Pages

mardi 28 janvier 2025

9.50 - MON AVIS SUR LE FILM ATTENTION BANDITS DE CLAUDE LELOUCH (1987)


 Vu  le film Attention Bandits de Claude Lelouch (1987) avec Jean Yanne Marie Sophie L. Patrick Bruel Charles Gérard Corinne Marchand Hélène Surgère Jean Michel Dupuis Jean Claude Bourbault

Mozart et trois autres jeunes bandits ont réussi un casse chez Cartier à Paris. Il contacte Verini, afin qu'il écoule les bijoux. Ce dernier accepte, mais, alors qu'il allait partir pour Amsterdam, il reçoit un coup de fil d'un mystérieux personnage qui lui dit détenir sa femme en otage et lui propose de la libérer en échange de la valise des bijoux. Le gangster tue la femme de Verini pendant l'échange.

Claude Lelouch est un cinéaste singulier, reconnaissable entre mille grâce à ses obsessions esthétiques et narratives : l’usage immodéré des ellipses, ses dialogues en apparence improvisés, son amour des hasards de la vie et des croisements improbables entre les destins. Mais ces traits, qui font son charme dans ses œuvres les plus réussies, deviennent ici des limites dans Attention bandits, une comédie policière qui manque cruellement de souffle.

Le film s’ouvre pourtant sur une promesse intrigante : un vol de bijoux, une affaire de famille qui tourne mal, et des personnages plongés dans des situations rocambolesques. Mais très vite, le scénario s’effiloche. Chez Lelouch, le mot « scénario » est souvent un prétexte, une trame minimaliste permettant de broder autour des sentiments et des interactions humaines. Malheureusement, dans ce film, l’intrigue est si ténue qu’elle peine à maintenir l’attention du spectateur. Le mélange des genres – entre comédie, drame et polar – reste déséquilibré, donnant l’impression d’une œuvre hésitante, qui ne sait pas toujours où elle veut aller.

Les ellipses, marque de fabrique du cinéaste, sont ici omniprésentes, au point de fragmenter le récit de manière excessive. Si elles peuvent créer une poésie dans ses meilleurs films (Un homme et une femme, Les Uns et les Autres), elles sabotent ici la fluidité de l’histoire. On saute d’une scène à l’autre sans toujours comprendre les motivations des personnages ni l’enchaînement des événements. Cette approche, qui fonctionne avec des acteurs familiers du style Lelouch, déstabilise ceux qui n’y sont pas habitués.

Jean Yanne, pourtant excellent dans de nombreux films, semble ici mal à l’aise. Son jeu, plus sobre et ironique, ne colle pas toujours à l’énergie erratique et aux dialogues parfois flottants de Lelouch. Patrick Bruel, encore en début de carrière, offre une prestation inégale : il tente de s’approprier l’univers du cinéaste, mais son manque d’expérience se fait sentir, notamment dans des scènes qui demandent une spontanéité et une intensité qu’il ne parvient pas toujours à atteindre. Quant à Marie-Sophie L., elle apporte une certaine légèreté à l’ensemble, mais son rôle reste trop limité pour véritablement marquer.

Lelouch fait appel à ses habitués derrière la caméra, avec son complice Francis Lai à la musique. Si la bande-son est agréable, elle ne parvient pas à insuffler l’émotion que l’on attend. La mise en scène, quant à elle, oscille entre quelques trouvailles visuelles intéressantes et des séquences qui semblent bâclées. On retrouve les plans en caméra portée chers au réalisateur, mais sans la fluidité ou la grâce habituelles.

Attention bandits n’est pas le meilleur cru de Claude Lelouch. Malgré quelques moments de légèreté et d’humour, le film souffre d’un scénario faiblard, d’un déséquilibre dans le jeu des acteurs et d’une narration trop chaotique. Si les fans inconditionnels du cinéaste pourront y trouver quelques plaisirs, notamment grâce à son style reconnaissable, le spectateur plus exigeant ou non initié risque de rester sur sa faim. Ce polar-comédie, qui manque de tension autant que de cohérence, se perd dans les travers d’un réalisateur trop sûr de ses codes, sans en exploiter pleinement la magie. Un Lelouch mineur, loin de ses grands moments de cinéma.

NOTE : 9.50

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Jean Yanne : L'expert (Simon Verini)
Marie-Sophie L. : La princesse (Marie-Sophie)
Patrick Bruel : Mozart
Charles Gérard : Tonton
Corinne Marchand : La sainte femme (Nanouchka)
Hélène Surgère : la directrice de l’institution
Edwige Navarro : Marie-Sophie, adolescente
Françoise Bette
Jean-Claude Bourbault
Christine Barbelivien : Françoise Verini
Jean-Michel Dupuis
Olivier Cruveiller
Xavier Maly
Anouchka
Gunilla Karlzen
Eugène Berthier
Raoul Billerey
Michel Amphoux
Mireille Audibert
Hervé Briaux
Eric Denize
Bernard Freyd
Jean-Claude Frissung
Jean-Jacques Lagarde
Jean-Claude Leguay
Martine Lelouch
Alain Ollivier
Dimitri Radochevitch
Bernard Spiegel
Catherine Wilkening
Florence Moncorgé-Gabin


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire