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mardi 29 juillet 2025

12.20 - MON AVIS SUR LE FILM MIKADO DE BAYA KASMI (2025)


 Vu le Film Mikado de Baya Kasmi (2025) avec Vimala Pons Félix Moati Ramzi Bedia Saul Benchentrit Patience Muchenbach Louis Obry Sophie Garagnon 

Mikado et Laetitia vivent avec leurs enfants sur les routes. Une panne de moteur les amène à s'installer le temps d'un été chez Vincent, un enseignant qui vit seul avec sa fille. C'est le début d'une parenthèse enchantée qui pourrait aussi bouleverser l'équilibre de toute la famille alors que Nuage, leur fille aînée, se prend à rêver d'une vie normale. 

On ne l’attendait pas forcément. Pas de battage médiatique, pas de raz-de-marée critique, pas de raison impérieuse de se précipiter dans une salle obscure. Et pourtant, Mikado s’installe doucement, tranquillement, avec cette modestie qui devient, à mesure que le film avance, sa plus grande force. Un peu comme ces gens qu’on ne remarque pas au début d’une soirée et qui finissent par retenir toute l’attention. Baya Kasmi, co-scénariste de Pierre Salvadori ou Michel Leclerc, poursuit ici sa trajectoire singulière, entre tendresse, ironie, légèreté et blessures sourdes. Le point de départ du film est aussi modeste que prometteur : une petite famille nomade roule en van, traverse le pays, jusqu’à ce qu’un problème mécanique les oblige à s’arrêter. Et c’est dans ce contretemps que tout va doucement se mettre en place. 

Le trio principal, composé de Félix Moati, Vimala Pons et Ramzy Bedia, forme un attelage improbable, mais parfaitement équilibré. Moati joue avec justesse un père un peu désorienté, tendre mais débordé, tandis que Pons, toujours magnétique, glisse dans le rôle d’une mère un peu fuyante, aux silences éloquents. Mais c’est Ramzy Bedia qui étonne le plus ici. Loin de ses rôles habituels de comique déchaîné, il campe un personnage d’une grande retenue, tout en pudeur, presque à contre-emploi — et c’est précisément là qu’il est bouleversant. Son regard fatigué, sa voix douce, sa présence discrète composent un homme aux failles évidentes, mais à l’humanité palpable. 

Mikado ne cherche pas à impressionner. La mise en scène est fonctionnelle, sans effet de manche, et le scénario, s’il ne révolutionne rien, avance avec régularité et finesse. Le cœur du film ne réside pas dans l’intrigue, mais dans la manière dont elle se déploie. Chaque scène semble anodine, mais révèle un détail, une tension, un souvenir, une vérité trop longtemps tue. Car sous l’apparente fantaisie — cette vie de bohème, ces trajets en van, ces enfants à l’arrière qui jouent et s’ennuient —, Mikado instille peu à peu une forme de gravité insidieuse, une lente mise à nu des frustrations, des douleurs passées, des désillusions parentales. 

Ce qui frappe surtout, c’est la qualité des dialogues, d’une grande précision, parfois drôles, parfois tristes, mais toujours au plus près du vrai. On sent l’amour de Baya Kasmi pour ses personnages, sa volonté de ne jamais les enfermer dans des clichés. Il y a de la tendresse pour leurs ratés, de la compréhension pour leurs silences, de l’empathie même dans le conflit. Et les enfants, loin d’être accessoires ou décoratifs, participent à cette émotion diffuse qui monte doucement, jusqu’à toucher sans qu’on s’y attende. 

Alors oui, on peut dire que Mikado dispense une part de légèreté, de fantaisie, parfois même une folie douce – mais jamais gratuite. Tout semble échapper à l’excès ou au pathos. Le film préfère les non-dits aux grandes déclarations, les micro-gestes aux coups d’éclat. Il a quelque chose d’un théâtre intime en mouvement, d’une partition jouée sur un tempo doux, mais parfaitement accordée. Et quand l’émotion arrive – car elle arrive – elle ne s’impose pas par la force mais par accumulation, presque à notre insu. Un regard, un silence prolongé, une phrase simple qui en dit long, suffisent à nous faire basculer. 

Mikado est de ces films qu’on regarde d’abord avec distance, et qui, sans prévenir, nous accompagnent ensuite longtemps. Il ne cherche pas à marquer son époque, mais à capter quelque chose de l’humain, de l’instant, de la faille. Pas une révolution, non. Mais un petit film précieux, vrai, doux, grave et attachant, porté par des comédiens justes, solidaires, généreux. Un coup de cœur discret mais durable, comme un morceau de bois qu’on aurait cru inutile au jeu, et qui finalement soutient tout l’équilibre du mikado. 

NOTE : 12.20

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