Vu le film L’Arme Fatale de Richard Donner (1987) avec Mel Gibson Danny Glover Gary Busey Mitch Ryan Tom Atkins Darlene Love Traci Wolfe Jackie Swanson Damon Hines Ebonie Smith
Robert Murtaugh, policier noir quinquagénaire, marié et père de famille, compte bien atteindre paisiblement la retraite. Mais voici qu'on lui confie comme coéquipier Riggs, un jeune flic suicidaire qui vient de perdre sa femme et manie son arme comme un cow-boy. L'un et l'autre, anciens du Vietnam, vont s'opposer à un gang de trafiquants de drogue dirigé par une organisation fasciste...
L'Arme Fatale (Lethal Weapon, 1987) de Richard Donner n’est pas seulement un classique du cinéma d’action des années 80, c’est une pierre angulaire du buddy movie, un film qui a redéfini le genre tout en imposant un duo devenu légendaire : Martin Riggs et Roger Murtaugh, alias Mel Gibson et Danny Glover. Ce premier volet, nerveux, drôle, tendu, et parfois déchirant, reste encore aujourd’hui un modèle d’équilibre entre humour, drame et adrénaline pure.
Richard Donner, cinéaste touche-à-tout — de Superman à Les Goonies, en passant par Complots ou Ladyhawke — avait déjà prouvé son talent pour capter l’imaginaire collectif. Avec L’Arme Fatale, il livre un film à la fois profondément ancré dans son époque et étonnamment intemporel. L’histoire tient en une ligne : un flic rangé sur le point de prendre sa retraite se retrouve forcé de faire équipe avec un collègue instable, au bord du suicide. Mais c’est dans le traitement que le film explose.
Mel Gibson, tout juste sorti de Mad Max, est ici à son sommet. Il incarne Riggs, vétéran du Vietnam, veuf, suicidaire, devenu une véritable bombe à retardement. Une scène suffit à l’illustrer : seul dans son camping-car, revolver à la tempe, regard perdu. On comprend aussitôt que cette arme fatale, c’est lui. À ses côtés, Danny Glover, parfait contrepoint, campe Murtaugh, père de famille dépassé, qui fête ses 50 ans et aspire à une vie plus calme. Son fameux : « J’ai passé l’âge de ces conneries », devenu culte, dit tout de sa fatigue face à la violence du monde.
L’écriture de Shane Black, scénariste prodige des années 80 (il avait 23 ans), mêle répliques incisives, noirceur psychologique et rythme millimétré. La complicité naissante entre Riggs et Murtaugh, d’abord explosive, devient au fil du film l’un des plus beaux exemples de fraternité virile du cinéma américain. C’est cette dimension humaine, autant que les cascades, qui fait la force du film.
Car de l’action, il y en a. Et de la bonne. Poursuites en voitures sur fond de banlieue L.A., scènes de torture brutales (Riggs électrocuté dans un sous-sol poisseux), fusillades dans des décors de rêve et affrontement final sous la pluie, à mains nues, entre Riggs et Mr. Joshua (interprété par un Gary Busey flippant et charismatique). Donner ne recule devant aucune audace visuelle et ne lâche jamais le spectateur, qui reste littéralement scotché au siège.
La bande originale, signée Michael Kamen, avec des interventions de Eric Clapton à la guitare et David Sanborn au sax, donne au film une tonalité bluesy, presque mélancolique. Chaque note souligne l’état d’âme des personnages sans jamais forcer l’émotion.
Mais L’Arme Fatale, c’est aussi le reflet d’une Amérique post-Vietnam où les vétérans se débattent avec leurs traumatismes, une critique discrète des méthodes expéditives de la police, et un regard acéré sur les dérives du trafic de drogue et des ex-militaires transformés en mercenaires. Pourtant, jamais Donner ne perd de vue le plaisir du spectacle : c’est cette combinaison qui en fait un film d’une rare densité sous son apparente légèreté.
Sorti à Noël 1987 (aux États-Unis), le film a conquis le monde entier. Il devint un pilier des vidéoclubs, passé en boucle sur les cassettes usées de l’époque. Il lança une franchise culte, dont ce premier opus demeure le plus fort, le plus sombre, le plus intense. Les suites — formidables au demeurant — opteront pour un ton plus comique (L'Arme Fatale 2 en 1989, plus satirique ; le 3 plus léger, le 4 très efficace), mais c’est bien ce premier jet qui touche au but, comme un tir parfait au cœur de la pop culture.
L’Arme Fatale, c’est un uppercut cinématographique, un modèle d’action et de narration, un film généreux, drôle, tragique, explosif. C’est un Richard Donner au sommet de son art, un Mel Gibson à fleur de peau, un Danny Glover en roc, et un duo immortel qui continue d’inspirer des générations de cinéastes. Plus qu’un film culte : un manifeste du cinéma de genre des années 80.
NOTE : 15.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Richard Donner
- Scénario : Shane Black, avec la participation non créditée de Jeffrey Boam[]
- Musique : Eric Clapton et Michael Kamen (musique additionnelle : David Sanborn)
- Photographie : Stephen Goldblatt
- Montage : Stuart Baird
- Décors : J. Michael Riva
- Costumes : Mary Malin
- Production : Joel Silver et Richard Donner
- Production associée : Jennie Lew Tugend (de)
- Sociétés de production : Silver Pictures et Warner Bros.
- Société de distribution : Warner Bros.
- Budget : 15 millions de dollars[
- Mel Gibson (VF : Jacques Frantz ; VQ : Hubert Gagnon) : le sergent Martin Riggs
- Danny Glover (VF : Richard Darbois ; VQ : Victor Désy) : le sergent Roger Murtaugh
- Gary Busey (VF : Thierry Ragueneau ; VQ : Jean-Luc Montminy) : Monsieur Joshua
- Mitch Ryan (VF : Pierre Hatet ; VQ : Ronald France) : le général Peter McAllister
- Tom Atkins (VF : Marc de Georgi ; VQ : Vincent Davy) : Michael Hunsaker
- Darlene Love (VF : Thamila Mesbah) : Trish Murtaugh
- Traci Wolfe (VF : Brigitte Berges ; VQ : Violette Chauveau) : Rianne Murtaugh
- Damon Hines : Nick Murtaugh
- Ebonie Smith (arz) : Carrie Murtaugh
- Jackie Swanson (VQ : Anne Bédard) : Amanda Hunsaker
- Ed O'Ross (VF : Mario Santini ; VQ : Marco Ledezma) : Mendez
- Al Leong : Endo
- Gustav Vintas : Gustaf
- Lycia Naff (VF : Danielle Dinan) : Dixie
- Bill Kalmenson : un policier
- Patrick Cameron : un policier
- Don Gordon : un policier
- Jimmie F. Skaggs : le trafiquant de drogue avec la veste en jeans
- Jason Ronard : un trafiquant de drogue
- Blackie Dammett (VF : Philippe Peythieu) : un trafiquant de drogue
- Mary Ellen Trainor (VF : Martine Meiraghe ; VQ : Claudine Chatel) : la psychologue Stephanie Woods
- Steve Kahan (VF : Marcel Guido ; VQ : Jean Fontaine) : le capitaine Ed Murphy
- Jack Thibeau (VF : Gilbert Lévy) : le sergent Michael McCaskey
- Grand L. Bush (VF : Luc Bernard) : Boyette, un collègue de Roger
- Paul Tuerpe : un mercenaire
- Sven-Ole Thorsen : un mercenaire
- Michael Shaner : Len McCleary
- Donald Gooden : Alfred

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