Pages

jeudi 16 janvier 2025

8.20 - MON AVIS SUR LE FILM AD VITAM DE ROLDOLFO LAUGA (2025°

 


Vu le film (sur Netflix) Ad Vitam de Roldolfo Lauga (2025) avec Guillaume Canet Nassim Lyes Stéphane Caillard Zita Hanrot Johan Holdenbergh Alexis Manenti Maurice Chan Etienne Guillou Kesvern

Ad Vitam de Rodolphe Lauga s’inscrit dans la désormais longue liste de films d’action sans âme que Netflix nous sert à la chaîne, une de ces « productions maison » qui semblent avoir été conçues par algorithme, où chaque ingrédient est dosé selon une recette standardisée : un acteur connu pour attirer l’attention, une intrigue minimaliste pour ne pas perdre les spectateurs en route, et quelques scènes d’action censées maintenir l’adrénaline. Problème ? Ici, la soupe manque cruellement de saveur, et les grumeaux sont légion.

Le film repose en grande partie sur les épaules de Guillaume Canet, dont on reconnaît le talent, mais même un acteur chevronné ne peut sauver une histoire aussi bancale. Il fait de son mieux avec ce qu’il a, c’est-à-dire un personnage écrit à la truelle et une série de dialogues aussi percutants qu’une blague de cour de récré. Le voir s’investir dans des cascades, certes exécutées avec un certain sérieux, mais qui évoquent plus les jeux d’un enfant que de réelles scènes d’action, finit par devenir presque gênant.

L’histoire est d’une banalité affligeante : un héros semblant vieillissant, un passé sombre qui ressurgit, des méchants sans charisme… On peine à y trouver la moindre once d’originalité. Quant à la mise en scène, elle oscille entre le correct et le brouillon, sans jamais dépasser un niveau qu’on pourrait qualifier d’acceptable. Rodolphe Lauga semble vouloir créer une atmosphère sombre et tendue, mais il ne réussit qu’à produire un univers morne et sans relief.

Le casting secondaire, malheureusement, n’arrange rien. Seul Nassim Lyes et Alexis Manenti sortent légèrement du lot, avec une performance honnête qui apporte un peu de fraîcheur dans ce désert émotionnel. Le reste des acteurs peine à exister, la faute d’une direction visiblement peu inspirée et à des personnages écrits de manière caricaturale.

Si certaines productions Netflix arrivent encore à nous surprendre, Ad Vitam appartient à cette catégorie de films qu’on oublie aussitôt regardés. Il n’offre ni divertissement de qualité, ni véritable émotion, ni réflexion intéressante. Une tentative de film d’action qui échoue à tous les niveaux, laissant un goût d’inachevé et d’inutile.

Ad Vitam, c’est un peu comme un plat réchauffé au micro-ondes : ça ressemble vaguement à ce qu’on pourrait appeler un film d’action, mais au fond, il manque l’essentiel : du goût, de l’authenticité et une vraie personnalité. À réserver uniquement aux amateurs de « contenu » qui n’attendent rien d’autre qu’un écran occupé.

 NOTE : 8.20

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Rodolphe Lauga
  • Scénario : Rodolphe Lauga et Guillaume Canet, avec la participation de David Corona
  • Musique : Amine Bouhafa
  • Photographie : Vincent Mathias
  • Montage : Yann Malcor et Marion Monnier
  • Production : Guillaume Canet
  • Sociétés de production : Cabanes Productions, Caneo Films et Les Films du Cap
  • Producteur exécutif Belgique : Beside Productions
  • Société de distribution : Netflix

DISTRIBUTION


8.30 - MON AVIS SUR LE FILM RELAXE TOI CHERIE DE JEAN BOYER (1964)

 


Vu  le film Relaxe Toi Chérie de Jean Boyer (1964)   Fernandel Sandra Milo Jean Pierre Marielle Catherine Clarence Jean Lefebvre Hélène Dieudonné Jacqueline Jefford Jacqueline Rivière Yvonne Clech Nicole Guesden Pascale Roberts Maurice Chevit

Hélène et François forment un couple heureux depuis douze ans. Las ! Madame découvre les beautés de la psychanalyse sous les traits du séduisant conférencier David Kouglow. Bientôt convaincue que la belle santé et la fidélité de son époux cachent d'horribles drames, elle décide trois de ses amies à l'aider à ce que son mari la trompe afin qu'il puisse réaliser ses désirs inavoués. Cependant, François découvre la vérité et décide d'organiser une soirée un peu spéciale.

Sorti en 1964, Relaxe-toi chérie est une comédie légère réalisée par Jean Boyer, habitué à ce type de films divertissants sans grandes ambitions artistiques. Porté par Fernandel, alors en fin de carrière, et un tout jeune Jean-Pierre Marielle, le film mêle satire sociale et humour de boulevard, mais peine à trouver un réel équilibre entre ses différentes intentions. L’idée de départ, qui consiste à se moquer des nouvelles modes psychologiques en vogue dans les années 60, aurait pu donner lieu à une critique mordante de la société bourgeoise et de ses travers. Malheureusement, ce potentiel satirique reste largement sous-exploité, étouffé par des intrigues secondaires convenues autour de maris trompés et de quiproquos usés jusqu’à la corde.

Fernandel incarne ici un époux dépassé par l’émancipation de sa femme, jouée par Sandra Milo, et les conseils de son psychanalyste. Fidèle à son style habituel, l’acteur campe un personnage bourru mais bonhomme, avec son sens inimitable du timing comique. Cependant, malgré son indéniable charisme, on sent un Fernandel vieillissant, répétant des mimiques et des situations déjà vues dans ses précédents films. Sa performance reste plaisante, mais manque de fraîcheur et de renouveau.

Face à lui, Jean-Pierre Marielle, encore au début de sa carrière, apporte une énergie différente, plus moderne et décalée. Il incarne un jeune homme déroutant, à la fois complice et adversaire de Fernandel. Sa présence intrigue, mais son personnage manque d’épaisseur pour vraiment briller. Il est clair que Marielle n’a pas encore trouvé le registre dans lequel il excellera plus tard.

Le reste du casting est assez inégal, certains acteurs peinant à suivre la cadence imposée par Fernandel et Marielle. Si Sandra Milo s’en sort honorablement dans le rôle de la femme libérée, les autres rôles secondaires semblent davantage là pour remplir les cases des habituelles histoires de cocus et de malentendus conjugaux propres aux comédies de l’époque.

Sur le plan de la mise en scène, Jean Boyer se contente du strict minimum, offrant un cadre fonctionnel sans grande inventivité. Le film se repose essentiellement sur les dialogues et le jeu des acteurs, sans chercher à innover sur le plan visuel ou narratif. La réalisation manque de rythme, et certaines scènes s’étirent inutilement, alourdissant l’ensemble.

Relaxe-toi chérie n’est pas un grand film dans la carrière de Fernandel. S’il amuse par moments, il donne l’impression d’une œuvre faite sans grande conviction, destinée à capitaliser sur la popularité de son acteur principal. Malgré la présence prometteuse de Marielle, le film ne parvient pas à dépasser son statut de comédie légère et convenue. Une curiosité pour les amateurs de Fernandel et de Marielle, mais certainement pas un incontournable du genre.

 NOTE ; 8.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

16.10 - MON AVIS SUR LE FILM SECTION SPECIALE (1975)


 Vu le film Section Spéciale de Costa Gavras (1975) avec  Michel Galabru Jacques Perrin Louis Seigner Claude Pièplu Jean Bouise Roland Bertin Bruno Crémer François Maistre Michael Lonsdale Pierre Dux Romain Bouteille Yves Robert Thérèse Liotard Yves Montand

Avec Section spéciale (1975), Costa-Gavras livre une nouvelle œuvre magistrale, poursuivant son exploration des mécanismes du pouvoir et de l'injustice après le succès retentissant de Z (1969). Si ce dernier dénonçait la dictature militaire en Grèce, son pays d’origine, Section spéciale s’attaque cette fois à une page sombre de l’histoire française : la collaboration judiciaire sous le régime de Vichy. Gavras plonge dans les arcanes d’une justice dévoyée, cyniquement mise en place pour répondre aux exigences de l’occupant nazi.

Le film raconte comment, après un attentat contre des soldats allemands, le gouvernement de Vichy, sous pression de l’occupant, organise une parodie de justice à travers une "section spéciale", composée de magistrats français issus des plus hautes sphères de la magistrature. Ceux-ci, sous couvert de légalité, vont condamner à mort des innocents pris au hasard parmi des détenus politiques, des résistants et même de simples citoyens, pour satisfaire la soif de vengeance des nazis et préserver leur position au sein de l’appareil d’État.

Costa-Gavras adopte un style froid, rigoureux et clinique, évitant toute forme de pathos ou d’emphase inutile. La mise en scène est austère mais d’une précision implacable, à l’image des procès expéditifs et absurdes qui s Se déroulent sous nos yeux. Cette sobriété renforce l’impact émotionnel du film, car la monstruosité de la situation découle précisément de sa banalité administrative et bureaucratique. Il ne s’agit pas d’un déchaînement de violence physique, mais d’une violence institutionnelle glaciale, perpétrée par des hommes qui se considèrent comme des serviteurs zélés de la loi.

Là où Costa-Gavras excelle, c’est dans sa capacité à nous immerger dans cet univers étouffant, où chaque décision semble dictée par la peur et l’opportunisme. Les dialogues ciselés et les scènes de débat entre magistrats montrent la lâcheté morale qui prévaut sous couvert de légalité. Ce n’est pas la barbarie brute qui effraie ici, mais bien la manière dont des hommes "respectables" justifient l’injustifiable, drapés dans leur fonction.

Le choix du casting contribue grandement à la puissance du film. Costa-Gavras a rassemblé une véritable constellation de seconds rôles du cinéma français des années 70 : Michel Galabru, impressionnant en prétendant à la plus haute marche en magistrat désabusé ; Jacques Perrin, dans un rôle de jeune avocat idéaliste ; Claude Piéplu, parfait dans son interprétation d’un bureaucrate rigide et servile ; Bruno Cremer, tout en retenue et en ambiguïté ; sans oublier François Maistre et Michael Lonsdale, qui incarnent avec brio la froide mécanique administrative. Aucun de ces acteurs n’éclipse les autres, car ici, l’important n’est pas l’individu, mais le collectif. Il s’agit d’un chœur tragique, où chacun joue sa partition au service d’un système impitoyable.

Ce qui donne le tournis, c’est la manière dont Gavras met en lumière cette logique implacable et glaçante d’une justice dévoyée. Loin de tout manichéisme, il ne présente pas ces magistrats comme des monstres, mais comme des hommes ordinaires, incapables de résister au poids des circonstances. La grande force de Section spéciale réside dans cette vision nuancée et complexe des personnages, qui reflète une réalité historique tragique : la collaboration n’a pas été le fait de marginaux ou de psychopathes, mais de citoyens ordinaires, mus par la peur, l’ambition ou la simple volonté de maintenir un semblant d’ordre.

Section spéciale est une claque monumentale, un film politique d’une rare intensité, servi par une mise en scène implacable et un casting exceptionnel. Costa-Gavras nous rappelle ici, avec une pertinence toujours actuelle, que l’injustice la plus terrible peut se draper des habits de la légalité. Un chef-d’œuvre du cinéma engagé, qui mérite d’être redécouvert et médité.

A la Libération aucun de ses magistrats ne sera poursuivis

Toujours la raison d’Etat

NOTE : 16.10 

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Hommes politiques et hauts fonctionnaires

Magistrats et avocats

Les Allemands

Les Résistants

Les prévenus

[modifier | modifier le code]

Autres rôles

[modifier | modifier le code]

 

12.20 - MON AVIS SUR LE. FILM SUIVEZ CET HOMME DE GEORGES LAMPIN (1951)


 Vu le film Suivez cet Homme de Georges Lampin (1951) avec Bernard Blier Albert Michel Andrée Clément Daniel Cauchy Yves Robert Paul Frankeur Guy Decomble Christian Fourcade Laurence Badie Suzy Prim Dominique Davray  Madeleine Barbulée

Le jour de ses 50 ans, le commissaire Basquier raconte les deux grandes affaires qui ont marqué sa carrière : l'assassinat d'Olga, une prêteuse sur gages, par le docteur Corbier, qui était censé la soigner après un empoisonnement, et l'organisation par Courvoisier du vol de sa propre bijouterie afin de toucher la prime d'assurance

Suivez cet homme est un bijou oublié du film noir français des années 50, qui brille autant par sa reconstitution minutieuse du Paris de l'après-guerre que par la qualité de son atmosphère. Réalisé par Georges Lampin, le film nous plonge dans les souvenirs d’un inspecteur vieillissant, campé avec justesse par un Bernard Blier au sommet de son art. Dès les premières scènes, on est happé par l’ambiance feutrée des commissariats d’époque, les pavés humides des ruelles parisiennes et les volutes de fumée des cafés sombres où se croisent figures interlopes et citoyens ordinaires.

Lampin s’appuie ici sur une narration éclatée en deux affaires distinctes, que l’inspecteur se remémore comme les jalons marquants de sa carrière. Cette construction en flashbacks, si elle n’a rien de révolutionnaire, fonctionne à merveille pour entretenir le suspense et plonger le spectateur dans une enquête où la frontière entre victime et coupable reste floue. Chacun des protagonistes semble en effet avoir quelque chose à cacher, et la galerie de personnages contribue à cette atmosphère pesante, presque suffocante, propre au genre.

La distribution est l’un des points forts du film. C’est un plaisir de découvrir ou redécouvrir des acteurs que l’on verra éclore dans les décennies suivantes : Yves Robert, encore loin de sa carrière de cinéaste, livre une performance solide ; Laurence Badie, dans un rôle à la fois candide et inquiétant, illumine l’écran par sa fraîcheur. Daniel Cauchy, figure récurrente des films policiers d’alors, apporte une énergie brute, tandis que France Roche, davantage connue comme journaliste, surprend agréablement par son naturel.

Cependant, la véritable star du film reste Bernard Blier, impérial. On le connaît souvent cantonner aux rôles de maris trompés ou de personnages dépassés par les événements, mais ici, il impose une autorité tranquille et un charisme évident. Blier incarne un inspecteur fatigué mais perspicace, dont le flegme apparent masque une détermination implacable.

Le film séduit aussi par sa photographie. Les jeux d’ombre et de lumière, les cadrages serrés sur les visages crispés ou les ruelles désertes rappellent les codes visuels du film noir américain, tout en conservant une touche bien française, presque poétique. La musique, discrète mais efficace, souligne habilement les moments de tension sans jamais tomber dans le pathos.

Suivez cet homme est un petit trésor pour les amateurs de polars à l’ancienne. Si l’intrigue peut sembler classique au premier abord, elle est sublimée par une ambiance soignée et des interprétations de grande qualité. Georges Lampin signe ici un film au charme indéniable, porté par un Bernard Blier en pleine possession de ses moyens. C’est un plaisir rare que de voir un acteur aussi iconique jouer un rôle si éloigné de ceux qui ont fait sa renommée. Un film à redécouvrir, ne serait-ce que pour son atmosphère singulière et sa plongée dans un Paris révolu. 

NOTE : 12.20

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION