Des soldats atteints d’une mystérieuse maladie du sommeil sont transférés dans un hôpital provisoire installé dans une école abandonnée.
Jenjira (Jenjira Pongpas, sublime de douceur) se porte volontaire pour s’occuper de Itt (Panlop Lomnoi) , un beau soldat auquel personne ne rend visite.
Elle se lie d’amitié avec Keng (Jarinpattra Rueangram), une jeune et ravissante médium qui utilise ses pouvoirs pour aider les proches à communiquer avec les hommes endormis.
Un jour, Jenjira trouve le journal intime de Itt, couvert d’écrits et de croquis étranges. Peut-être existe-t-il une connexion entre l’énigmatique syndrome des soldats et le site ancien mythique, un cimetière) qui s’étend sous l’école ?
La magie, la guérison, la romance et les rêves se mêlent sur la fragile route de Jenjira vers une conscience profonde d’elle-même et du monde qui l’entoure.
Jenjira (Jenjira Pongpas, sublime de douceur) se porte volontaire pour s’occuper de Itt (Panlop Lomnoi) , un beau soldat auquel personne ne rend visite.
Elle se lie d’amitié avec Keng (Jarinpattra Rueangram), une jeune et ravissante médium qui utilise ses pouvoirs pour aider les proches à communiquer avec les hommes endormis.
Un jour, Jenjira trouve le journal intime de Itt, couvert d’écrits et de croquis étranges. Peut-être existe-t-il une connexion entre l’énigmatique syndrome des soldats et le site ancien mythique, un cimetière) qui s’étend sous l’école ?
La magie, la guérison, la romance et les rêves se mêlent sur la fragile route de Jenjira vers une conscience profonde d’elle-même et du monde qui l’entoure.
Apichatpong Weerasethakul est un cinéaste majeur de ces 15 dernières années, et je suis un inconditionnel de "Blissfully Yours" (2002), "Tropical Malady" (2004) et "Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures)" (2010). Ses autres films, des courts-métrages et des documentaires, sont difficiles (impossibles) à voir en France, sauf peut-être "Mekong Hotel" (2012).
"Cemetery of Splendour" est une co-production de la Thaïlande, de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, et de la Malaisie.
Je suis direct : c'est "ma" Palme d'Or de cette année. Et à d'autres aussi, j'imagine.
Le réalisateur a laissé entendre que l’idée du film venait originellement de son actrice prinicipale, Jenjira Pongpas, qui lui aurait donné envie de revenir à sa région natale, l’Isan, dans le nord-est de la Thaïlande. Le film s’inspire d’un fait divers de 2012 : dans le nord de la Thaïlande, quarante soldats ont été mis en isolement dans un hôpital pour une maladie mystérieuse, vraisemblablement une maladie du sommeil. La majeure partie du film prend place dans un hôpital. Le réalisateur se dit fasciné depuis l’enfance par ce milieu, notamment parce que ses parents étaient médecins. "Pour moi, écouter des battements de cœur avec un stéthoscope ou utiliser une loupe avec éclairage intégré relevait déjà de la magie. Le cinéma et le matériel médical étaient les plus belles inventions de mon enfance". Il s’inspire également de nouvelles théories médicales sur le fonctionnement de l’esprit par rapport au corps, ce qui s’illustre dans les scènes où l’on voit des séances de thérapie à base de lumières colorées, et c'est absolument sublime à l'écran.
La plupart des acteurs, dont beaucoup sont des amateurs, sont originaires de la région de l’Isan, et les dialogues sont le plus souvent en dialecte local. Le réalisateur se dit intéressé par les vestiges d’animisme, c’est-à-dire de la croyance en la présence d’une âme en chaque homme, mais aussi en chaque animal ou élément naturel quelconque, encore présent dans la région : "Les gens n’y vivent pas seulement dans un univers quotidien, mais aussi dans un monde spirituel. Les choses les plus simples peuvent devenir magiques." Toutefois, Jenjira Pongpas l’actrice qui tient le rôle principal, qui a été victime d’un accident de moto en 2003 qui l’a laissée paralysée d’une jambe, et qui a constitué un obstacle à sa carrière. Malgré cela, Apichatpong Weerasethakul l'a tout de même choisie pour incarner les premiers rôles féminins de ses films, d'abord dans "Oncle Boonme (celui qui se souvient de ses vies antérieures)", puis "Cemetery of Splendour". Quant à Panlop Lomnoi qui incarne ici le jeune et beau soldat Itt, il était le héros de "Tropical Malady".
"Cemetery of Splendors" est donc un film "fantastique" et "magique", ou "merveilleux" comme dirait Jean Cocteau, mais sans déluge d'effets spéciaux. Avec une infinie douceur, il narre le monde tel qu'il va, les choses qui disparaissent, celles qui apparaissent, le mystère du sommeil et des rêves, peut-être habités par ceux qui nous ont précédés, et porte en cela une forme d'universalité.
Apichatpong Weerasethakul et son film vont plus loin, puisque s'ils nous invitent à regarder notre monde qui change et qu'on détruit (le travail lent et lancinant de la pelleteuse qui démolit le terrain de football des enfants qu'on voit par la fenêtre), il invite aussi, avec une délicatesse à mon sens inégalée, à ressentir. Comme une invitation au voyage, autant autour du monde qu'en nous-mêmes.
On pourra me dire qu'il est difficile d'accéder à ce genre de "fantastique", très spirituel et mystique, je répondrai que les foules se déplacent en masse pour regarder les super-héros étasuniens qui font des miracles à la place de Jésus Christ, la plupart du temps avec une extrême violence, sans jamais passer par la case Justice, sans que personne n'y trouve rien à redire. La "médecine douce" que nous propose ici le réalisateur, qui n'encombre pas les écrans, lui, avec ses 4 films somptueux en près de 15 ans, a tout autant droit de cité.
A la fois brûlot politique et conte mystique, ce somptueux dernier film du cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul se révèle aussi une manière sans équivalent connu de satire politique à visage paisible.
"Tout film qui peut être décrit par des mots n’en est pas un", disait Michelangelo Antonioni. La beauté de "Cemetery of Splendour" est d’autant plus indescriptible que chacun y trouvera sa vérité en laissant son esprit divaguer. Il faut reconnaître à ce cinéaste unique la douce puissance inébranlable de son cinéma, son audace souveraine et son amour pour les récits de "maladies tropicales" dont peut-être nous sommes tous atteints.
Un film de rêve, d’animisme, de nature éternelle, à la splendeur formelle et au rythme lancinant qui invitent au voyage. Savoir enchanter le réel au contact d'un imaginaire libre et des puissances les plus dépouillées du cinéma. Cet usage humble et sorcier du septième art, rare de nos jours, est tout simplement magique.
Visuellement toujours à tomber à la renverse "Cemetery of Splendour" est une nouvelle séance d'hypnose, qui propose à nouveau une expérience sensorielle unique au spectateur. Une invitation à un voyage immobile, odyssée silencieuse, "Cemetery of Splendour" est un rêve où vous vous perdrez avec bonheur.
Chef d'oeuvre.
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