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jeudi 3 juillet 2025

11.90 - MON AVIS SUR LE FILM JURASSIC WORLD FALLEN KINGDOM DE J.A BAYONA (2023)

 


Vu le film Jurassic World Fallen Kingdom de J.A Bayona (2023) avec Chris Pratt Bryce Dallas Howard B.D Wong Jeff Goldblum Daniella Pineda Isabelle Sermon Justice Smith Toby Jones Géraldine Chaplin James Cromwell Ted Levine 

Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit le parc à thème et complexe de luxe Jurassic World. Isla Nublar a été abandonnée par les humains alors que les dinosaures survivants sont livrés à eux-mêmes dans la jungle. Lorsque le volcan inactif de l'île commence à rugir, Owen et Claire s'organisent pour sauver les dinosaures restants de l'extinction. 

Jurassic World : Fallen Kingdom, réalisé par J.A. Bayona, est le cinquième opus de la saga Jurassic Park, lancée en 1993 par Steven Spielberg. Un sixième arrive cette semaine sur les écrans, preuve que le filon ne s’épuise pas — ou plutôt, qu’il est foré jusqu’à la moelle comme un os de brachiosaure. Le scénario ? Il tiendrait sur un dé à coudre, voire un ongle de vélociraptor : une île volcanique menace d’exploser, et nos héros décident de sauver les dinosaures restants, avant de découvrir une sombre machination impliquant trafics génétiques, marché noir et résidences cossues où l’on vend aux enchères des monstres préhistoriques comme on vendrait des toiles de maître. 

C’est peu dire que le film ne brille pas par sa subtilité ou sa profondeur. Pourtant, il y a une sorte de charme opératique, par moments, qui surgit presque par accident. On le doit sans doute à la sensibilité visuelle de Bayona, à qui l’on doit des films plus émouvants comme L’Orphelinat ou The Impossible. Ici, il s’applique à mettre en scène non pas une aventure classique, mais une tragédie de la disparition. La première moitié du film, sur l’île en éruption, fait parfois penser à un film catastrophe, quelque part entre Pompéi et King Kong. Les dinosaures y sont traités comme des victimes, et non des prédateurs. L’image du brachiosaure abandonné sur le quai, happé par la fumée et les flammes, est probablement la scène la plus bouleversante du film — plus que toutes les courses poursuites combinées. 

On retrouve dans cette suite les héros déjà connus : Chris Pratt (Owen), toujours aussi charismatique, sourire d’acier et muscles huilés, et Bryce Dallas Howard, dont le personnage a heureusement évolué depuis les talons hauts de l’épisode précédent. On ne leur demande certes pas de jouer du Shakespeare, mais ils remplissent leur cahier des charges : courir, transpirer, esquiver les morsures, et avoir des états d’âme entre deux explosions. Justice Smith et Daniella Pineda campent des seconds rôles fonctionnels, un brin caricatural, tandis que Rafe Spall et Toby Jones surjouent les méchants avec une gourmandise qui frôle le pastiche. 

La surprise (toute relative) vient du retour furtif mais apprécié de Jeff Goldblum en Ian Malcolm, l’éternel philosophe du chaos, et de B.D. Wong en Dr Wu, devenu savant fou en blouse blanche. Goldblum a deux scènes, une au début et une à la fin, en voix off : le service minimum, mais avec la classe qu’on lui connaît. C’est surtout dans la dernière partie que le film tente un virage gothique et baroque, dans un manoir inquiétant, théâtre d’expériences interdites et de créatures hybrides comme le terrifiant Indoraptor, sorte de cauchemar génétique entre le T-Rex et le Velociraptor. 

Il faut reconnaître au film une qualité technique impressionnante : les effets visuels sont d’une précision hallucinante. Les dinosaures et bien sûr les indétrônables T-Rex et Blue la vélociraptor — semblent plus vrais que nature. Leur présence physique, leur poids, leur comportement : tout sonne juste. La séquence finale, une bagarre dantesque entre monstres dans la salle de vente, frôle le grotesque mais reste jouissive, salvatrice même : c’est elle qui donne enfin un sursaut d’énergie à un film qui ronronnait un peu trop. C’est le genre de scène où l’on se surprend à retenir son souffle comme un gosse, même quand l’on sait que tout ça est numérique. 

Jurassic World : Fallen Kingdom est un blockbuster imparfait, parfois lourdaud dans ses dialogues et ses rebondissements, mais sauvé par son sens du spectacle, la qualité de ses images, et une certaine mélancolie discrète : celle d’un monde où l’homme a joué à Dieu trop longtemps, et doit maintenant affronter les conséquences. Ce n’est pas du Shakespeare, non, mais ce n’est pas non plus un film sans cœur. Et si le scénario manque parfois d’un verre d’eau, au moins il nous rappelle, entre deux rugissements, que la fascination pour les dinosaures n’a pas fini de nous hanter. 

NOTE : 11.90

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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