœur palpitant du film. Les deux scènes principales – le braquage audacieux sur une autoroute et surtout l’évasion spectaculaire du Palais de Justice – démontrent tout le talent de Guez pour capturer l’urgence et la tension. La mise en scène rappelle effectivement Olivier Marchal, mais sans sombrer dans l’excès. Ici, tout est resserré, viscéral, et incroyablement efficace. Le réalisme de ces scènes transporte le spectateur au cœur de l’action, chaque coup de feu et chaque mouvement étant ressenti avec une intensité palpable.

Le film ne prétend pas philosopher sur la condition humaine ni réinventer le polar, mais il excelle dans ce qu'il entreprend : offrir un thriller haletant, brut, et sans fioritures. L’équilibre entre action, tension dramatique et personnages bien campés en fait une œuvre qui, sans être parfaite, se démarque par sa sincérité et son impact. Jérémie Guez prouve qu’il sait manier les codes du genre avec talent, insufflant une énergie qui maintient le spectateur en haleine jusqu’à la dernière minute. Une vraie réussite, à la fois classique et moderne.

NOTE ; 12.10

FICHE TECHNIQUE


  • Réalisation : Jérémie Guez
  • Scénario : Jérémie Guez et Louis Lagayette
  • Musique : Lionel Limiñana et David Menke
  • Décors : N/A
  • Costumes : Sybille Langh
  • Photographie : Léo Lefèvre
  • Montage : N/A
  • Production : Aimée Buidine, Julien Madon
Coproduction : Bastien Sirodot
  • Sociétés de production : AMP Filmworks et Cheyenne Federation
  • Société de distribution : Prime Video
  • Budget : 9 millions d'euros

DISTRIBUTION

5.80 - VU LE FILM LARGO WINCH LE PRIX DE L'ARGENT DE OLIVIER MASSET DEPASSE (2024)


Vu le film Largo Winch 3 Le Prix de l’Argent de Olivier Masset Depasse (2024) avec  Tomer Sisley James Franco Clotilde Hesme Elie Tilloloy Narayan David Hecter Koen de Bouw Denis O’Hare François Eric Gendron Supachai Girdsuwan

Depuis l'enlèvement brutal de son fils Noom, Largo Winch fait l'objet d'une impitoyable machination cherchant à l'anéantir et à détruire le groupe W. Pour faire éclater la vérité et retrouver son fils, Largo se lance dans une traque sans relâche. Des forêts canadiennes, en passant par Bangkok jusque dans les profondeurs des mines birmanes, il ne sait pas encore qu'il devra faire face aux démons du passé.

Largo Winch : Le Prix de l'Argent illustre une tendance assez courante dans les adaptations cinématographiques : la dilution de l’essence même de l’œuvre originale au profit d’un format plus générique, souvent taillé pour plaire à un public large mais moins exigeant.

Dans les BD, Largo Winch incarne un équilibre subtil entre thriller financier, action, réflexion philosophique et exploration des dilemmes éthiques liés au pouvoir. Chaque album a un souffle unique, presque cinématographique dans son découpage et ses dialogues, mais toujours ancré dans une réflexion humaine profonde. Les thématiques de la BD sont riches : la solitude du pouvoir, la tension entre morale et business, ou encore l’identité.

En revanche, dans les films récents de la saga, cet équilibre semble souvent sacrifié sur l’autel du spectaculaire et du rythme effréné. Le Prix de l'Argent, par exemple, paraît plus se concentrer sur des scènes d’action tape-à-l’œil et des rebondissements parfois prévisibles. Ce n’est pas que l'action soit mal exécutée, mais elle finit par supplanter les éléments intellectuels et émotionnels qui faisaient le cœur de la BD. Résultat : Largo devient un héros d’action générique, plus proche de Jason Bourne que du personnage complexe qu’on a aimé dans les albums de Jean Van Hamme et Philippe Francq.

Un autre problème est l’évolution de la saga vers une simplification excessive des intrigues financières. Dans les BD, les mécanismes économiques sont fascinants, crédibles et souvent bien expliqués. Dans les films, ils servent plutôt de toile de fond vague, sans l’approfondissement qui captiverait un public avide de complexité. On perd ce sentiment de pénétrer les rouages d’un monde à la fois fascinant et impitoyable.

Largo Winch au cinéma a peut-être perdu ce qui faisait son charme dans la BD : l’alliance d’un réalisme captivant, d’une écriture soignée et d’un héros à la fois charismatique et vulnérable. Mais tout n'est pas à jeter. Ces films peuvent encore séduire ceux qui cherchent une bonne dose d’action et une esthétique soignée, même s'ils risquent de laisser les fans de la BD un peu frustrés. La saga a besoin de retrouver son âme pour redevenir ce qui la rendait unique, au lieu de s’effacer dans l'ombre d'autres franchises plus calibrées pour le grand écran.

James Franco dans un projet comme Largo Winch : Le Prix de l'Argent peut donner une impression un peu amère, surtout pour un acteur qui a longtemps cultivé une carrière à la croisée de films grand public et projets plus audacieux. Après ses déboires personnels et professionnels, il aurait pu espérer un retour plus marquant, dans un film qui mette en valeur son talent. Or, dans ce contexte, il semble jouer les seconds couteaux dans une production qui ne lui offre ni la profondeur dramatique ni le charisme qu'il est capable d'apporter à l'écran.

James Franco, malgré ses controverses, reste un acteur polyvalent et ambitieux, capable d’incarner des rôles complexes (127 heures, The Disaster Artist) comme de s’amuser dans des blockbusters (Spider-Man, This Is the End). Ici, il est coincé dans un rôle qui, visiblement, ne fait que remplir une fonction narrative, sans véritable relief ni opportunité de briller.

Pour lui, ce choix semble davantage un moyen de "remettre un pied dans la salle" qu’un véritable projet porteur. Cela reflète probablement aussi la difficulté pour un acteur ayant subi un backlash médiatique de retrouver des rôles prestigieux, surtout dans une industrie où l'image publique est cruciale. Mais ce genre de rôle alimentaire ne contribue malheureusement pas à relancer sa carrière : il y apparaît plus comme un acteur qui tente de recoller les morceaux que comme une force créative en pleine renaissance.

Peut-être que Franco parviendra à se redéfinir dans des projets plus intimistes ou artistiques, là où il excelle souvent, loin des grosses productions trop formatées. Mais ici, son passage dans Largo Winch risque de ne laisser qu’un souvenir fugace, aussi bien pour les spectateurs que pour lui-même. Un retour sur grand écran qui, malheureusement, manque de panache.

NOTE : 5.80

FICHE TECHNIQUE

DISTRIBUTION

MON TOP 30 DES FILMS AVEC CHARLES DENNER (1926-1995)


 Voici la Récap de Mon TOP30 de Films avec Charles Denner


1 L'Homme qui aimait les Femmes
2 L'Aventure c'est l'Aventure
3 L'Héritier
4 Le Voleur
5 Z
6 La Mariée Etait en Noir
7 Les Mariés de l'An II
8 Peur sur la Ville
9 Mado
10 Landru
11 Robert et Robert
12 Mille Milliards de Dollars
13 L'Honneur d'un Capitaine
14 Le Voyou
15 Les Assassins de l'Ordre
16 Compartiments Tueurs
17 Le Viel Homme et l'Enfant
18 Ascenseur pour l'Echafaud
19 Mata Hari Agent 21
20 Les Pieds Nickelés
21 Stella
22 Yul 87
23 Si c'était à Refaire
24 Première Fois
25 Une Belle fille comme moi
26 Les Gaspards
27 Marie Chantal contre le Dr Kha
28 Les Plus Belles Escroqueries
29 Rock'n Torah
30 Toute une Vie

vendredi 29 novembre 2024

13.10 - MON AVIS SUR LE FILM WHEN EVIL LURKS DE DEMIAN RUGNA (2023)


 Vu le film When Evil Lurks de Demian Rugna (2023) avec Ezequiel Rodrìguez Demián Salomón Silvina Sabater Marcello Michinaux Luis Ziembrowski Emilio Vodanovich Virginia Garófalo Frederico Liz Paula Rubinsztein

Dans un village isolé, deux frères découvrent qu'un homme possédé par un démon est sur le point de libérer l'horreur qui est en lui. Mais lorsqu'ils tentent de l'arrêter, ils ne parviennent qu'à accélérer le processus et à déclencher une horreur qui pourrait être bien plus terrifiante lorsqu'il quittera cet endroit et atteindra une zone plus peuplée.

When Evil Lurks de Demian Rugna, diffusé sur OCS Cinéplus, est une plongée brute et viscérale dans l'horreur, qui ne fait aucune concession. Après l’excellent Terrified (Aterrados), Rugna confirme ici son talent pour manier la peur à un niveau quasi primal, en mêlant une atmosphère angoissante à des séquences d’une violence aussi graphique qu’imprévisible. Si vous avez l'estomac sensible ou venez de finir un repas, un conseil : passez votre chemin, car ce film n’a aucune pitié pour ses spectateurs.

Le récit, qui prend racine dans une campagne argentine baignée de superstitions et de mystères, s’éloigne des conventions hollywoodiennes pour offrir une expérience immersive et dérangeante. Dès les premières minutes, Rugna instaure un climat oppressant où le mal semble omniprésent. Ici, le mal ne se limite pas à une entité démoniaque classique : c’est une force insidieuse, presque contagieuse, qui s’enracine dans les croyances locales et sème le chaos de manière terrifiante.

La mise en scène est implacable, jouant autant sur des moments de tension insoutenables que sur des éclats de gore brutal. Rugna n’hésite pas à choquer, mais sans jamais sombrer dans le gratuit. Chaque scène de violence, qu’elle implique du cannibalisme, de la mutilation ou des possessions infernales, sert une progression narrative implacable. Le film distille une véritable terreur psychologique, tout en martelant les nerfs avec des images qui s’impriment durablement dans l'esprit.

Les personnages, ancrés dans une réalité rurale et modeste, renforcent l’immersion. On ressent leur impuissance face à une menace qu’ils ne comprennent pas et qui échappe à toute tentative de contrôle. C’est là une des grandes forces du film : montrer des protagonistes humains, faillibles, pris au piège d’un cauchemar qui semble sans issue.

Rugna excelle aussi dans l'art du détail dérangeant. Une simple scène où un personnage retire un aliment coincé dans la bouche d’un autre se transforme en un moment de pur malaise. Chaque interaction semble chargée de danger, chaque recoin du cadre cache une menace. Cette montée constante de tension culmine dans un twist final aussi choquant que dévastateur, qui laisse le spectateur littéralement sans voix — un choix audacieux et terriblement efficace.

When Evil Lurks est un film qui ne fait pas semblant. Avec son lot d’hémoglobine, de tabous brisés et d’horreurs visuelles et psychologiques, il s’adresse à ceux qui recherchent une expérience extrême, loin des conventions aseptisées du genre. C’est un cauchemar éveillé qui bouscule et marque au fer rouge. Âmes sensibles s’abstenir, mais pour les amateurs d'horreur pure et dure, ce film est une claque monumentale.

NOTE : 13.10

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation et scénario : Demián Rugna
  • Direction artistique : Laura Aguerrebehere
  • Costumes : Pheonia Veloz
  • Photographie : Mariano Suárez
  • Montage : Lionel Cornistein
  • Musique : Pablo Fuu
  • Pays d'origine : Argentine

DISTRIBUTION

14.10 - MON AVIS SUR LE FILM MAIGRET TEND UN PIEGE DE JEAN DELANNOY (1958)

 


Vu le film Maigret tend un Piège de Jean Delannoy (1958) avec Jean Gabin Jean Desailly Lino Ventura Annie Girardot Jeanne Boitel André Valmy Maurice Sarfati Amédée Charles Bouillaud Jean Debucourt Guy Decomble Hubert de Lapparent Gérard Darrieu Jean Tissier

Dans le quartier parisien du Marais, plusieurs jeunes femmes seules ont été successivement assassinées, chaque fois à coups de couteau et la nuit venue.

Aussitôt après son dernier crime, l'assassin laisse depuis une borne de police-secours un message à l'intention du commissaire Maigret. Cette provocation incite ce dernier à prendre en main cette affaire.

Pour pousser à la faute ce psychopathe vaniteux, il fait arrêter un faux coupable consentant, Mazet, en espérant inciter ainsi le meurtrier à se manifester lors de la reconstitution du dernier crime.

Premier rôle de Jean Gabin en Commissaire Maigret, ce film réalisé par Jean Delannoy marque une adaptation remarquable de l’univers de Georges Simenon. L’intrigue, centrée sur une série de meurtres dans le quartier du Marais à Paris, met en scène un tueur en série insaisissable qui semble jouer avec la police. Dès les premières minutes, l’ambiance est immersive, grâce à une reconstitution vivante et réaliste de la vie parisienne d’après-guerre. Les commerçants, les clochards, les enfants qui traînent dans les ruelles : tout contribue à créer un cadre authentique où se déploie l’enquête.

Jean Gabin incarne un Maigret sobre et autoritaire, tout en nuances, loin des caricatures poussiéreuses de la figure du policier. Le personnage, à la fois humain et perspicace, porte l’histoire avec une gravité subtile. Les dialogues ciselés de Michel Audiard enrichissent le récit avec des répliques savoureuses et des échanges souvent teintés d’ironie.

La dimension psychologique de l’histoire est l’un des points forts. Le spectateur est tenu en haleine, sans jamais avoir une longueur d’avance sur Maigret. La résolution finale, inattendue, surprend et remet en question nos certitudes. Cette tension maîtrisée maintient l’intérêt jusqu’au dénouement.

Outre Gabin, le casting brille avec des seconds rôles marquants : Lino Ventura, charismatique et déjà prometteur, et Annie Girardot, dans un rôle où elle fait preuve de son immense talent. Ces apparitions ajoutent une densité supplémentaire au film.

La réalisation de Delannoy, bien qu’assez classique, est efficace. La photographie, en noir et blanc, met en valeur les ombres et la lumière des rues parisiennes, renforçant l’atmosphère sombre et inquiétante. Les scènes dans les immeubles vétustes ou les ruelles désertes de la capitale créent une tension palpable.

Maigret Tend un Piège est un polar captivant qui allie un scénario intelligent, une interprétation magistrale de Gabin, et une immersion réussie dans le Paris des années 50. Ce film est à la fois un hommage au personnage de Simenon et une œuvre cinématographique de grande qualité, où la vie quotidienne et les tourments d’une enquête policière s’entrelacent avec brio. Un classique du cinéma français.

NOTE : 14.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

 

15.20 - MON AVIS SUR LE FILM HERE DE ROBERT ZEMECKIS (2024)

 


Vu le film Here de Robert Zemeckis (2024) avec Tom Hanks Robin Wright Kelly Reilly Leslie Zemeckis Paul Bettany Michelle Dockery Ophelia Lovibond Lauren McQueen Stephanie Sladatan Beau Gadson Dannie McCallum Gwylym Lee

À travers les âges et les époques, hommes et femmes défilent dans un lieu unique, sur trois générations. En défiant le temps, ce lieu sera le témoin unique de l'évolution de l'humanité et deviendra le théâtre de vies entremêlées, d'histoires d'amour, de conflits et de découvertes

Robert Zemeckis, maître du conte cinématographique et artisan de l'innovation visuelle, frappe une nouvelle fois avec Here. Inspiré de la bande dessinée culte de Richard McGuire, le film est une fresque aussi audacieuse qu'émouvante. Fidèle à son habitude, Zemeckis repousse les limites techniques, cette fois en ancrant son récit dans une maison de banlieue, témoin silencieux du passage du temps. La caméra, volontairement fixe, observe les vies qui s'y succèdent, tissant un kaléidoscope temporel où passé, présent et futur se superposent avec une fluidité presque magique.

L'élément le plus frappant réside dans l'utilisation de la technologie de vieillissement et de rajeunissement des acteurs. Voir les mêmes interprètes traverser les décennies sans rupture visuelle est à la fois fascinant et troublant. Ce procédé, loin d'être un simple artifice, sert le propos du film : montrer l'impermanence des choses tout en soulignant l'intemporalité des émotions humaines. À mesure que les histoires des générations s'entrelacent, une poésie mélancolique s'installe, renforcée par des détails d’une minutie stupéfiante dans les décors et les transitions temporelles.

Le défi initial—un concept qui pourrait sembler mieux adapté à un court-métrage—est magistralement relevé. Zemeckis exploite la fixité de la caméra comme un choix audacieux, presque théâtral, où chaque scène devient un tableau vivant. Les silences, les regards et les mouvements au sein du cadre prennent une puissance rare, donnant au spectateur le rôle d’un témoin intemporel.

L’émotion culmine lors des scènes où les vies s’effacent et renaissent devant nos yeux. La maison devient un personnage à part entière, gardienne des souvenirs et des échos de ceux qui l’ont habitée. Si certaines transitions entre les époques peuvent parfois paraître abruptes, elles renforcent l'idée que le temps est à la fois fugace et continu.

Here n'est pas seulement une prouesse technique, c'est un poème visuel sur la mémoire, la famille et le passage inexorable du temps. Zemeckis, toujours maître conteur, nous offre ici une expérience unique qui transcende le cinéma traditionnel pour toucher à l'universel. Attendez-vous à être bouleversé. Préparez les mouchoirs, car les larmes viennent non pas d’une tristesse pesante, mais d’une célébration poignante de la vie et de son éternel mouvement.

Dommage que ce film n’ait pas eu la publicité qu’il mérite et pas le nombre de salles qu’il mérite , aux lieux de daubes intergalactiques

NOTE : 15.20

FICHE TECHNIQUE


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