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dimanche 5 janvier 2025

16.80 - MON AVIS SUR LE FILM MELODIE EN SOUS-SOL DE HENRI VERNEUIL (1963)


Vu le film Mélodie en Sous-Sol de Henri Verneuil (1963) avec Jean Gabin Alain Delon Maurice Biraud Viviane Romance Carla Marlier Dora Doll Henri Virlojeux José Luis de Villalonga Rita Cadillac Jean Carmet Henri Attal

Un vieux malfrat, Charles, tout juste sorti de prison où il a tiré cinq ans, décide d'un dernier coup magistral sur la côte d'Azur : braquer le Palm Beach, casino de Cannes. Un jeune voyou, Francis, qui fut son compagnon de cellule, et Louis, le beau-frère de ce dernier, honnête garagiste, vont être ses partenaires. La préparation du casse est minutieuse et l'opération se déroule on ne peut mieux. Mais une photo malvenue de Francis à la une d'un journal, vient enrayer cette belle organisation.

"Mélodie en sous-sol" est sans conteste l’un des grands classiques du polar français, un chef-d’œuvre qui a marqué son époque et continue d’éblouir les cinéphiles par sa maîtrise narrative et sa mise en scène stylée. Réalisé par Henri Verneuil en 1963, ce film repose sur une intrigue de cambriolage d’une précision redoutable et offre une rencontre au sommet entre deux légendes du cinéma français : Jean Gabin et Alain Delon.

Jean Gabin, dans le rôle de Charles, incarne un vieux truand récidiviste tout juste sorti de prison. Fidèle à son image de patriarche du crime, il impose sa présence par un charisme et une autorité naturelle qui captivent dès les premières minutes. Gabin, à la fois fatigué par les années mais toujours impérial, joue un personnage mû par un dernier grand coup avant de se retirer. Face à lui, Alain Delon est Francis, un jeune loup audacieux et fougueux, presque insolent de beauté et de confiance. Leur duo repose sur une opposition subtile entre expérience et jeunesse, sagesse et impétueux désir de grandeur.

Le scénario, coécrit avec Albert Simonin et Michel Audiard, est un modèle du genre. Audiard, fidèle à sa réputation, délivre des dialogues percutants et inoubliables. Chaque réplique fait mouche, qu’elle soit ironique, cinglante ou empreinte d’une sagesse amère sur la vie et le crime. Les joutes verbales entre Gabin et Delon deviennent des moments de pur plaisir, où l’on savoure la beauté de la langue française, sublimée par la plume acérée d’Audiard.

Henri Verneuil fait preuve d’une grande maîtrise dans la réalisation. La scène du cambriolage, au cœur de l’hôtel luxueux de Palm Beach à Cannes, est un modèle d’intensité et de tension dramatique. L’absence presque totale de dialogues pendant cette longue séquence renforce le suspense, chaque geste devenant essentiel et chaque seconde comptant double. Cette mise en scène minimaliste mais redoutablement efficace souligne l’art de Verneuil, capable de captiver le spectateur avec une économie de moyens et une rigueur exemplaire.

La scène finale, quant à elle, est un véritable coup de théâtre. Sans dévoiler le dénouement, on peut affirmer qu’elle reste gravée dans la mémoire comme l’une des conclusions les plus marquantes du cinéma français. Ce final abrupt et ironique, teinté d’une forme de fatalité, illustre parfaitement le ton cynique et réaliste du film.

Il serait injuste de ne pas mentionner le remarquable second rôle joué par Maurice Biraud. Dans le rôle de Louis, complice soumis et nerveux, il apporte une touche de vulnérabilité qui contraste avec la stature imposante de "Monsieur Charles" (Jean Gabin). Biraud, par sa présence discrète mais efficace, renforce l’authenticité de cette bande de truands et contribue à l’équilibre du casting.

Enfin, la bande originale signée Michel Magne est une véritable perle. Alliant des thèmes jazzy à des orchestrations plus classiques, elle accompagne parfaitement l’action et confère au film une atmosphère unique. La musique, tour à tour enjouée et angoissante, participe pleinement à la création du suspense et de l’émotion.

  "Mélodie en sous-sol" est un joyau du cinéma français, une véritable leçon de mise en scène et de direction d’acteurs. Porté par un duo inoubliable Gabin-Delon, enrichi par les dialogues ciselés d’Audiard et sublimé par la musique de Michel Magne, le film de Verneuil est une œuvre intemporelle qui mérite amplement son statut de polar de référence. Un monument du septième art, à voir et à revoir sans modération.

NOTE : 16.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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