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jeudi 9 janvier 2025

13.20 - MON AVIS SUR LE FILM JUGE ET HORS LA LOI DE JOHN HUSTON (1972)

 


Vu le film Juge et Hors la loi de John Huston (1972) avec Paul Newman John Huston Ava Gardner Anthony Perkins Victoria Principal Jacqueline Bisset Ned Beatty Stacy Keach Tab Hunter Roddy McDowall

Recherche pour vol, Roy Bean se réfugie dans la petite ville de Vinegaroon ou il est battu et laisse pour mort. Secouru par une jeune Mexicaine, Maria Elena, il revient en ville, élimine ses agresseurs et se proclame juge, décide à faire régner la loi et l'ordre.

Dans Juge et Hors la Loi (The Life and Times of Judge Roy Bean, 1972), John Huston s’empare d’une figure légendaire de l’Ouest américain et s’applique à brouiller les frontières entre mythe et réalité. Avec la phrase clé « Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende », le film annonce son intention : ne pas chercher la vérité historique, mais plutôt construire une fresque romancée où l’imaginaire l’emporte sur les faits.

Roy Bean, interprété par un Paul Newman au sommet de son charisme, est ici une figure ambivalente, oscillant entre le grotesque et le tragique. À la fois hors-la-loi et gardien autoproclamé de la justice, il impose sa loi dans un territoire désertique et brutal, à l'image d’un Far West anarchique et fantasmatique. Huston joue habilement sur cette ambiguïté : son héros est autant un bandit opportuniste qu’un homme déterminé à instaurer l’ordre, mais selon ses propres règles.

Le ton du film est d’abord léger, presque burlesque, avec des scènes où Roy Bean, davantage intéressé par l’argent et les femmes que par la morale, nous apparaît comme une figure quasi-donquichottesque. Newman, tout en regard bleu acier et sourire en coin, incarne cette dualité avec brio : il est à la fois séducteur irrésistible et homme dangereux, capable de basculer dans la violence à tout moment. Jacqueline Bisset et Ava Gardner apportent leur éclat à cet univers masculin et rude : l’une incarne la beauté idéalisée, l’autre, la star vieillissante et légendaire, reflète le passage du temps et l’usure des mythes.

Le film bascule progressivement vers une tonalité plus sombre. La légèreté des premières scènes cède la place à une violence sourde et brutale, culminant dans un final tragique et apocalyptique. Huston, fidèle à son goût pour les récits d’hommes solitaires en lutte contre un monde qui les dépasse, livre une conclusion où la frontière entre héros et anti-héros se brouille définitivement.

En jouant sur la désacralisation du mythe tout en lui rendant hommage, Juge et Hors la Loi devient une réflexion sur la manière dont les légendes se construisent et perdurent. La mise en scène de Huston, aussi élégante que rugueuse, accentue cette dichotomie entre la grandeur épique et la trivialité des faits. On y retrouve son goût pour les personnages marginaux, à la fois cruels et attachants, dans un univers où la justice n’est qu’une façade fragile.

Ce western atypique, presque crépusculaire, est aussi une célébration de la figure de l’outsider, thème cher à Huston. Si certains pourront reprocher un manque de cohérence dans le ton — oscillant entre comédie, drame et western pur —, c’est justement cette hétérogénéité qui fait sa force et son originalité. Le charme de Paul Newman, la présence magnétique de ses partenaires féminines, et la mise en scène inspirée de Huston font de ce film un western romancé qui, derrière son apparente légèreté, pose un regard désenchanté sur les mythes de l’Ouest américain.

NOTE ; 13.20

FICHE TECHNIQUE


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