Vu le film Luke la Main Froide de Stuart Rosenberg (1967) avec Paul Newman George Kennedy Jo Van Fleet Strother Martin Lou Antonio Dennis Hopper Joy Harmon Luke Askew Morgan Woodward Clifton James
Pour
avoir détruit des parcmètres, Luke (Paul
Newman) est condamné à
deux ans de travaux
forcés dans un
camp de prisonniers en Floride. Mais, rebelle à l'autorité des
gardiens, il est également réfractaire à la discipline d'un camp où
humiliations et mauvais traitements sont monnaie courante. Il tente plusieurs
fois de s'évader.
Luke
la Main Froide
(Cool Hand Luke, 1967) de Stuart Rosenberg est un film marquant qui
dépasse son cadre carcéral pour devenir une réflexion sur la rébellion, la
liberté et l’indomptable esprit humain. Porté par un Paul Newman incandescent,
le film s’inscrit comme un chef-d’œuvre du cinéma américain des années 60, un
moment où les héros hollywoodiens commençaient à s’effacer au profit
d’anti-héros ambivalents et profondément humains.
Luke
Jackson (Paul Newman) est un personnage inoubliable, à la fois insaisissable et
magnétique. Dès les premières minutes, où on le voit saboter des parcmètres
sans raison apparente, il incarne un homme défiant toute forme d’autorité.
Condamné à un camp de prisonniers, il ne se plie jamais aux règles oppressives
du système, même lorsque la vie en devient insupportable. Les scènes de chaleur
étouffante, où les prisonniers errent en slip ou torse nu, plongent le
spectateur dans une atmosphère poisseuse, renforçant le sentiment d’inhumanité.
Pourtant, Luke, avec son sourire désarmant et son obstination silencieuse,
transcende cet enfer par des actes de défi symboliques. L’épisode des 50 œufs
qu’il avale, devenu légendaire, illustre sa capacité à résister à l’absurde et
à imposer sa volonté dans un monde qui cherche à l’écraser.
Rosenberg,
dont ce film est sans doute le plus célèbre, offre une mise en scène rigoureuse
mais inspirée, marquée par un sens aigu du détail. La photographie, baignée
d’une lumière brutale, capture à la fois l’immensité des marécages et la
claustrophobie des cabanes sans âme où s’entassent les prisonniers. Les
chansons que Luke murmure entre deux tentatives d’évasion ne sont pas seulement
des bluettes distrayantes, elles deviennent des moments de grâce où l’espoir
éclaire brièvement les ténèbres. Ce sens de l’humanité au cœur du désespoir
sera d’ailleurs une constante chez Rosenberg, qu’il développera dans Brubaker
(1980), un autre récit carcéral porté cette fois par Robert Redford, compagnon
de route de Newman.
Le
casting est impeccable, avec George Kennedy qui brille en Dragline, le
"chef" des prisonniers, mélange d’autorité et de tendresse brute. Sa
performance, récompensée par un Oscar du meilleur second rôle, est le parfait
contrepoint au jeu de Newman. Ce dernier électrise l’écran avec une intensité
naturelle qui le caractérise, sa beauté désarmante et sa fragilité sous-jacente
rendant son personnage d’autant plus poignant. Luke est un homme d’apparente
légèreté mais d’une profondeur insondable, et Newman trouve en lui l’un de ses
rôles les plus mémorables.
Luke
la Main Froide
est un film puissant et intemporel, qui oppose l'esprit libre à la machine
institutionnelle avec une poésie brutale et une humanité rare. La rébellion de
Luke, qu’elle soit futile ou héroïque, résonne toujours, rappelant que même
dans les conditions les plus écrasantes, il reste une place pour l’humour, la
dignité et la résistance. Une œuvre essentielle du cinéma américain.
NOTE : 15.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Stuart Rosenberg
- Scénario : Donn Pearce
- Décors : Fred Price
- Costumes : Howard Shoup
- Photographie : Conrad L. Hall
- Son : Larry Jost
- Musique : Lalo Schifrin
- Montage : Sam O'Steen
- Production : Gordon Carroll (en)
- Société de production : Jalem Productions
- Société de distribution : Warner Brothers
- Pays d'origine : États-Unis
- Paul Newman (VF : Marcel Bozzuffi) : Lucas Luke Jackson
- George Kennedy (VF : Raoul Delfosse) : Casse-tête
- J. D. Cannon : Society Red
- Lou Antonio (VF : Serge Sauvion) : Koko
- Robert Drivas (en) (VF : Marc de Georgi) : Loudmouth Steve
- Strother Martin (VF : Henri Virlogeux) : Capitaine
- Jo Van Fleet (VF : Paula Dehelly) : Arletta
- Clifton James (VF : Yves Brainville) : Carr
- Morgan Woodward : Chef Godfrey
- Luke Askew (VF : Claude Dasset) : Chef Paul
- Marc Cavell : Rabbitt
- Richard Davalos : Blind Dick
- Robert Donner (VF : Claude Joseph) : Chef Shorty
- Warren Finnerty : Tattoo
- Dennis Hopper : Babalugats
- John McLiam : Chef Keen
- Wayne Rogers (VF : Albert Augier) : Flambeur
- Harry Dean Stanton : Tramp
- Charles Tyner : Chef Higgins
- Ralph Waite : Alibi
- Anthony Zerbe (VF : Serge Lhorca) : Dog Boy
- Buck Kartalian : Dynamite
- Joy Harmon (en) : la fille
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