Vu le film Karaté Kids Légends de Jonathan Entswitle (2025) avec Jackie Chan Ralph Macchio Sadie Stanley Ben Wanh Joshua Jackson Aramis Knight Wyatt Oleff
Li Fong, un adolescent qui fréquente l'école de kung-fu de M. Han en Chine, doit déménager à New York avec sa mère. Celle-ci souhaite que son fils intègre une école prestigieuse et qu'il mette de côté son sport de combat.
C’est donc officiel : Karaté Kids: Légendes est bien plus qu’un énième reboot inutile — c’est une trahison artistique déguisée en hommage. Jonathan Entwistle, pourtant capable d’ironie mordante (The End of the F**ing World*), signe ici un produit calibré pour les algorithmes, dépourvu de souffle, d’âme, ou même de la moindre conviction. On nous promettait un retour aux sources, une continuité avec l’esprit de Karaté Kid. Au final, c’est une entreprise de démolition — et ce, à coups de spin kicks CGI et de clichés Netflix-friendly.
On commence avec un titre racoleur, Karaté Kids: Légendes, qui ose invoquer le titre fondateur pour mieux en torpiller l’essence. Puis on greffe quelques extraits du film original de John G. Avildsen, comme un cataplasme sur une jambe de bois. Le clin d’œil devient mascarade : on nous vend du passé pour mieux dissimuler le vide du présent. Ralph Macchio fait une apparition-fantôme, contractuelle au mieux, gênante au pire. Il n’a rien à jouer, pas même un vrai lien avec l’intrigue. Sa présence est un tampon pour appâter les nostalgiques, et basta.
Mais c’est la trahison du cœur même de Karaté Kid qui choque le plus. Le récit originel, c’était celui d’un outsider, un jeune Américain sans repères ni racines orientales, qui trouvait une voie grâce à la philosophie martiale japonaise et l’enseignement d’un maître (Mr. Miyagi), sage, humble, presque effacé, campé par un Pat Morita inoubliable. Ici, tout est inversé. Le jeune « héros » est un Chinois américain, formé par un maître chinois : autrement dit, adieu l’apprentissage interculturel, adieu le choc des mondes et la transmission improbable. On nage dans l’évidence, la facilité, la linéarité.
Jackie Chan — qu’on admire, qu’on respecte — n’est ici qu’un ersatz de lui-même. Vieux sensei un peu bougon, un peu magicien, jamais crédible, jamais touchant. Il singe Mr. Miyagi sans jamais en retrouver la dignité discrète, la douceur, ni surtout le regard mélancolique. Chan fait du Chan, l’esbroufe en moins, la sagesse en toc en plus. C’est triste à voir. Pire : le film essaie de créer une nouvelle légende, comme si le mythe de 1984 était dépassé. Il est pourtant évident que cette nouvelle génération n’a rien d’héroïque, rien de charismatique, rien d’universel.
La mise en scène d’Entwistle est plate, paresseuse, numérique jusqu’à l’étouffement. Les combats sont découpés façon Call of Duty, rythmés à coups de drones et de musiques boum-boum sans saveur. Aucune tension, aucun parcours intérieur. Le combat devient spectacle, la philosophie disparaît. Le karaté est ici une chorégraphie creuse, réduite à un TikTok martial sans chair ni sens.
Quant au casting adolescent, il est tout simplement transparent. Les protagonistes sont interchangeables, bardés de punchlines insipides et de blessures psychologiques en kit. Même les seconds rôles ne sauvent rien. Pas un acteur ne semble croire à ce qu’il joue. On cherche une émotion, un arc narratif, un enjeu — et on ne trouve que des figures marketing mal habillées.
Il faut aussi parler de l’écriture : indigente. Le scénario recycle tous les clichés sans jamais les interroger. L’antagoniste est ridicule, l’enjeu final grotesque, la « leçon » finale est un gloubi-boulga de pseudo-sagesses asiatiques simplifiées pour plaire à un public globalisé sans exigence. Même les dialogues hommages à Miyagi sont mal placés, maladroits, dévitalisés.
Karaté Kids: Légendes est le produit d’un cynisme désespérant. Ce n’est pas un film, c’est un spot publicitaire de deux heures. Il ne transmet rien, ne respecte rien, n’invente rien. Il ne fait que vampiriser un héritage pour le revendre vidé, marketé, massacré. Un sabotage méthodique, avec la complicité d’une industrie qui ne croit plus au cinéma, seulement à la nostalgie rentable.
À fuir. Définitivement.
NOTE : 4.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Jonathan Entwistle
- Scénario : Rob Lieber, d'après les personnages créés par Robert Mark Kamen
- Musique : Dominic Lewis
- Décors : Maya Sigel
- Costumes : N/A
- Photographie : Justin Brown
- Montage : Dana E. Glauberman
- Production : James Lassiter et Karen Rosenfelt
- Société de production : Columbia Pictures
- Société de distribution : Sony Pictures Releasing (États-Unis), Sony Pictures Releasing France
- Jackie Chan : M. Han
- Ralph Macchio : Daniel LaRusso
- Ben Wang : Li Fong
- Joshua Jackson : Victor Lipani
- Sadie Stanley : Mia Lipani
- Ming-Na : Dr Fong
- Aramis Knight : Connor Day
- Wyatt Oleff : Alan
- Shaunette Renée Wilson : Mme Morgan
- Tim Rozon : O'Shea
- Marco Zhang : Li Fong, jeune
- William Zabka : Johnny Lawrence

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