Vu le film Rester Vertical de Alain Guiraudie (2016) avec Damien Bonnard India Hair Raphael Thiery Christian Bouillette Basile Meilleurat Laure Calamy Sebastien Novac
Alors qu’il cherche le loup sur un causse en Lozère, Léo, scénariste breton
fauché et à court d'idées, rencontre une bergère prénommée Marie qui élève
seule ses deux enfants à la ferme de son père. Armée d'un fusil, elle protège
son troupeau de brebis des attaques destructrices du loup. Tous deux solitaires
et en mal d'amour, ils s'éprennent rapidement l'un de l'autre. De cette
rencontre naîtra un bébé.
Au cours de ses déplacements en Lozère, Léo rencontre
Yoan, un jeune homme désœuvré qui vit chez le vieux Marcel, nostalgique bougon
de Pink Floyd qui écoute sa chaîne
hifi à plein volume à longueur de journée. Des relations
étranges naissent entre ces trois individus tous aussi perdus dans la vie les
uns que les autres, pour des motifs différents.
Rester Vertical d’Alain Guiraudie est une œuvre
profondément singulière, qui s’inscrit dans la continuité de la filmographie du
réalisateur, avec sa manière audacieuse d’explorer des thèmes comme la
marginalité, la sexualité et les rapports humains dans un cadre rural. Le film
suit Léo (Damien Bonnard), un scénariste en quête de sens, qui arrive en Lozère
pour traquer un loup insaisissable. Mais cette quête devient rapidement un
prétexte pour plonger dans une série de rencontres inattendues et dérangeantes avec
des personnages authentiques, souvent interprétés par de vrais locaux.
La Lozère, avec ses paysages bruts et isolés, joue un
rôle essentiel dans le film, créant une atmosphère presque mystique. Ce cadre
magnifiquement filmé contraste avec les interactions humaines souvent crues et
troublantes qui jalonnent le récit. Léo drague ouvertement le jeune Yoan, puis
se retrouve dans des situations qui bousculent les frontières de la norme
sociale, notamment dans son étrange intimité avec Marcel, un vieillard malade.
Ces relations, déroutantes pour le spectateur, reflètent l’approche provocatrice
de Guiraudie, qui ne cherche pas à plaire mais à questionner, voire à choquer.
Damien Bonnard livre une performance marquante, incarnant
Léo avec une ambiguïté qui reflète le titre même du film, "rester
vertical" : une lutte pour se maintenir debout face aux défis de la vie,
qu’ils soient émotionnels, professionnels ou physiques. À travers ce
personnage, Guiraudie interroge la résilience, mais aussi les choix et
contradictions qui définissent l’existence.
Fidèle à son style, Guiraudie continue ici son
exploration de la sexualité, notamment homosexuelle, dans des cadres éloignés
de l’urbain. Il confronte le spectateur à des situations brutes et parfois
inconfortables, mais qui témoignent d’une authenticité désarmante. Le film se
nourrit d’une tension constante entre le naturel et l’artifice, entre le désir
et le rejet, et, surtout, entre la liberté et la contrainte.
Avec Rester Vertical, Guiraudie s’affirme une fois
de plus comme un cinéaste iconoclaste, prêt à repousser les limites narratives
et esthétiques pour proposer un cinéma hors normes. Si certains y verront une
volonté de choquer pour choquer, d’autres y percevront une quête sincère de
vérité humaine dans toute sa complexité. Quoi qu’il en soit, ce film ne laisse
personne indifférent et s’impose comme une œuvre dérangeante et captivante à la
fois.
NOTE : 12.30
FICHE TECHNIQUE
- Scénario : Alain Guiraudie
- Photographie : Claire Mathon
- Décors : Toma Baquéni
- Montage : Jean-Christophe Hym
- Pays d'origine : France
- Production : Les Films du Worso, Les Films du losange, en association avec les SOFICA Cinémage 10, Cinéventure 1 et Indéfilms 4
- Direction de production : Nicolas Leclère
- Damien Bonnard : Léo, le scénariste
- India Hair : Marie
- Raphaël Thiéry : Jean-Louis, le berger, père de Marie
- Christian Bouillette : Marcel, le vieux
- Basile Meilleurat : Yoan, le jeune qui vit chez Marcel
- Laure Calamy : Mirande
- Sébastien Novac : le producteur
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