Vu le film Le Diable et les 10 Commandements de Julien Duvivier (1962) avec Alain Delon Micheline Presle Louis de Funès Lino Ventura Fernandel Michel Simon Danielle Darrieux Françoise Arnoul Lucien Baroux Jean Claude Brialy Claude Nolier Mel Ferrer
Dans un couvent de religieuses, le
vieux Jérôme Chambard s'occupe de petits travaux ; il jure sans cesse et la
mère supérieure le renvoie. Comme le vieil homme est l'ami de l'évêque,
celui-ci lui offre un catéchisme pour qu'il apprenne les dix commandements.
Mais le diable lui montre comment ne pas les respecter, et même, les détourner.
Réalisé en 1962 par Julien Duvivier, Le
Diable et les 10 Commandements s’inscrit dans la tradition des films à
sketches, une forme cinématographique que le réalisateur affectionne
particulièrement. Ce film, audacieux et facétieux, propose une série de
tableaux burlesques et satiriques où chaque segment illustre un commandement,
non pas toujours pour le respecter, mais souvent pour en montrer la subversion
ou le détournement dans un univers profondément humain, pétri de contradictions
et de faiblesses.
Le premier attrait du film est
évidemment son casting d’exception. Quel autre réalisateur aurait pu réunir une
telle brochette de talents ? Alain Delon, dans un rôle à contre-emploi, séduit
par sa fraîcheur juvénile ; Louis de Funès, encore au début de sa gloire, fait
preuve d’un humour retenu, plus subtil que dans ses futurs rôles comiques ;
Fernandel, fidèle à lui-même, incarne un personnage à l’esprit vif et moqueur.
Quant à Michel Simon et Lino Ventura, ils apportent une gravité et une force à
des segments qui en avaient bien besoin, tandis que Danielle Darrieux et
Micheline Presle ajoutent leur élégance et leur aura.
Cependant, comme c’est souvent le cas
avec les films à sketches, l’ensemble souffre d’une inévitable inégalité.
Certains épisodes sont remarquablement réussis et marquants, notamment celui où
Michel Simon se moque de l’institution religieuse avec une audace jubilatoire,
ou encore celui avec Ventura, qui aborde les thèmes de la convoitise et de la
trahison avec une noirceur froide et implacable. D’autres segments, en
revanche, paraissent plus faibles, presque anecdotiques, malgré la présence de
grandes vedettes. Cette disparité donne parfois au film un rythme un peu
heurté, alternant le très bon et le plus convenu.
L’originalité du film tient aussi à son
ton. Duvivier ne cherche pas à livrer une leçon de morale rigide ; au
contraire, il s’amuse à démontrer que les 10 commandements, censés dicter une
conduite irréprochable, sont constamment contournés par les humains, souvent
avec malice, parfois avec désespoir. La voix off diabolique, fil rouge des
sketches, apporte une note ironique et légère qui désamorce toute tentation de
sérieux pesant.
En conclusion, Le Diable et les 10
Commandements est une œuvre inégale mais délicieuse, où le plaisir de voir
de grands acteurs, souvent dans des rôles inattendus, compense largement les
faiblesses de certains segments. On ressort de ce film avec le sentiment
d’avoir assisté à un spectacle intelligent, moqueur et élégant, où la légèreté
du ton n’empêche pas une réflexion sur la condition humaine et ses
contradictions. Un divertissement rare, porté par l’audace de Duvivier et le
charisme de ses interprètes.
NOTE : 12.00
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Julien Duvivier
- Assistants à la réalisation : Tony Aboyantz, Pierre Desfons
- Scénario, adaptation, dialogues :
- 1er épisode : Tu ne jureras point
– Scénario : Julien Duvivier
– Dialogues : Henri Jeanson - 2e épisode : Luxurieux point ne seras et L'œuvre de chair ne désireras qu'en mariage seulement
– Scénario : Julien Duvivier
– Dialogues : Pascal Jardin - 3e épisode : Tu ne tueras point
– D'après la nouvelle de David Alexander, Tu ne tueras point
– Dialogues : René Barjavel - 4e épisode : Tu ne convoiteras point
– Scénario : Julien Duvivier et Maurice Bessy
– Dialogues : René Barjavel - 5e épisode : Un seul Dieu tu adoreras
– Scénario : Julien Duvivier
– Dialogues : René Barjavel - 6e épisode : Tes père et mère honoreras et Tu ne mentiras point
– D'après une idée de Maurice Bessy
– Dialogues : Henri Jeanson - 7e épisode : Tu ne déroberas point
– D'après la nouvelle de Richard Levinson et William Link
– Dialogues : Michel Audiard - 8e épisode : Les dimanches tu garderas
– Scénario : Julien Duvivier
– Dialogues : Henri Jeanson
- 1er épisode : Tu ne jureras point
- Décors : François de Lamothe, assisté de René Calviera et Frédéric de Pasquale
- Ensemblier : Robert Christidès
- Costumes : Tanine Autré
- Maquillages : Georges Bouban, assisté de Jacques Bouban
- Photographie : Roger Fellous, assisté de René Schneider et Agathe Beaumont
- Cadrage : Robert Schneider
- Son : Fernand Janisse
- Mixage-son : Guy Chichignoud
- Générique et effets spéciaux : Jean Fouchet
- Montage : Paul Cayatte, assisté de Nicole Colombier
- Musique : Georges Garvarentz, Guy Magenta, Michel Magne
- Direction musicale : Michel Magne (éditions musicales Eddie Barclay)
- Scripte : Annie Maurel
- Photographe de plateau : Walter Limot
- Régie générale : Paul Dufour
- Chefs de production : Álmos Mező, Ralph Baum
- Producteurs : Robert Amon, Claude Jaeger
- Sociétés de production : Filmsonor (France), Mondex Films (France), Procinex (France), Incei Films (Italie), Álmos Mező (Franco-Italienne), Intercontinental Productions (Italie)
- Sociétés de distribution : Cinédis (distributeur d'origine, France), Les Acacias (France), Tamasa Distribution (vente à l'étranger)
Claude Rich (voix off, non crédité) est le Serpent/le Diable qui commente les sketches.
1er épisode : Tu ne jureras point
[modifier | modifier le code]- Michel Simon : Jérôme Chambard
- Lucien Baroux : monseigneur Hector Trousselier
- Claude Nollier : la mère supérieure
- Albert Michel : le marchand de primeurs
- Dany Jacquet : une jeune paroissienne
- Nina Myral (non créditée) : sœur Marie
2e épisode : Luxurieux point ne seras et L'œuvre de chair ne désireras qu'en mariage seulement
- Henri Tisot : Philippe Dancourt, l'admirateur de Tania
- Dany Saval : Tania/Mauricette
- Roger Nicolas : Paulo, concierge et mari de Mauricette
- Mireille Darc : la stripteaseuse costumée en veuve, collègue de Tania
- Betty Beckers : une stripteaseuse, collègue de Tania
- Sherry Young : une stripteaseuse, collègue de Tania
- Pierre Sergeol (non crédité) : le patron du Grisbi
- Paul Demange (non crédité) : Monsieur Arthur, un domestique de l'immeuble de Mauricette
3e épisode : Tu ne tueras point
- Charles Aznavour : Denis Mayeux, le frère de Catherine (la suicidée)
- Lino Ventura : Garigny, le proxénète
- Maurice Biraud : Louis, l’inspecteur de police
- Henri Vilbert : Alexandre, le restaurateur
- Maurice Teynac : le père supérieur
- Clément Harari : un homme de main de Garigny
- Pierre Fromont (non crédité) : un homme de main de Garigny
- Yana Chouri (non créditée) : une femme au restaurant
- Hénia Suchar (non créditée) : Catherine Mayeux
4e épisode : Tu ne convoiteras point
- Micheline Presle : Micheline Allan
- Françoise Arnoul : Françoise Beaufort
- Mel Ferrer : Philip Allan
- Claude Dauphin : Georges Beaufort
- Non crédités :
- Marcel Dalio : un joaillier de Van Cleef & Arpels
- Claude Piéplu : un vigile au « bal des bijoux » de Philip
- Philippe March : un vigile au « bal des bijoux » de Philip
- René Lefèvre-Bel : le majordome de Philip
- Marie-France Pisier : une invitée au « bal des bijoux » de Philip
5e épisode : Un seul Dieu tu adoreras
- Fernandel : le fou qui se prend pour Dieu alias « le père Gilbert »
- Germaine Kerjean : la grand-mère
- Gaston Modot : Auguste, le grand-père
- Claudine Maugey : Marie, la fillette
- René Clermont : le père
- Josette Vardier : la mère
6e épisode : Tes père et mère honoreras et Tu ne mentiras point
[modifier | modifier le code]- Alain Delon : Pierre Messager
- Danielle Darrieux : Solange Beauchon alias Clarisse Ardant
- Madeleine Robinson : Germaine Messager
- Georges Wilson : Marcel Messager
- Roland Armontel : Monsieur Mercier
- Hubert Noël : l'amant de Clarisse
- Gaby Basset : l'habilleuse
- Dominique Paturel : le comédien qui joue le rôle de Petruchio dans La Mégère apprivoisée
- Raoul Marco : le comédien qui joue le rôle de Baptista dans La Mégère apprivoisée
- Robert Le Béal : le metteur en scène
7e épisode : Tu ne déroberas point
- Jean-Claude Brialy : Didier Marin, l'employé de banque
- Louis de Funès : Antoine Vaillant, le braqueur
- Armande Navarre : Janine Millaud, fiancée de Didier Marin
- Noël Roquevert : l'inspecteur de police
- Denise Gence : la chaisière qui donne l'adresse de Vaillant à Didier
- Jean-Paul Moulinot : le directeur de la banque
- Jean Carmet : le clochard
- André Gabriello : le brigadier
- Yves Barsacq : un agent sur le quai de la Seine
- Edmond Ardisson : un agent
- Jean Luisi : l'adjoint corse de l'inspecteur
- Jimmy Perrys (non crédité) : le bistrotier du Mistigri
- Henri Guégan (non crédité) : un homme à la confrontation
- Marc Arian (non crédité) : un homme à la confrontation
8e épisode : Les dimanches tu garderas
- Michel Simon : Jérôme Chambard
- Lucien Baroux : Monseigneur Trousselier
- Madeleine Clervanne : Delphine
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