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mardi 22 juillet 2025

7.30 - MON AVIS SUR LE FILM LA SECONDE VERITE DE CHRISTIAN JAQUE (1966)


 Vue le film La Seconde Vérité de Christian Jaque (1966) avec Robert Hossein Michèle Mercier Jean Claude Roland Bernard Tiphaine Malka Ribowska Jean Pierre Darras Jacques Castelot André Luguet Pascal de Boysson Raymond Gérome Fernand Guiot Léonce Gorce 

L'avocat Pierre Montaud est accusé du meurtre d'Olivier Lacat, tué avec une arme appartenant à l'avocat. L'accusation est renforcée par le fait que Nathalie, l'ancienne compagne de la victime, est désormais la maîtresse de l'enquêteur. 

Il y a des films qui vieillissent mal, et d’autres qui, dès leur sortie, semblent porter en eux les marques d’une erreur de jugement artistique. La Seconde Vérité, réalisé par un Christian-Jaque en toute fin de parcours créatif, appartient hélas à cette seconde catégorie. Sous couvert d’intrigue judiciaire et de passion adultère, le film recycle maladroitement les codes du drame psychologique et du thriller de prétoire, sans conviction, sans style, et surtout sans vérité. 

Tout commence pourtant par une promesse de suspense : Maître Pierre Montaud avocat de province réputé (Robert Hossein), est accusé du meurtre d’un homme — un possible rival amoureux — retrouvé mort dans des circonstances troubles. Tout l’accuse : les circonstances, les indices, les regards. Le récit se construit alors autour d’un long flashback, où se déploie l’histoire de sa liaison avec Nathalie (Michèle Mercier), une femme mariée, belle, inaccessible, séduite puis troublée par cet homme taciturne. 

Ce retour en arrière — censé éclairer la passion, le crime, la culpabilité — est le cœur du film. Mais c’est précisément là que tout se délite. Car cette passion n’a rien de brûlant : elle est mécanique, fade, mal incarnée. Le choix de reformer aussi vite le couple « Angélique » (Hossein-Mercier), après le succès populaire de la saga, relève d’une opération purement commerciale. Or, les deux acteurs sont ici privés de tout ce qui faisait la force romanesque ou baroque de leurs précédents rôles. Ils n’ont que les restes d’une image à recycler. Le résultat est vide. 

Michèle Mercier, coiffée à la garçonne et décolorée jusqu’à l’effacement, déambule dans des décors ternes comme une gravure de magazine inexpressive. Elle incarne une femme soi-disant libre et tourmentée, mais le personnage n’est qu’un prétexte, sans épaisseur psychologique, mal écrit, dialogué de façon outrancière ou artificielle. Ses tirades oscillent entre le banal et le pompeux, sans jamais atteindre ni la sensualité, ni l’ambiguïté nécessaires. 

Robert Hossein n’est pas mieux servi. Le rôle d’avocat hanté par le désir et la culpabilité aurait pu offrir un terrain de jeu fascinant — si Claude Chabrol l’avait filmé, sans doute y aurait-on vu la tension sociale, la violence sourde, l’hypocrisie des provinces françaises. Mais Christian-Jaque survole tout. Son avocat adultère reste plat, sans intériorité ni progression. Même son regard perdu, censé refléter le doute et la peur, semble figé dans l’ennui. On ne croit jamais à sa passion, encore moins à son éventuelle implication dans un meurtre. 

L’aspect judiciaire du film, qui pourrait sauver la deuxième moitié, ne convainc pas davantage. L’enquête est expédiée, les révélations sont artificielles, les retournements bâclés. Le tribunal, au lieu d’être le lieu d’une tension dramatique, devient une scène poussiéreuse, peuplée de notables ridicules qu’on devine caricaturés — mais sans mordant, sans humour, sans conviction. La prétendue satire provinciale est tout aussi ratée que le reste : clichés, répliques forcées, personnages-fantômes. 

Ajoutons à cela une mise en scène paresseuse, qui filme sans rythme, sans cadre signifiant, sans point de vue. La photo est plate, la musique emphatique, les décors sans âme. On est bien loin des grands films judiciaires français, ou même des petits thrillers psychologiques des années 60. Rien ne dépasse, rien ne vibre. Le spectateur assiste à une suite de scènes enchaînées sans réelle nécessité, sans tension, sans progression dramatique. 

La Seconde Vérité aurait pu être un drame sur la passion destructrice, sur le poids du secret, sur les faux-semblants — tout ce que le cinéma français sait parfois si bien faire. Mais rien ne fonctionne ici. Le film accumule poncifs, maladresses, dialogues creux et personnages mal dessinés. Ni tragédie, ni thriller, ni chronique sociale, il se perd dans un entre-deux désespérément inerte. 

On sort du film comme d’un dîner mondain trop long : rassasié d’ennui, frustré de promesses non tenues, et vaguement gêné d’avoir cru qu’on pouvait retrouver la magie d’Angélique dans ce triste procès sans flamme. Un ratage élégant, mais profond. 

NOTE : 7.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION


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