Vu le film Le Grand Restaurant de Jacques Besnard (1966) avec Louis de Funèes Noel Roquevert Bertrand Blier Pierre Tornade Roger Caccia Olivier de Funès Max Montavon Paul Preboist Maurice Risch Maria Rosa Rodriguez France Rumilly Michel Modo Guy Grosso Venantino Venantini Albert Dagnant
Monsieur Septime dirige d'une main
de fer le célèbre grand restaurant Septime, temple parisien
de la gastronomie française. Seul le colosse
Marcel, le chef de cuisine, le rend lâche.
Omniprésent dans la salle, soucieux d'offrir le meilleur des services, Septime
veille à chaque détail, reprenant son personnel à la moindre erreur, quitte à
leur mener la vie dure. Il traite ses employés, en particulier les serveurs, de
manière infantilisante : il les mène au doigt et à l'œil et leur inflige
des punitions quasi scolaires. Il oblige par exemple les fautifs à recopier le
menu à la main. Son chouchou est son « petit » Roger,
serveur lèche-botte prêt à dénoncer ses collègues. À l'opposé, Septime fait
preuve d'une grande déférence à l'égard de sa prestigieuse clientèle composée
d'hommes politiques importants, d'aristocrates, de hauts responsables de la
police, et autres gens du monde.
Le Grand Restaurant (1966), c’est avant tout une
comédie où Louis de Funès trône en maître absolu du rire, dans son costume
impeccable de Monsieur Septime. Ce personnage est une incarnation parfaite du
patron obsessionnel, tyrannique et un brin ridicule, dont le sens du détail
frôle la maniaquerie. Septime ne dirige pas un restaurant, il orchestre une
symphonie où chaque serveur est un instrument, et où la moindre fausse note se
paie cher. Mais derrière cette façade autoritaire, se cache une lâcheté désarmante,
exacerbée dès que l’intrigue prend des proportions rocambolesques.
Le film repose sur un équilibre
savamment dosé entre dialogues incisifs, gags visuels mémorables, et situations
absurdes. Comment ne pas évoquer la fameuse scène de la pomme de terre, où la
"simplicité gastronomique" devient un terrain d’affrontement hilarant
? Chaque détail, du plat au regard, est exploité pour déclencher le rire. Et
que dire de la scène mythique de la danse où l’orchestre peine à suivre les
ordres saccadés de Septime ? Ce moment illustre parfaitement l’art de la
mécanique comique de De Funès : des gestes précis, un timing impeccable, et une
énergie inépuisable.
Autour de lui gravitent des
seconds rôles en or. Bernard Blier, avec son flegme inébranlable, apporte un
contrepoint parfait à la fébrilité de De Funès. Noël Roquevert, figure
emblématique du cinéma d’après-guerre, se distingue également par son jeu subtil
et son charisme. On retrouve aussi des visages familiers des Branquignols,
ces compagnons de route qui ont marqué les débuts de Louis de Funès. Leur
complicité transparaît à l’écran, donnant à certaines scènes une saveur presque
théâtrale.
L’intrigue policière, bien qu’un
peu farfelue, sert surtout de prétexte à une succession de quiproquos et de
situations absurdes. L’enlèvement du président Novalès déclenche une série de
péripéties où Septime, bien malgré lui, se retrouve à jouer les héros. Mais ce
sont les maladresses et les retournements comiques qui captivent, plus que
l’intrigue elle-même.
Le décor du restaurant Septime,
avec son luxe un peu kitsch et son personnel rigoureusement drillé, devient un
véritable personnage à part entière. Chaque scène dans cet univers feutré est
une occasion d’explorer les manies et les petites cruautés de la haute
gastronomie.
Revoir Le Grand Restaurant,
c’est retrouver ce cinéma doudou qui nous enveloppe dans une nostalgie joyeuse.
On rit des mêmes gags, on anticipe les répliques, mais le plaisir reste intact.
À l’instar d’un bon plat, cette comédie ne vieillit pas, elle se bonifie. Alors
oui, reprenons ce menu classique et savoureux, où chaque bouchée est un régal
pour les amateurs de bonne humeur.
NOTE : 15.40
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Jacques Besnard
- Scénario : Jean Halain
- Adaptation : Jean Halain, Louis de Funès, Jacques Besnard (et Jean Marion, non crédité)
- Dialogues : Jean Halain
- Décors : Paul-Louis Boutié, assisté de Henri Sonois et Olivier Girard
- Photographie : Raymond Lemoigne (directeur de la photographie), Jean Benezech (cadreur), Vladimir Ivanov (assistant-cadreur)
- Son : René-Clément Forget
- Assistant-réalisateur : Michel Lang, Pierre Cosson
- Chorégraphie : Colette Brosset
- Effets spéciaux (« cascades ») : Gil Delamare
- Photographe de plateau : Roger Corbeau
- Montage : Gilbert Natot
- Musique : Jean Marion
- Production : Alain Poiré
- Société de production : Société nouvelle des établissements Gaumont
- Louis de Funès : M. Septime, patron d'un grand restaurant parisien
- Bernard Blier : le commissaire divisionnaire
- Folco Lulli : M. Novalès, le président sud-américain
- Venantino Venantini : Enrique
- Maria-Rosa Rodriguez : Sophia, la secrétaire du président Novalès
- Paul Préboist : le sommelier
- Noël Roquevert : le ministre
- Raoul Delfosse : Marcel, le chef cuisinier
- Max Montavon : le violoniste et le client qui dit que "ce n'est pas cher du tout"
- Roger Caccia : le pianiste
- Jean Ozenne : le maître d'hôtel, qui répète « Mon Dieu ! Mon Dieu ! »
- Pierre Tornade : le second maître d'hôtel
- Maurice Risch : Julien, un serveur
- Guy Grosso : un serveur
- Michel Modo : Petit-Roger, le serveur lèche-bottes
- Jacques Dynam : un serveur
- Paul Faivre : le client taché
- André Badin : l'invité insignifiant du ministre
- Julián Antonio Ramírez : le général conspirateur
- Frédéric Santaya : un conspirateur
- Eugene Deckers : le complice de Novalès
- inconnu : le commandatore Riganti
- Claus Holm : le Doktor Müller (non crédité au générique)
- Marc Arian : un dîneur
- Roger Lumont : un dîneur
- Olivier de Funès : le filleul de Marcel, le chef cuisinier
- René Bouloc : un serveur
- Yves Elliot : un maître d'hôtel
- Henri Marteau : le second inspecteur adjoint
- Jacques Legras : l'agent de police
- Yves Arcanel : Henri, un policier
- Albert Dagnant : un conspirateur
- Bernard Dumaine : le client satisfait
- Pierre Roussel : un serveur
- Robert Dalban : un conspirateur français
- Robert Destain : le baron, un client du restaurant
- France Rumilly : la baronne, une cliente avec son chien
- Jack Bérard : le portier
- Adrien Cayla-Legrand : un dîneur
- Jean Droze : un serveur
- Henri-Jacques Huet
- René Berthier
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