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samedi 4 janvier 2025

13.10 - MON AVIS SUR LE FILM 93 RUE LAURISON DE PIERRE GRANIER DEFERRE (2004)

 


Vu le film 93, rue Lauriston de Pierre Granier Deferre (2004) avec Michel Blanc Daniel Russo Christian Charmentant Samuel Le Bihan Manuel Le Lièvre Gérard Laroche Eric Prat Olga Grumberg Hervé Briaux Julien Cafaro

Sous l'Occupation, les autorités allemandes se sont appuyées sur des truands français pour les assister. Munis d'une carte allemande, ces voyous étaient intouchables. Racket, marché noir, prostitution, la bande de Bony et Lafont rendait des services au Tout-Paris, traquait les juifs et les résistants. Le QG de ce qu'on a appelé la Gestapo française se trouvait au 93 de la rue Lauriston.

Denys Granier-Deferre plonge dans l'une des périodes les plus sombres de l'Histoire française avec 93, rue Lauriston, un film glaçant qui explore les horreurs perpétrées par la Gestapo française sous la direction des sinistres Bonny et Lafont. L'adresse elle-même, aujourd'hui anodine pour certains, conserve un poids historique qui, pour d'autres, résonne comme une cicatrice collective.

Daniel Russo livre une performance troublante et marquante en Lafont, incarnant l'opportunisme sordide et la cruauté froide d'un homme prêt à tout pour satisfaire ses intérêts. Sa capacité à glacer le sang rend son personnage aussi terrifiant que mémorable. On comprend vite pourquoi ce rôle nous donnerait envie de changer de trottoir si un tel individu venait à croiser notre chemin. À ses côtés, Michel Blanc, tout en sobriété, joue un personnage plus en retrait, presque effacé dans cette tragédie humaine, mais dont l'absence d'engagement fort reflète aussi une réalité : celle de ceux qui ferment les yeux ou se contentent de suivre.

Cependant, la mise en scène pèche par son manque de tension dramatique. Les enjeux, bien que graves, auraient mérité un rythme plus soutenu pour maintenir un état de malaise constant, à l’image de ce qu'évoque l’adresse même du titre. La scène au ralenti avec Samuel Le Bihan, bien qu'intense, frôle le pastiche et casse l'immersion dans ce drame historique. On regrette que cette séquence, qui cherche sans doute à intensifier l'émotion, dérive vers une représentation plus cinématographique qu'authentique.

En dépit de ses failles, le film reste un témoignage nécessaire et un rappel brutal de ce dont l'être humain est capable dans sa compromission avec le mal. 93, rue Lauriston n’est peut-être pas un chef-d’œuvre, mais il provoque une réflexion amère et, à juste titre, une nausée devant les actes de ces Français vendus à l’ennemi. Une œuvre à voir, ne serait-ce que pour se souvenir et ne jamais oublier.

 NOTE : 13.10

FICHE TECHNIQUE


FILMOGRAPHIE

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