Vu le film 93, rue Lauriston de Pierre Granier Deferre (2004) avec Michel Blanc Daniel Russo Christian Charmentant Samuel Le Bihan Manuel Le Lièvre Gérard Laroche Eric Prat Olga Grumberg Hervé Briaux Julien Cafaro
Sous l'Occupation, les autorités
allemandes se sont appuyées sur des truands français pour les assister. Munis
d'une carte allemande, ces voyous étaient intouchables. Racket, marché noir,
prostitution, la bande de Bony et Lafont rendait des services au Tout-Paris,
traquait les juifs et les résistants. Le QG de ce qu'on a appelé la Gestapo
française se trouvait au 93 de la rue Lauriston.
Denys Granier-Deferre plonge dans
l'une des périodes les plus sombres de l'Histoire française avec 93, rue
Lauriston, un film glaçant qui explore les horreurs perpétrées par la
Gestapo française sous la direction des sinistres Bonny et Lafont. L'adresse
elle-même, aujourd'hui anodine pour certains, conserve un poids historique qui,
pour d'autres, résonne comme une cicatrice collective.
Daniel Russo livre une performance
troublante et marquante en Lafont, incarnant l'opportunisme sordide et la
cruauté froide d'un homme prêt à tout pour satisfaire ses intérêts. Sa capacité
à glacer le sang rend son personnage aussi terrifiant que mémorable. On
comprend vite pourquoi ce rôle nous donnerait envie de changer de trottoir si
un tel individu venait à croiser notre chemin. À ses côtés, Michel Blanc, tout
en sobriété, joue un personnage plus en retrait, presque effacé dans cette
tragédie humaine, mais dont l'absence d'engagement fort reflète aussi une
réalité : celle de ceux qui ferment les yeux ou se contentent de suivre.
Cependant, la mise en scène pèche
par son manque de tension dramatique. Les enjeux, bien que graves, auraient
mérité un rythme plus soutenu pour maintenir un état de malaise constant, à
l’image de ce qu'évoque l’adresse même du titre. La scène au ralenti avec
Samuel Le Bihan, bien qu'intense, frôle le pastiche et casse l'immersion dans
ce drame historique. On regrette que cette séquence, qui cherche sans doute à
intensifier l'émotion, dérive vers une représentation plus cinématographique
qu'authentique.
En dépit de ses failles, le film
reste un témoignage nécessaire et un rappel brutal de ce dont l'être humain est
capable dans sa compromission avec le mal. 93, rue Lauriston n’est
peut-être pas un chef-d’œuvre, mais il provoque une réflexion amère et, à juste
titre, une nausée devant les actes de ces Français vendus à l’ennemi. Une œuvre
à voir, ne serait-ce que pour se souvenir et ne jamais oublier.
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Denys Granier-Deferre
- Scénario : Jean-Claude Grumberg
- Producteur : Jean-Pierre Guérin
- Directeur de production : Michal Priky
- Coordinatrice de production : Mirka Valova
- Directeur de la photographie : Guillaume Schiffman
- Électricien : Petr Svoboda
- Son: Dominique Levert
- Perchman : Martin Lonek
- Musique : Bernard Grimaldi
- Décors: Frédéric Astich-Barre
- Ensemblier : Aloiz Vyslan
- Chef-coiffeuse : Barbara Kichi
- Michel Blanc : l’inspecteur Blot
- Samuel Le Bihan : Léon Jabinet
- Gérald Laroche : Norbert Boileau dit « Nestor »
- Daniel Russo : Henri Lafont
- Christian Charmetant : Pierre Bonny
- Manuel Le Lièvre : Le Furet
- Éric Prat : Pelleux
- Hervé Briaux : Joseph Joanovici
- Olga Grumberg : Odile Panzer
- Jean Nehr : le paysan
- Jean-Claude Durand : le patron du restaurant
- Julien Cafaro : le journaliste
- Christian Bouillette : l’inspecteur divisionnaire
- Philippe Vieux : Paul Hervieu
- Pierre Aussedat : l’homme aux tableaux
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