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mercredi 20 novembre 2024

16.20 - MON AVIS SUR LE FILM PIGALLE DE KARIM DRIDI

 


Vu le film Pigalle de Karim Dridi (1992) avec Francis Renaud Véra Briole Bianca Li Bobby Pacha Raymond Gil Younesse Boudache Patrick Chauvet Philippe Ambrosini Jean Claude Grenier Jack Bapps Jean Michel Fête Philippe Nahon Jean Jacques Jauffret

A Pigalle, on peut y voir Véra, montrant son corps dans un peep show et partageant la vie d'un trafiquant, Jésus. Fifi est quant à lui un pickpocket torturé aux désirs confus. Ce dernier est amoureux de Divine, un travesti au grand cœur qui est victime des rivalité propre à ce milieu particulier et qui se fait tuer en pleine rue. Pigalle se transforme alors en théâtre de la vengeance et de toutes sortes de passions exacerbées.

Pigalle de Karim Dridi, sorti en 1994, est un film rare et brut qui capture avec authenticité et intensité l'essence d'un quartier mythique de Paris à une époque révolue. Il s'inscrit, comme Neige de Juliet Berto et Jean-Henri Roger, dans cette veine du cinéma français qui documente la vie des marginaux avec une poésie sombre et une vérité troublante.

Dridi parvient à plonger le spectateur dans l’univers interlope de Pigalle des années 80-90, où se croisent prostituées, petits truands, dealers, travestis, et autres âmes perdues. Il dépeint un microcosme vivant, vibrant, mais aussi profondément désespéré. L’atmosphère de Pigalle y est retranscrite avec une rare justesse : sex-shops à néons clignotants, cabarets usés où les femmes se dénudent devant des voyeurs apathiques, et ruelles où rôdent les petites frappes et les désillusions.

Vera (interprété par Véra Briole), figure fragile et lumineuse, et Fifi (Francis Renaud), un homme tourmenté, incarnent cette humanité à la dérive. Leur quête d’amour et de survie dans cet univers hostile donne une dimension tragique à leurs trajectoires. La relation ambivalente entre Fifi et Vera, teintée de passion et de violence, reflète la complexité des liens humains dans un contexte où la dureté de la rue se mêle à une quête presque naïve de tendresse.

Mais aussi ce gamin (Boudache) qui abandonné à son sort est comme un poisson dans l'eau dans ce Pigalle extraverti

Dridi montre aussi sans fard les réalités plus sombres : la drogue, les abus, et le regard oppressant des "vieux pervers" qui lorgnent sur la jeunesse, notamment le personnage de Fifi. Le contraste entre la vie nocturne tapageuse et les moments diurnes, où les mêmes personnages se dévoilent vulnérables et marqués par leur quotidien, est frappant et poignant.

Le film ne juge pas ses personnages, mais les montre avec une empathie rare, rendant leur humanité palpable malgré leurs failles et leurs choix. Les dialogues sont crus, mais jamais gratuits, et servent à ancrer l’histoire dans un réalisme puissant.

Visuellement, Pigalle frappe par ses jeux d’ombres et de lumières : les néons colorés, les recoins sombres, et les ruelles poisseuses deviennent le théâtre d’une fresque humaine où la beauté se niche parfois dans l'ordure. Dridi capture ce Pigalle-là avec une caméra quasi-documentaire, rendant hommage à un monde en voie de disparition à l’époque du tournage.

Moi qui ai connu pendant 15 ans ce  Pigalle dans sa période d’effervescence nocturne et interlope, le film résonne comme un miroir fidèle et douloureux. Dridi a su capturer un fragment de vie et une époque où les âmes perdues trouvaient refuge dans le chaos. Entre brutalité et poésie, Pigalle reste une œuvre marquante, symbole d’un cinéma qui sait regarder les marges avec respect et talent.

Bien sûr Pigalle et cette vie de nuit et tantôt de jour n’est pas la meilleure du monde , mais les personnages éclairent les sombres turpitudes de Pigalle

Francis Renaud est parfait dans ce rôle de petite frappe qui se cherche et est prêt à tout pour uniquement survivre et pas rêver

NOTE : 16.20

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DISTRIBUTION


Distinctions

 

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