Vu le film Largo Winch 3 Le Prix de l’Argent de Olivier Masset Depasse (2024) avec Tomer Sisley James Franco Clotilde Hesme Elie Tilloloy Narayan David Hecter Koen de Bouw Denis O’Hare François Eric Gendron Supachai Girdsuwan
Depuis
l'enlèvement brutal de son fils Noom, Largo Winch fait l'objet d'une
impitoyable machination cherchant à l'anéantir et à détruire le groupe W. Pour
faire éclater la vérité et retrouver son fils, Largo se lance dans une traque
sans relâche. Des forêts canadiennes, en passant par Bangkok jusque dans
les profondeurs des mines birmanes, il ne sait pas encore qu'il devra faire
face aux démons du passé.
Largo
Winch : Le Prix de l'Argent illustre une tendance assez courante dans les adaptations
cinématographiques : la dilution de l’essence même de l’œuvre originale au
profit d’un format plus générique, souvent taillé pour plaire à un public large
mais moins exigeant.
Dans
les BD, Largo Winch incarne un équilibre subtil entre thriller financier,
action, réflexion philosophique et exploration des dilemmes éthiques liés au
pouvoir. Chaque album a un souffle unique, presque cinématographique dans son
découpage et ses dialogues, mais toujours ancré dans une réflexion humaine
profonde. Les thématiques de la BD sont riches : la solitude du pouvoir, la
tension entre morale et business, ou encore l’identité.
En
revanche, dans les films récents de la saga, cet équilibre semble souvent
sacrifié sur l’autel du spectaculaire et du rythme effréné. Le Prix de
l'Argent, par exemple, paraît plus se concentrer sur des scènes d’action
tape-à-l’œil et des rebondissements parfois prévisibles. Ce n’est pas que
l'action soit mal exécutée, mais elle finit par supplanter les éléments
intellectuels et émotionnels qui faisaient le cœur de la BD. Résultat : Largo
devient un héros d’action générique, plus proche de Jason Bourne que du
personnage complexe qu’on a aimé dans les albums de Jean Van Hamme et Philippe
Francq.
Un
autre problème est l’évolution de la saga vers une simplification excessive des
intrigues financières. Dans les BD, les mécanismes économiques sont fascinants,
crédibles et souvent bien expliqués. Dans les films, ils servent plutôt de
toile de fond vague, sans l’approfondissement qui captiverait un public avide
de complexité. On perd ce sentiment de pénétrer les rouages d’un monde à la
fois fascinant et impitoyable.
Largo
Winch au cinéma a peut-être perdu ce qui faisait son charme dans la BD : l’alliance d’un réalisme
captivant, d’une écriture soignée et d’un héros à la fois charismatique et
vulnérable. Mais tout n'est pas à jeter. Ces films peuvent encore séduire ceux
qui cherchent une bonne dose d’action et une esthétique soignée, même s'ils
risquent de laisser les fans de la BD un peu frustrés. La saga a besoin de
retrouver son âme pour redevenir ce qui la rendait unique, au lieu de s’effacer
dans l'ombre d'autres franchises plus calibrées pour le grand écran.
James
Franco dans un
projet comme Largo Winch : Le Prix de l'Argent peut donner une
impression un peu amère, surtout pour un acteur qui a longtemps cultivé une
carrière à la croisée de films grand public et projets plus audacieux. Après
ses déboires personnels et professionnels, il aurait pu espérer un retour plus
marquant, dans un film qui mette en valeur son talent. Or, dans ce contexte, il
semble jouer les seconds couteaux dans une production qui ne lui offre ni la
profondeur dramatique ni le charisme qu'il est capable d'apporter à l'écran.
James
Franco, malgré ses controverses, reste un acteur polyvalent et ambitieux,
capable d’incarner des rôles complexes (127 heures, The Disaster
Artist) comme de s’amuser dans des blockbusters (Spider-Man, This
Is the End). Ici, il est coincé dans un rôle qui, visiblement, ne fait que
remplir une fonction narrative, sans véritable relief ni opportunité de
briller.
Pour
lui, ce choix semble davantage un moyen de "remettre un pied dans la
salle" qu’un véritable projet porteur. Cela reflète probablement aussi la
difficulté pour un acteur ayant subi un backlash médiatique de retrouver des
rôles prestigieux, surtout dans une industrie où l'image publique est cruciale.
Mais ce genre de rôle alimentaire ne contribue malheureusement pas à relancer
sa carrière : il y apparaît plus comme un acteur qui tente de recoller les
morceaux que comme une force créative en pleine renaissance.
Peut-être
que Franco parviendra à se redéfinir dans des projets plus intimistes ou
artistiques, là où il excelle souvent, loin des grosses productions trop
formatées. Mais ici, son passage dans Largo Winch risque de ne laisser
qu’un souvenir fugace, aussi bien pour les spectateurs que pour lui-même. Un
retour sur grand écran qui, malheureusement, manque de panache.
NOTE : 5.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Olivier Masset-Depasse
- Scénario : Domenico la Porta, Olivier Masset-Depasse et Giordano Gederlini, d'après la bande dessinée Largo Winch de Jean Van Hamme et Philippe Francq
- Musique : Frédéric Vercheval
- Costumes : Laetitia Bouix
- Photographie : Stéphane Vallée
- Montage : Damien Keyeux
- Production : Nathalie Gastaldo, Jacques-Henri Bronckart (en)
- Sociétés de production :
- France : Pan Cinéma, en coproduction avec TF1 Films Production, en partenariat avec Canal+, Ciné+et en association avec 6 SOFICA
- Belgique : Versus Production, en coproduction avec la RTBF, avec la participation de Wallimages, la Fédération Wallonie-Bruxelles, Screen Brussels, BeTV et Proximus
- Sociétés de distribution : Pan Distribution (France), O'Brother (Belgique), Frenetic Films (Suisse), Les Films 26 (Côte d'Ivoire et Sénégal)
- Budget : 17 millions d'euros
- Tomer Sisley (VF : lui-même) : Largo Winch
- James Franco (VF : Anatole de Bodinat) : Ezio Burntwood
- Clotilde Hesme (VF : elle-même) : Chloé Riva
- Élise Tilloloy : Bonnie
- Denis O'Hare (VFB : Franck Dacquin) : Dwight Cochrane
- Narayan David Hecter : Noom
- Koen De Bouw (VFB : Philippe Résimont) : Rudy Gessner
- François-Éric Gendron : Nerio Winch
- Denis Marchand : Denis Tarrant
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