Vu le film Mélodie en Sous-Sol de Henri Verneuil (1963) avec Jean Gabin Alain Delon Maurice Biraud Viviane Romance Carla Marlier Dora Doll Henri Virlojeux José Luis de Villalonga Rita Cadillac Jean Carmet Henri Attal
Un vieux malfrat, Charles, tout juste sorti de prison où
il a tiré cinq ans, décide d'un dernier coup magistral sur la côte
d'Azur : braquer le Palm Beach, casino de Cannes.
Un jeune voyou, Francis, qui fut son compagnon de cellule, et Louis, le
beau-frère de ce dernier, honnête garagiste, vont être ses partenaires. La
préparation du casse est minutieuse et l'opération se déroule on ne peut mieux.
Mais une photo malvenue de Francis à la une d'un journal, vient enrayer cette
belle organisation.
"Mélodie en sous-sol" est sans conteste l’un
des grands classiques du polar français, un chef-d’œuvre qui a marqué son
époque et continue d’éblouir les cinéphiles par sa maîtrise narrative et sa
mise en scène stylée. Réalisé par Henri Verneuil en 1963, ce film repose sur
une intrigue de cambriolage d’une précision redoutable et offre une rencontre
au sommet entre deux légendes du cinéma français : Jean Gabin et Alain Delon.
Jean Gabin, dans le rôle de Charles, incarne un vieux
truand récidiviste tout juste sorti de prison. Fidèle à son image de patriarche
du crime, il impose sa présence par un charisme et une autorité naturelle qui
captivent dès les premières minutes. Gabin, à la fois fatigué par les années
mais toujours impérial, joue un personnage mû par un dernier grand coup avant
de se retirer. Face à lui, Alain Delon est Francis, un jeune loup audacieux et
fougueux, presque insolent de beauté et de confiance. Leur duo repose sur une
opposition subtile entre expérience et jeunesse, sagesse et impétueux désir de
grandeur.
Le scénario, coécrit avec Albert Simonin et Michel
Audiard, est un modèle du genre. Audiard, fidèle à sa réputation, délivre des
dialogues percutants et inoubliables. Chaque réplique fait mouche, qu’elle soit
ironique, cinglante ou empreinte d’une sagesse amère sur la vie et le crime.
Les joutes verbales entre Gabin et Delon deviennent des moments de pur plaisir,
où l’on savoure la beauté de la langue française, sublimée par la plume acérée
d’Audiard.
Henri Verneuil fait preuve d’une grande maîtrise dans la
réalisation. La scène du cambriolage, au cœur de l’hôtel luxueux de Palm Beach
à Cannes, est un modèle d’intensité et de tension dramatique. L’absence presque
totale de dialogues pendant cette longue séquence renforce le suspense, chaque
geste devenant essentiel et chaque seconde comptant double. Cette mise en scène
minimaliste mais redoutablement efficace souligne l’art de Verneuil, capable de
captiver le spectateur avec une économie de moyens et une rigueur exemplaire.
La scène finale, quant à elle, est un véritable coup de
théâtre. Sans dévoiler le dénouement, on peut affirmer qu’elle reste gravée
dans la mémoire comme l’une des conclusions les plus marquantes du cinéma
français. Ce final abrupt et ironique, teinté d’une forme de fatalité, illustre
parfaitement le ton cynique et réaliste du film.
Il serait injuste de ne pas mentionner le remarquable
second rôle joué par Maurice Biraud. Dans le rôle de Louis, complice soumis et
nerveux, il apporte une touche de vulnérabilité qui contraste avec la stature
imposante de "Monsieur Charles" (Jean Gabin). Biraud, par sa présence
discrète mais efficace, renforce l’authenticité de cette bande de truands et
contribue à l’équilibre du casting.
Enfin, la bande originale signée Michel Magne est une
véritable perle. Alliant des thèmes jazzy à des orchestrations plus classiques,
elle accompagne parfaitement l’action et confère au film une atmosphère unique.
La musique, tour à tour enjouée et angoissante, participe pleinement à la
création du suspense et de l’émotion.
"Mélodie en sous-sol" est un joyau
du cinéma français, une véritable leçon de mise en scène et de direction
d’acteurs. Porté par un duo inoubliable Gabin-Delon, enrichi par les dialogues
ciselés d’Audiard et sublimé par la musique de Michel Magne, le film de
Verneuil est une œuvre intemporelle qui mérite amplement son statut de polar de
référence. Un monument du septième art, à voir et à revoir sans modération.
NOTE : 16.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Henri Verneuil assisté de Claude Pinoteau et Costa-Gavras
- Scénario : Albert Simonin, d'après le roman The Big Grab publié en 1959 par John Trinian
- Dialogues : Michel Audiard
- Décors : Robert Clavel assisté de Pierre Charron et d'Olivier Girard pour les décors plateau
- Photographie : Louis Page
- Cadreur : André Dumaître
- Son : Jean Rieul
- Scripte : Lucie Costa
- Montage : Françoise Bonnot assistée de Michèle Boëhm
- Musique : Michel Magne orchestré par Jean Gitton
- Chorégraphie : Ben Tyber
- Générique : Jean Fouchet
- Production : Jacques Bar
- Directeur de production : Jacques Juranville
- Régisseur général : René Fargéas
- Tournage dans les studios Franstudio de Saint-Maurice - Séquences dans les salons et en extérieur du Palm Beach de Cannes
- Enregistrement Poste Parisien - Studios Franstudio de Saint-Maurice
- Sociétés de production : CIPRA Films (Paris), Cité Films (Paris) et C.C.M Films (Rome)
- Société de distribution : Metro-Goldwyn-Mayer (France et États-Unis)
- Jean Gabin : M. Charles
- Alain Delon : Francis Verlot
- Maurice Biraud : Louis Naudin
- Viviane Romance : Ginette, la femme de Charles
- Carla Marlier : Brigitte, jeune danseuse de la troupe des Blue Girls
- Dora Doll : la comtesse Doublianoff
- Henri Virlogeux : Mario, l'ex-truand malade
- José Luis de Vilallonga : M. Grimp, le patron
- Rita Cadillac : Liliane
- Anne-Marie Coffinet : Marcelle
- Jean Carmet : le barman
- Henri Attal : un copain de Francis
- Michel Magne : le chef d'orchestre du Palm-Beach
- Germaine Montero : Mme Verlot, la mère de Francis
- Dominique Davray : Léone, la femme de Mario
- Laure Paillette : l'habilleuse
- Claude Cerval : le commissaire
- Georges Wilson : Walter, le riche soupirant (rôle coupé au montage4)
- Paul Mercey : le cafetier
- Jean-Jacques Delbo : le chorégraphe
- Robert Rollis : le représentant dans le train
- Charles Bouillaud : un voyageur du train
- Bernard Musson : un voyageur du train
- Louis Viret : un voyageur du train
- Antoine Marin : un voyageur du train
- Sylvain Lévignac : un voyageur du train
- Georges Billy : un voyageur du train
- Henri Poirier : un voyageur du train
- Jean Gold : le maître d'hôtel
- Robert Secq : l'employé des bains-douches
- Jean Minisini : l'employé de surveillance aux bains-douches
- Olivier Mathot : le réceptionniste de la résidence
- Jacques Bertrand : un comptable de M. Grimp
- Marc Arian : un autre comptable
- Alain Janey : le barman de la résidence
- Pierre Collet : Camille
- Adrien Cayla-Legrand : l'employé du casino
- Jimmy Davis : Sam
- Rudy Lenoir : le caissier de M. Grimp
- Édouard Francomme : Marcel
- Jean-Pierre Zola : le client des bains-douches
- Christian Brocard : le livreur de bouteilles
- Gabriel Gobin : un voyageur du train (à confirmer)
- Pierre Duncan : un voyageur du train (à confirmer)
- Claudine Berg
- Pierre Vernet
- Les ballets de Ben Tyber
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