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mardi 14 janvier 2025

11.90N- MON AVIS SUR LE FILM L'HEURE MAGIQUE (1998)


 Vu le film L’Heure Magique de Robert Benton (1998) avec Paul Newman Gene Hackman Susan Sarandon Reese Witherspoon Stockard Channing James Garner Giancarlo Esposito Liev Schreiber

Harry Ross est un ancien policier qui, au crépuscule de sa vie, n’est plus que l’homme à tout faire de Jack Ames, ancienne star de cinéma, et de son épouse dont il est devenu l’ami et amant potentiel. En voulant rendre service à Jack, Harry se retrouve plongé dans une tortueuse enquête sur un meurtre très ancien qui l'amènera à mettre au jour le passé de ses employeurs. Il en viendra à se compromettre et à remettre en question ses principes sur l’amour, la vérité et l’honneur…

Avec un casting aussi prestigieux — Paul Newman, Susan Sarandon, Gene Hackman, James Garner — et la promesse d’un thriller élégant mêlant le monde du cinéma et celui des enquêtes policières, L’Heure magique (Twilight, 1998) avait tout pour être une réussite. Pourtant, malgré l’alignement de ces grandes figures du cinéma et l’atmosphère feutrée que tente d’instaurer Robert Benton, le film peine à convaincre.

L’intrigue suit Harry Ross, un ancien détective privé interprété par Paul Newman, qui se retrouve mêlé malgré lui à une sombre affaire impliquant un couple d’anciennes gloires d’Hollywood, Jack et Catherine Ames (Gene Hackman et Susan Sarandon). L’idée de départ est intéressante : dans une Californie vieillissante, à l’ombre des fastes d’un cinéma révolu, Harry navigue entre les vestiges d’une époque dorée et un monde où plus personne ne semble digne de confiance. Malheureusement, la mise en scène de Benton reste terne, et l’enquête qui aurait pu captiver manque cruellement d’enjeu dramatique et de rythme.

L’un des points faibles majeurs du film réside sans doute dans le personnage principal. Paul Newman, bien qu’il conserve son charisme légendaire, incarne ici un Harry Ross désabusé, un homme vieillissant, solitaire et peu attachant. Si son côté « coureur de jupons » aurait pu lui conférer une certaine malice, il apparaît surtout comme un personnage sans réelle profondeur, manquant d’élégance et d’esprit. Contrairement à d’autres rôles de détectives dans le même genre de films noirs — où l’ambiguïté morale sert souvent à humaniser le héros —, Harry reste ici figé dans une posture de vieux briscard fatigué, ce qui finit par nous désintéresser de son sort.

Le plus gros problème de L’Heure magique, c’est que le film ne « décolle » jamais vraiment. L’enquête avance lentement, sans réelle tension ni surprise. Les dialogues, parfois trop bavards, peinent à créer l’atmosphère d’un bon film noir. On attend une montée en puissance dramatique qui n’arrive jamais, et les retournements de situation censés relancer l’intrigue tombent à plat. La réalisation de Benton, trop classique et dépourvue d’audace, n’aide pas à dynamiser l’ensemble.

Même les séquences censées apporter un peu de suspense ou de danger manquent de mordant. L’interaction entre Harry et les autres personnages, notamment Catherine Ames (Sarandon, pourtant parfaite dans son rôle de femme fatale vieillissante), aurait pu donner lieu à des scènes plus mémorables. Mais la réalisation reste trop timide, et les relations entre les protagonistes, pourtant cruciales dans un tel genre, n’atteignent jamais la tension émotionnelle espérée.

Le film dispose pourtant d’un panel impressionnant de seconds rôles. Gene Hackman, dans un rôle plus effacé qu’à son habitude, apporte une certaine gravité, mais il est trop peu présent à l’écran pour vraiment marquer. James Garner joue avec efficacité un ancien ami de Harry, mais là encore, son personnage manque d’épaisseur. Quant aux jeunes Reese Witherspoon et Liev Schreiber, ils apparaissent dans des rôles secondaires peu développés, gâchant ainsi l’opportunité de créer un contraste intéressant entre la jeune génération et ces figures vieillissantes du passé hollywoodien.

Si L’Heure magique reste regardable grâce à son casting de légende et quelques moments de complicité entre les acteurs, il n’atteint jamais le niveau des grands thrillers du genre. Le film semble hésiter constamment entre le polar classique et le drame intimiste, sans jamais réellement choisir son camp. Résultat : ni la tension propre au thriller, ni l’émotion d’un drame centré sur des personnages en fin de parcours ne parviennent à s’imposer.

En fin de compte, on comprend pourquoi ce film n’a pas marqué la carrière de Paul Newman. Bien que son jeu reste impeccable et que sa présence à l’écran soit indéniable, il ne trouve pas ici un rôle à la hauteur de son talent. Harry Ross n’a ni l’élégance d’un détective noir classique, ni la profondeur tragique d’un personnage en quête de rédemption. Il erre dans une histoire qui, à défaut d’être totalement ratée, reste trop fade pour captiver.

L’Heure magique avait tout pour être un grand film noir : un cadre élégant, un casting prestigieux et une ambiance nostalgique intéressante. Mais la faiblesse de l’écriture et le manque de tension dramatique empêchent le film de réellement s’imposer. Ce n’est pas un mauvais film, mais il souffre d’une exécution trop timorée et d’un manque de souffle narratif. On en ressort avec un sentiment de frustration, face à ce qui aurait pu être un grand thriller crépusculaire, mais qui reste une œuvre mineure, vite oubliée.

NOTE : 11:90

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