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lundi 18 novembre 2024

12.10 - MON AVIS SUR LE FILM L'INVITE DU MARDI (1949)

 


Vu le film (découverte sur Gaumont) le film L’Invité du Mardi de Jacques Deval (1949) avec Bernard Blier Madeleine Robinson Michel Auclair Nadine Alari Jacques Dynam Bernadette Lange Lucien Guervil Suzanne Cortal Geneviève Morel Paul Azais Jean Berton Jean Sylvère et le chien Brutus

D'après la pièce de Jacques Deval La Femme de ta jeunesse

Dans leur petit appartement, les époux Josse vivent de façon terne et paisible. Charles Josse est au contentieux d'une compagnie d'assurances qui refuse d'assurer le fantasque Maurice. Charles Josse prend Maurice en affection et règle son problème tout en l'invitant régulièrement à passer des soirées à son domicile. Maurice en profite pour séduire Fernande Josse et l'incite à supprimer son mari en versant du poison dans son thé. Charles, qui a surpris leur projet, ne fait rien pour stopper le complot et ingurgite la tasse de thé dans laquelle, finalement, Fernande n'a pas mis le poison. Maurice s'éclipse et la vie reprend comme avant.

Adapté de sa propre pièce de théâtre, Jacques Deval livre avec L'Invité du Mardi un drame policier où le huis clos et la théâtralité des lieux renforcent l’intensité psychologique. Ce choix de mise en scène, qui pourrait sembler un handicap au cinéma, devient ici une force, concentrant l’attention sur les dialogues aiguisés et les rapports de force entre les personnages.

Bernard Blier est magistral dans le rôle de l’assureur, un homme ordinaire, empreint d'une bonhomie qui le rend attachant, mais que son apparente naïveté pousse inexorablement vers le rôle du cocu tragique. Blier incarne avec finesse cette descente vers l'humiliation, jouant avec subtilité la douleur d’un homme manipulé, dont les bonnes intentions ouvrent les portes au chaos.

Face à lui, Madeleine Robinson brille dans un rôle ambigu, celui de l'épouse tiraillée entre son devoir conjugal et la tentation incarnée par Jean-Claude Pascal, dans la peau d’un jeune homme séduisant mais vénal. Robinson, belle à couper le souffle, insuffle à son personnage une profondeur qui dépasse le simple archétype de la femme manipulée. Elle est le cœur battant du film, alternant vulnérabilité et force intérieure, une performance qui électrise chaque scène où elle apparaît.

Jean-Claude Pascal, quant à lui, est parfait dans le rôle du jeune opportuniste. Beau gosse et mystérieux, il manipule son entourage avec une aisance glaciale. Cependant, ses motivations purement financières ajoutent une dimension cynique au récit, éclipsant toute possibilité de romantisme entre son personnage et celui de Robinson.

Le film excelle dans son ambiance feutrée et oppressante. Les lieux clos, presque théâtraux, renforcent l'impression d'enfermement moral des personnages. L’écriture est incisive, chaque ligne de dialogue pesant comme une lame, tandis que la mise en scène de Deval reste discrète, laissant le jeu des acteurs occuper tout l’espace.

Si le rythme peut paraître parfois languissant, cela sert l’intensité dramatique, transformant chaque regard, chaque silence, en élément clé du suspense. L’intrigue repose avant tout sur les interactions humaines, délaissant l’action au profit de la tension psychologique, ce qui pourrait dérouter certains spectateurs habitués à un rythme plus soutenu.

, L’Invité du Mardi est un drame élégant et cruel, porté par un trio d’acteurs au sommet de leur art. Blier, en mari cocu poignant, et Robinson, en femme troublante et troublée, offrent des performances inoubliables. Ce film, empreint de théâtralité et d'une sombre mélancolie, ravira les amateurs de cinéma d’acteurs et de drames psychologiques.

NOTE ; 12.10

FICHE TECHNIQUE

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