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dimanche 14 décembre 2025

11.50 - MON AVIS SUR LE FILM L'ETE EN HIVER DE FRANCOIS CHALAIS (1964)

 




Vu le Film
L’Eté en Hiver de François Chalais (1964) avec Michel Piccoli Mireille Darc Judith Magre Albert Dinan 
Christine Aurel Nicole Desailly Phuong Loan Carlo Nell
 

Jean, grand reporter très demandé, et Diane, actrice, sont mariés depuis trois ans, mais souvent séparés par leurs professions respectives. Ils n’ont pas vécu plus de six mois ensemble. Au cours de l’hiver, ils décident de passer des vacances ensemble à Meschers, afin de revivre les premiers moments de leur relation. 

L’Été en hiver est une curiosité, presque un objet non identifié du cinéma français. 
Aux commandes : François Chalais, immense critique de cinéma, voix respectée de la presse, de la radio et de la télévision. 
Un homme qui a passé sa vie à commenter, analyser, juger les films des autres… et qui, un jour, passe de l’autre côté de la caméra. 

Le film parle pour lui-même. 
Un couple, tout simplement. 
Pas de cris, pas de conflits, pas de scènes hystériques : on n’est clairement pas chez Godard. 
Lui est journaliste (Michel Piccoli, d’une sobriété remarquable), elle est une grande star de cinéma (Mireille Darc, lumineuse mais retenue). 
Ils se parlent. 
Ils s’observent. 
Ils dissèquent leur relation comme deux adultes intelligents qui savent que l’amour ne se règle pas à coups de slogans. 

Il ne se passe presque rien. 
Et pourtant, tout est là. 

La mise en scène est sèche, parfois même austère. 
Peu de jolis plans, peu de recherche plastique. 
Chalais filme comme un homme de parole, pas comme un esthète. 
Le cinéma ici n’est pas un spectacle, c’est un espace de conversation. 
Une chambre d’écho émotionnelle. 

Piccoli est impeccable : précis, fatigué, lucide. 
Il incarne un homme qui analyse trop, qui sait trop, qui intellectualise même ses sentiments. 
Mireille Darc, elle, joue une star sans glamour excessif, presque mise à nu, consciente de son image mais désireuse d’exister hors de celle-ci. 
Le casting est minimaliste mais parfaitement choisi. 

Le film ressemble à une expérience. 
Presque un documentaire émotionnel déguisé en fiction. 
On a parfois l’impression d’assister à une conversation réelle, captée à la volée. 
D’où la question inévitable : 
est-ce une expérience personnelle de Chalais ? 
A-t-il aimé une actrice ? 
A-t-il observé de très près ce type de relation asymétrique entre célébrité et regard critique ? 

Rien ne permet de l’affirmer. 
Mais tout dans le film donne le sentiment d’un vécu, ou au minimum d’une grande proximité avec ce monde-là. 
Chalais ne juge pas, il constate. 
Il ne romance pas, il écoute. 

L’Été en hiver n’est pas un grand film au sens classique. 
C’est un film fragile, parfois maladroit, mais profondément honnête. 
Une tentative rare : celle d’un critique qui ose se mettre en danger, sans filet, sans effets. 

Un film qui ne cherche pas à séduire. 
Juste à comprendre. 

NOTE : 11.50

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

8.60 - MON AVISSUR LE FILM KPOP DEMON HUNTERS DE MAGGIE KANG ET CHRIS APPLEGHANS (2025)

 


Vu le Film d’Animation KPOP Démon Hunters de Maggie Kang et Chris Applehans (2025)

Les membres d'un groupe de K-Pop se servent de leurs identités secrètes de chasseuses de démons afin de protéger leurs admirateurs d'une menace surnaturelle. Elles combattent ensemble leur plus grand ennemi: un groupe de garçons rival composé de démons. 

Soyons honnêtes dès le départ : je ne suis clairement pas la cible. 
Le film est pensé pour les jeunes filles en fleurs, les garçons qui se cherchent, et une génération qui vit avec des écouteurs greffés aux oreilles. 
La K-POP n’est pas mon kiff musical, et je regarde ces groupes comme un ethnologue un peu perplexe face à une tribu hyperactive. 

Et pourtant, je voulais voir ce film. 
Pourquoi ? Parce qu’il a tout du futur favori de l’Oscar du Meilleur Film d’Animation en mars 2026. 
Pas par idéologie, mais par efficacité industrielle et visuelle. 

L’histoire est simple, presque naïve : 
Un girls band de K-POP mène une double vie. 
Sur scène, paillettes, chorégraphies millimétrées et sourires calibrés. 
En coulisses, elles chassent des démons qui se nourrissent de l’énergie émotionnelle des fans. 
Le Mal prend la forme de producteurs toxiques, de démons glamour et d’une industrie qui vampirise la jeunesse. 
Ce n’est pas très subtil, mais c’est diablement malin. 

Le scénario n’invente pas l’eau chaude, mais il la fait bouillir très fort. 
C’est de la guimauve ultra-sucrée, oui, pas recommandée pour notre diabète cinématographique. 
Mais la narration est rythmée, sans temps mort, et pensée comme un concert : 
montées, drops, refrains émotionnels, et rappels spectaculaires. 

La mise en scène est un vrai feu d’artifice. 
Le film a un punch visuel incroyable. 
Couleurs explosives, découpage hyper dynamique, caméra virtuelle qui danse avec les personnages. 
Chaque scène apporte une invention graphique ou narrative. 
On sent une influence anime, du clip musical, du comics et du cinéma d’action. 
C’est généreux, parfois épuisant, mais jamais paresseux. 

Graphiquement, le film est assez bluffant. 
Textures, lumières, transitions : tout est pensé pour séduire l’œil et capter l’attention. 
C’est une démonstration de force technique, clairement conçue pour faire la différence face à la concurrence. 

Côté casting vocal, les actrices sont impeccables. 
Elles incarnent leurs personnages avec énergie, sincérité et une vraie identité vocale. 
Chaque héroïne existe, avec ses failles, ses doutes, son rapport à la célébrité et au regard des autres. 
Les antagonistes, volontairement caricaturaux, jouent leur rôle de menace pop avec un cynisme assumé. 

Évidemment, si vous êtes amateur de Chris Marker ou Jean Vigo, passez votre chemin. 
Ici, pas de poésie contemplative ni de révolte ouvrière. 
Mais pour les ados, ça a dû les faire kiffer sévère, comme ils disent. 
Et le film ne les prend pas totalement pour des imbéciles, ce qui est déjà beaucoup. 

K-POP Demon Hunters n’est pas un grand film au sens auteuriste. 
Mais c’est un film redoutablement efficace, inventif, généreux et parfaitement calibré pour son public. 
Un produit, oui — mais un produit intelligent, nerveux et visuellement jouissif. 

Alors Oscar ou pas ? 
Wait and see. 
Mais ne soyez pas surpris s’il rafle la mise pendant que nous, vieux cinéphiles, surveillons notre taux de sucre. 

NOTE : 8.60

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Voix françaises

  • Noémie Orphelin (dialogues) / Alexiane Broque (chant) : Rumi
    • Olivia Masseron : Rumi enfant
  • Alexandre Nguyen (dialogues) / Doryan Ben (chant) : Jinu
  • Vanessa Van-Geneugden (dialogues) / Jeanne Jerosme (chant) : Mira
  • Clotilde Verry : Zoey
  • Laura Blanc : Celine
  • Bastien Jacquemart : Romance Saja
  • Loaï Rahman : Mystery Saja
  • Thomas Bernier : Abby Saja
  • Guillaume Beaujolais : Baby Saja
  • Guillaume Lebon : Dr Han
  • Emmanuel Garijo : Bobby
  • Paul Borne : Gwi-Ma