Pages

lundi 2 novembre 2015

LITTLE GAY BOY DE ANTHONY HICKLING PAR CRITIQUE CHONCHON

Little Gay Boy
C’est l’histoire du périple de Jean-Christophe (Gaëtan Vettier), de sa naissance à sa renaissance.
Né d’une mère prostituée, Maria, après l'Annonciation faite par l'Ange Gabriel (Gala Besson) et d’un père absent, J-C., à l’âge adolescent, expérimente sa sexualité et pousse les limites de son identité jusqu’au jour où il rencontre, finalement, ce père fantasmé, Dieu (Manuel Blanc).
Entre violence crue et rêveries fantasmagoriques, JC devra trouver sa voie et se libérer progressivement des démons du passé.
"Little Gay Boy" est en fait formé de trois courts-métrages intitulés "L'Annonciation", "Little Gay Boy Christ is Dead" et "Holy Thursday". Antony Hickling a voulu réaliser trois portraits : celui de JC, le personnage principal, de la mère et du père. L'idée de ce tryptique était de raconter une histoire qui pouvait être comprise aussi bien dans sa globalité que par morceaux. Les films sont donc liés, mais ils peuvent aussi très bien fonctionner seuls.
Antony Hickling est un jeune réalisateur Sud-Africain (il n'a pas 40 ans), un peu touche à tout, scénariste, réalisateur, producteur, acteur (ici il joue l'un des clients de J-C) assez difficile à classer.
L'histoire de "Little Gay Boy" est en partie autobiographique car elle retrace le périple d'un jeune homme explorant sa sexualité, ce qu'a vécu le réalisateur il y a plusieurs années. Il a aussi toujours été impliqué dans la religion, c'est pour cela qu'il a décidé de la mettre en avant dans son long-métrage. Pour Antony Hickling, la religion fait partie de sa vie et l'a beaucoup aidé lorsqu'il a découvert qu'il était homosexuel. Il était donc évident d'en faire référence dans son film.
Le réalisateur revendique des influences prestigieuses, telles notamment Pier Paolo Pasolini (1922-1978), Werner Schroeter (1945-2010), l'immense Derek Jarman (1942-1994), et le très troublant Paul Morrissey (né en 1938). Ses sources d'inspirations viennent aussi de la peinture, principalement les tableaux religieux de La Renaissance, et de la photographie, du côté de Chantal Ackerman et de Wilhelm Von Gloeden (pour les nus masculins). Il en résulte un cinéma qu'on pourrait qualifier de "mystique", "underground"...
Cet OVNI cinématographique a évidemment voyagé de festival gay en festival gay, comme "Cinepride" et "In & Out", "Chéries-Chéris" à Paris, puis Berlin, Londres ou encore Tel Aviv, où il a glâné bon nombre de prix.
On ne peut pas trop en demander à un film dont le budget est de 500.000€. Pour autant, admirer et s'en revendiquer ne fait pas de vous une nouveau Derek Jarman, un nouveau Paul Morrissey, ou un nouveau Werner Schoeter.
Provocation pop arty underground, cette expérience filmique est typique d’un cinéma homo trash. Et selon moi, il ne faut pas s'en moquer, pour la simple et bonne raison qu'il est des provocations intelligentes (JC embrassant goulûment Dieu son père après qu'ils ont sucé le même homme en pleine forêt), surtout en ce moment où une néo-pudibonderie nous envahit dangereusement et étouffe tout.
"Little Gay Boy" montre un sens indéniable de l'humour noir, une crudité qui réveille un peu (je vous épargne les harnais de cuir, les fist-fucking...). Inégal, sans doute. Baroque, sûrement.
C'est inégal, "L'Annonciation" et "Holy Thursday" étant selon moi meilleurs que la partie centrale du film, mais chose rare, surtout de ma part, on ne peut que saluer l'intention du film. En effet, l'irruption d'une sorte de "Manif pour Tous" ourdie par des curés obscurantistes au milieu de tout ça est loin d'être anodine. Ce rappel politique est tout à fait pertinent.
Difficile de conseiller la re-sortie de "Little Gay Boy" (une seule salle en France), mais je pense avisé d'en conseiller le DVD sorti depuis pas mal de temps déjà.
Ce cinéma de "bouts de ficelles", est une sorte de cinéma "expérimental", un cinéma "en gestation", où l'on s'accroche à quelques très bonnes idées, à une mise en forme audacieuse, où l'on (re)découvre une poésie crue... qui ne demande qu'à accoucher, grâce à un budget plus conséquent et à une écriture plus aboutie, pour s'éloigner plus encore des afféteries surannées d'un Patrick Mimouni pour approcher la profondeur du "Caravaggio" de Derek Jarman (sorti en 1986) et dont le talent nous manque terriblement.
Et de trouver un nouveau Joe Dallesandro...

CRITIQUE DE LITTLE GAY BOY DE ANTHONY HICKLING PAR CRITIQUE CHONCHON

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire