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mardi 8 juillet 2025

4.10 - MON AVIS SUR LE FILM L'ATTAQUE DU REQUIN A TROIS TETES DE CHRISTOPHER RAY (2015)


 Vu le film L'Attaque du Requin à Trois Têtes de Christopher Ray (2015) avec Danny Trejo Jaason Simons Brad Mills Karrueche Tran Dawn Hamill Rob Van Dan


Un requin mutant à trois têtes, originaire d'une zone de déchets du Pacifique, s'échappe et dévore les habitants d'un centre de recherche scientifique avant de s'attaquer à un navire. Les victimes n'ont d'autre choix que de se défendre avec les moyens du bord.

Ah, Requin à Trois Têtes... Rien qu’au titre, on sait déjà qu’on ne va pas assister à une réflexion sur la condition humaine ou à une plongée métaphysique dans les abysses de l’âme. Non, ici, on plonge littéralement dans un marécage de pixel mal assemblé, de sang numérique, de cris simulés, de plastique fondu et de mauvais goût assumé — du moins, on espère que c’est assumé. Ce film, produit par l’inénarrable studio The Asylum (les maîtres incontestés de la fausse bande-annonce étirée sur 1h30), est à la fois une torture mentale et un monument de cinéma poubelle, un nanar aquatique comme il en pousse un tous les étés dans les fonds marins de Syfy. Mais voilà, c’est précisément cette indigence artistique qui le rend… regardable. Par accident. Avec des potes. Et beaucoup, beaucoup de bière.

Le pitch ? Aussi grotesque que simple : un gigantesque requin à trois têtes, mutant bouffeur de plastique et de déchets toxiques (évidemment), sort des océans pour semer la terreur parmi un groupe de jeunes vacanciers et de scientifiques en goguette. On passe d’un centre de recherche flottant à une plage sans réel lien géographique, d’un catamaran à un yacht de guerre (?!), tout ça au service d’un monstre numérique qui change de taille à chaque plan. L'idée de base — un squale tricéphale — aurait pu accoucher d’un délire burlesque à la Sharknado ; au lieu de ça, c’est un enchaînement de scènes molles, incohérentes, plates, servies par des dialogues qui font passer les scripts de films pour adultes des années 80 pour du Aaron Sorkin.

Et pourtant, Requin à Trois Têtes est un parfait spécimen du nanar aquatique, genre hybride et poissonneux où l’idiotie rivalise avec l’imagination déviante. On est bien loin de Les Dents de la Mer, et même de ses descendants ratés. Ici, c’est l’échelle du grotesque qui dicte la narration. Les personnages ? De purs clichés : le bad boy inutile, la bimbo au grand cœur, le geek lâche, l’écolo engagé, et bien sûr Danny Trejo en vétéran bourru, sorte de croisement improbable entre Capitaine Crochet et John Rambo. On dirait que chacun a été embauché à la dernière minute dans un centre commercial du Nouveau-Mexique. Mention spéciale à Brianna Ferris, dont le bikini est plus travaillé que son jeu. Elle passe le film à courir sur la plage en criant "OH MY GOD !" toutes les deux minutes. C’est une performance.

Les effets spéciaux sont un régal de médiocrité : le requin apparaît comme une image découpée dans un vieux jeu PlayStation 1, greffée sur de l’eau numérique visiblement codée en urgence par un stagiaire en colère. Les attaques ? Toujours hors champ ou filmées au ralenti avec des cris en boucle et des éclaboussures fluo. La tête centrale du requin se bat parfois avec les deux autres, mais ce détail génial n’est pas exploité — il est juste là, comme un bug, un reste de scénario non corrigé.

Le film tente quelques messages : dénonciation molle de la pollution, critique des industries, appel à l’éveil écologique… Mais c’est comme si un slogan Greenpeace avait été lu à voix haute par un poisson rouge. La seule chose qu’on retient, c’est que plus il y a de têtes, moins le scénario en a.

Malgré son extrême nullité, Requin à Trois Têtes a cette qualité rare des vrais nanars : il fascine dans son ratage absolu. Il pousse l'amateur à continuer de regarder, ne serait-ce que pour voir jusqu'où l’absurde ira. Il y a un plaisir coupable, presque adolescent, à se vautrer dans cette bouillie numérique, à commenter chaque incohérence avec les copains, à se moquer de la fainéantise des trucages, à parier sur le prochain personnage inutile qui se fera croquer en criant "NOOOO!".

Regarder ce film, c’est faire un saut dans une piscine de mauvais goût, mais le faire en riant, bière à la main, pizzas froides dans l’autre, comme un rituel d’un autre temps. C’est un film qu’on regarde en cachette des parents, pas pour le sexe, non — pour la honte cinéphile. Un plaisir de niche, pour ceux qui savent que le nanar est un art à part entière. Le genre de film dont on rit plus en lisant le résumé qu’en le regardant. Mais qu’on regarde quand même. Par masochisme ? Peut-être. Par goût du kitsch ? Probablement. Par curiosité morbide ? Sûrement.


Un ratage intégral, un joyau du mauvais goût, un film-poubelle avec un monstre qui mange des déchets — Requin à Trois Têtes est donc parfaitement cohérent avec lui-même. C’est un nanar aquatique de compétition, trop nul pour être bon, pas assez fou pour être culte, mais juste assez crétin pour mériter une place sur l’étagère des soirées déviantes. Entre Sharktopus, Méga Piranha et Zombie Shark, il flotte, inoffensif, dans la mare des séries Z. Un film qui ne fait peur à personne, sauf aux amoureux du bon cinéma.

NOTE : 4.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

  • Danny Trejo : Max Burns, pêcheur
  • Karrueche Tran : Maggie Peterson, ex-amoureuse de Greg
  • Jaason Simmons : Ted Nelson, docteur en biologiste marine
  • Rob Van Dam : Stanley
  • Jena Sims (en) : Laura Thomas, docteure en biologiste marine
  • Anna Mercedes Morris (en) : Sasha
  • Brad Mills : Greg
  • Scott Reynolds : Ryan Bennett
  • Rico Ball : Omar
  • Dawn Hamil : Alison
  • Bob Constance : Brad
  • James Poule : Brian
  • Steve Norris : Steve
  • Brianna Ferris : Rosemarie Grant
  • Carlos Rivera : Howard
  • Stephen Harwick : Mark
  • Larry Gamell Jr. : Le docteur Leonard
  • Mark Nager : Seth
  • Preston Simmons : Zach
  • Jazy Berlin : Polly
  • Kayla Campbell : Lindsey
  • Nestor Fuentes : Maurice
  • Carlos Rivera : Howard Grant
  • Jacqueline Schmidt : Vanessa
  • Eric C. Schmitz : Betts
  • Scott Warner : Sandoval
  • Cody Lee : Tyler

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