Vu le film Le Père Noel est une Ordure de Jean Marie Poiré (1982) avec Thierry Lhermitte Gérard Jugnot Christian Clavier Josianne Balasko Anémone Jacques François Bruno Moynot Martin Lamotte Marie Anne Chazel Michel Blanc
Le soir de Noël, dans un petit appartement qui leur sert
de local, Pierre et Thérèse s'apprêtent à assurer la permanence de
SOS-détresse-amitié. Ils reçoivent la visite de Josette, une jeune clocharde
qui vient de quitter son ami Félix.
Le Père Noël est une Ordure est un véritable joyau du
cinéma comique français, une satire grinçante et hilarante du monde associatif,
porté par l’humour corrosif du Splendid. Adapté de leur pièce de théâtre culte,
le film de Jean-Marie Poiré, sorti en 1982, transcende les époques et continue
d’être un monument d’humour noir, marqué par des répliques et des situations
devenues emblématiques.
Dès les premières minutes, le spectateur est plongé dans
l’ambiance délirante et décalée de SOS Détresse-Amitié, où des bénévoles mal
assortis et cyniques répondent à des appels désespérés avec un détachement
cruel. Thérèse (Anémone), naïve et maladroite, est le cœur tendre de l’équipe,
tandis que Pierre Mortez (Thierry Lhermitte), suffisant et imbu de lui-même,
incarne un cynisme tragi-comique. Leurs échanges, souvent absurdes, tracent un
portrait acide de ces associations qui, sous couvert d’humanisme, masquent leur
impuissance.
Les personnages secondaires, hauts en couleur, viennent
enrichir ce tableau déjanté. Gérard Jugnot en Félix, un Père Noël pathétique et
violent, est à la fois grotesque et terriblement humain. Sa dégaine improbable
et ses maladresses en font une figure inoubliable. Quant à Christian Clavier,
il offre une prestation magistrale en Katia, un travesti désabusé mais
profondément attachant, qui rêve d’amour et de reconnaissance. Sa danse culte
avec Pierre sur l’air kitschissime de Destinée de Guy Marchand est un moment
de pur génie comique. Ce contraste entre le pathos du personnage et le ridicule
de la situation illustre à merveille la capacité du Splendid à jongler avec les
émotions.
L’écriture acérée, ponctuée de répliques devenues cultes
– « Ça dépend, ça dépasse ! », « Je ne vous jette pas la pierre, Pierre, mais…
» – continue de faire mouche des décennies plus tard. L’humour noir, parfois
cruel, n’épargne personne : ni les bénévoles, ni les marginaux qu’ils croisent,
ni même les spectateurs. Cet équilibre subtil entre le burlesque et l’amertume
confère au film une profondeur inattendue, au-delà de la farce.
En toile de fond, Le Père Noël est une Ordure propose
aussi une critique sociale acerbe : la solitude des fêtes, l’hypocrisie des
bonnes intentions, et les travers d’une société en quête de sens. Ce mélange
explosif d’absurde et de satire, servi par une troupe au sommet de son art, a
marqué le paysage du cinéma français. Si certains le jugeront trop corrosif, il
reste une œuvre incontournable pour qui apprécie un humour sans concession,
capable de rire des failles humaines avec une intelligence redoutable.
Plus de quarante ans après, les générations se succèdent,
mais l’éclat de rire demeure intact.
NOTE : 15.10
FICHE TECHNIQUE
- Scénario : Jean-Marie Poiré et La troupe du Splendid, d'après la pièce du même nom du Splendid
- Musique : Vladimir Cosma
- Décors : Willy Holt et Marc Frédérix
- Costumes : Cécile Magnan
- Photographie : Robert Alazraki
- Son : Pierre Lenoir, Denis Carquin, Annick Rousset-Rouard
- Montage : Catherine Kelber
- Production : Yves Rousset-Rouard
- Production déléguée : Christian Ferry
- Sociétés de production : Trinacra Films, Films A2 et Les Films du Splendid.
- Sociétés de distribution : Compagnie Commerciale Française Cinématographique (CCFC)
- Anémone : Thérèse de Monsou
- Thierry Lhermitte : Pierre Mortez
- Marie-Anne Chazel : Josette, dite « Zézette »
- Gérard Jugnot : Félix
- Christian Clavier : Katia
- Josiane Balasko : Marie-Ange Musquin
- Bruno Moynot : Monsieur Preskovitch (« Zedko Presgovic »)
- Jacques François : monsieur Poinsot, le pharmacien
- Martin Lamotte : monsieur Leblé, le voisin râleur à l'étage d'en dessous
- Michel Blanc : l'obsédé sexuel au téléphone (caméo vocal)
- Claire Magnin : madame Leblé
- Muriel Dubrulle : Bijou, la maîtresse du pharmacien
- Pierre Eugène : le réparateur d'ascenseur
- Jean-Pierre Clami : le père mécontent qui défend son enfant
- Jean-Claude Bouillaud : le père de Katia
- Jeannette Batti
- François Rostain
- Roger Mabilat
- Jacques Disses : un convive au dîner de noël chez les parents de Katia
- Pierre Belot : le patron du magasin qui chasse Félix
- Suzanne Berthois
- Bhime Souaré : l'employé du magasin déguisé en père Noël
- Michel Bonnet : le suicidé de la cabine téléphonique
- Josy Lafont : la mère de Katia
- Gérard Thirion
- Jean-Pierre Darroussin : l'homme qui téléphone lors du repas de réveillon
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