Vu le film (découverte sur Gaumont) le film L’Invité du Mardi de Jacques Deval (1949) avec Bernard Blier Madeleine Robinson Michel Auclair Nadine Alari Jacques Dynam Bernadette Lange Lucien Guervil Suzanne Cortal Geneviève Morel Paul Azais Jean Berton Jean Sylvère et le chien Brutus
D'après la pièce de Jacques Deval La Femme de ta
jeunesse
Dans leur petit appartement, les époux Josse vivent de
façon terne et paisible. Charles Josse est au contentieux d'une compagnie
d'assurances qui refuse d'assurer le fantasque Maurice. Charles Josse prend
Maurice en affection et règle son problème tout en l'invitant régulièrement à
passer des soirées à son domicile. Maurice en profite pour séduire Fernande
Josse et l'incite à supprimer son mari en versant du poison dans son thé.
Charles, qui a surpris leur projet, ne fait rien pour stopper le complot et ingurgite
la tasse de thé dans laquelle, finalement, Fernande n'a pas mis le poison.
Maurice s'éclipse et la vie reprend comme avant.
Adapté de sa propre pièce de
théâtre, Jacques Deval livre avec L'Invité du Mardi un drame policier où
le huis clos et la théâtralité des lieux renforcent l’intensité psychologique.
Ce choix de mise en scène, qui pourrait sembler un handicap au cinéma, devient
ici une force, concentrant l’attention sur les dialogues aiguisés et les rapports
de force entre les personnages.
Bernard Blier est magistral
dans le rôle de l’assureur, un homme ordinaire, empreint d'une bonhomie qui le
rend attachant, mais que son apparente naïveté pousse inexorablement vers le
rôle du cocu tragique. Blier incarne avec finesse cette descente vers
l'humiliation, jouant avec subtilité la douleur d’un homme manipulé, dont les
bonnes intentions ouvrent les portes au chaos.
Face à lui, Madeleine Robinson
brille dans un rôle ambigu, celui de l'épouse tiraillée entre son devoir
conjugal et la tentation incarnée par Jean-Claude Pascal, dans la peau d’un
jeune homme séduisant mais vénal. Robinson, belle à couper le souffle, insuffle
à son personnage une profondeur qui dépasse le simple archétype de la femme
manipulée. Elle est le cœur battant du film, alternant vulnérabilité et force
intérieure, une performance qui électrise chaque scène où elle apparaît.
Jean-Claude Pascal, quant à
lui, est parfait dans le rôle du jeune opportuniste. Beau gosse et mystérieux,
il manipule son entourage avec une aisance glaciale. Cependant, ses motivations
purement financières ajoutent une dimension cynique au récit, éclipsant toute
possibilité de romantisme entre son personnage et celui de Robinson.
Le film excelle dans son
ambiance feutrée et oppressante. Les lieux clos, presque théâtraux, renforcent
l'impression d'enfermement moral des personnages. L’écriture est incisive,
chaque ligne de dialogue pesant comme une lame, tandis que la mise en scène de
Deval reste discrète, laissant le jeu des acteurs occuper tout l’espace.
Si le rythme peut paraître
parfois languissant, cela sert l’intensité dramatique, transformant chaque
regard, chaque silence, en élément clé du suspense. L’intrigue repose avant
tout sur les interactions humaines, délaissant l’action au profit de la tension
psychologique, ce qui pourrait dérouter certains spectateurs habitués à un
rythme plus soutenu.
, L’Invité du Mardi est
un drame élégant et cruel, porté par un trio d’acteurs au sommet de leur art.
Blier, en mari cocu poignant, et Robinson, en femme troublante et troublée,
offrent des performances inoubliables. Ce film, empreint de théâtralité et
d'une sombre mélancolie, ravira les amateurs de cinéma d’acteurs et de drames
psychologiques.
NOTE ; 12.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Jacques Deval
- Scénario : D'après la pièce de Jacques Deval La Femme de ta jeunesse
- Adaptation et dialogue : Jacques Deval, Jean Ferry
- Assistant réalisateur : Guy Lefranc
- Photographies : Louis Page
- Opérateur : André Dumaître
- Son : Jacques Lebreton
- Décors : Robert Clavel, assisté de André Bakst
- Montage : Germaine Fouquet
- Musique : Georges Van Parys (éditions Transatlantique)
- Script-girl : Suzanne Durrenberger
- Régisseur général : Georges Charcot
- Régisseur extérieur : Robert Turlure, Pierre Vouillon
- Maquillage : Yvette Dicop; Jacqueline Coulant
- Accessoiriste : Robert Albouze, R. Jumeau
- Production : Les Films Raoul Ploquin, Société Nouvelle des Établissements Gaumont
- Tournage dans les studios "Franstudio"
- Enregistrement : Western Electric
DISTRIBUTION
- Bernard Blier : Charles Josse, agent d'assurances
- Madeleine Robinson : Fernande Josse, alias Minou, la femme de Charles
- Michel Auclair : Maurice Vineuse, le convalescent
- Nadine Alari : Ginette, une voisine des "Josse"
- Bernadette Lange : Flo, la prostituée
- Lucien Guervil : Henri Gomperse, l'épicier
- Jacques Dynam : Jean Gomperse, le fils des épiciers
- Suzanne Courtal : Thérèse Gomperse, l'épicière
- Geneviève Morel : La patronne du café
- Paul Azaïs : Le chauffeur
- Jean Berton : L'agent de police
- Jean Sylvère : Lulu, l'employé SNCF
- Henri Coutet : Pierrot
- Christine Covil
- Paule Launay
- Lucienne Legrand
- Le chien Brutus
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