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dimanche 19 janvier 2025

15.40 - MON AVIS SUR LE FILM L'ARNAQUEUR DE ROBERT ROSSEN (1961)

 


Vu  le Film L’Arnaqueur de Robert Rossen (1961) avec Paul Newman Jackie Gleason Piper Laurie George C Scott Murray Hamilton Myron McCormick Michael Constantine Jake la Motta Vincent Gardenia

Eddie « le Rapide » (Fast Eddie en version originale) est un arnaqueur au billard. Il fait croire qu'il est mauvais pour faire monter les mises, puis il plume ses adversaires. Il tente sa chance contre Minnesota Fats, un joueur invaincu depuis quinze ans.

Ils enchaînent les parties durant plus de vingt-cinq heures, et bien qu'Eddie ait atteint un gain de dix-huit mille dollars, l'alcool et la fatigue lui font perdre ses gains et dépenser tout son argent.

L'Arnaqueur (The Hustler, 1961) de Robert Rossen est un chef-d'œuvre où le billard, art de précision et d’illusion, devient un théâtre d’âmes en quête de rédemption. Inspiré du roman de Walter Tevis, le film transcende la froideur des tables vertes grâce à la mise en scène magistrale de Rossen, portée par une photographie sublime signée Eugen Schüfftan, qui capte les ombres et lumières d’un univers impitoyable. À travers des contrastes saisissants, les salles enfumées se muent en arènes où se jouent bien plus que des parties de billard : des luttes existentielles.

Paul Newman incarne "Fast" Eddie Felson avec une intensité magnétique. Son charisme naturel, accentué par ses postures élégantes à la table de billard, capte chaque mouvement de la caméra. Eddie est un prodige, mais son talent brut est érodé par son arrogance et son insécurité. Newman n’interprète pas seulement un joueur ; il sculpte un personnage complexe, partagé entre le désir de vaincre et la peur de se perdre. À ses côtés, Piper Laurie brille dans le rôle de Sarah, une femme à la fragilité apparente, mais dotée d’une profondeur émotionnelle bouleversante. Leur relation, marquée par des moments de passion et de désespoir, ancre le film dans une humanité poignante.

Jackie Gleason, en Pacha, impose une présence imposante et presque mythologique. Ses gestes mesurés et son regard pénétrant incarnent la maîtrise totale, à la fois terrifiante et fascinante. Mais c’est George C. Scott qui offre une performance inoubliable dans le rôle de Bert Gordon, mentor perfide et manipulateur. Gordon n’est pas seulement un antagoniste ; il est l’incarnation de la corruption morale, transformant les talents en instruments de profit.

La musique jazzy de Kenyon Hopkins ajoute une texture sonore envoûtante, accompagnant les glissements des boules et les tensions psychologiques. À travers cette symphonie visuelle et auditive, Rossen fait du billard un art cinématographique à part entière. Chaque partie devient un duel psychologique où l’enjeu dépasse le jeu : il s’agit de dignité, de survie et d’une quête insatiable de validation.

Malgré son talent, Eddie reste un "looser" dans un monde où la victoire exige des compromis insupportables. Mais l’écho de sa revanche possible plane, laissant le spectateur dans une attente fascinante, magnifiquement honorée vingt-cinq ans plus tard dans La Couleur de l'argent (1986) de Martin Scorsese.

L’Arnaqueur est bien plus qu’un film sur le billard ; c’est une exploration des zones d’ombre de l’ambition humaine. Un classique intemporel, essentiel à tout cinéphile.

NOTE : 15.40

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